Les murs semblèrent soudain se rapprocher de moi, rétrécissant la pièce. Il fallait que je sorte d'ici. J'avais l'impression d'étouffer, de manquer d'air tandis que de la sueur commençait à me couler dans le dos. Serait-il possible que notre petite expérience souterraine m'ait rendue un brin claustrophobe ? Ce serait bien ma veine.
— Calmez-vous. Pourquoi êtes-vous si nerveuse d'un seul coup ? demanda-t-il en se levant.
— Je supporte mal les espaces clos, lui dis-je d'une voix sifflante, les mains appuyées sur ma poitrine tandis que je me levais et essayais d'avaler une goulée d'air.
La panique commença à me gagner. Bon Dieu, mais qu'est-ce qui m'arrivait ?
— Il fallait le dire tout de suite, dit-il avant de s'empresser d'ouvrir la porte et me pousser doucement dans le dos pour me faire sortir. Voilà, respirez doucement et profondément.
Tout en me le répétant, il me conduisit dans une grande pièce où plusieurs bureaux étaient disposés de manière aléatoire. À cette heure tardive, ils étaient tous inoccupés, donnant à l'endroit un aspect vide et froid, comme abandonné. Il me conduisit vers l'un de ceux situés dans le fond, à proximité de la photocopieuse, s'arrêta devant le mieux rangé et me fit assoir sur la chaise qui lui faisait face. En voyant la plaque posée dessus, je compris que c'était le sien.
— Ce n'est pas là que vous auriez dû enregistrer ma déclaration, normalement ? articulai-je péniblement d'une voix essoufflée.
— Je voulais voir votre réaction sous la pression, mais franchement, je ne m'attendais pas à ça, m'avoua-t-il étonné. Pourquoi ne pas m'avoir dit tout de suite que vous étiez claustrophobe ?
— Ça n'avait jamais pris de telles proportions. Généralement cela ne m'arrive que dans les ascenseurs ou les pièces sans fenêtres, improvisai-je en priant pour que mon mensonge soit crédible, car il était déjà bien assez méfiant comme cela. Ce doit être le cumul, avec le stress que j'éprouve depuis trois jours, souriais-je sans le vouloir devant l'ironie de ma réponse. Plus votre comportement agressif... Ça commence à faire beaucoup.
Il ne releva pas ma dernière remarque et parcourut des yeux le formulaire que j'avais rempli il y avait de cela un siècle, me semblait-il.
— Votre amie a disparu il y a trois jours et vous ne le signalez que maintenant, pourquoi ?
— Si j'étais venue plus tôt, vous auriez fait quelque chose ?
Il me regarda sans répondre.
— C'est bien ce que je pensais, j'ai bien fait d'attendre dans ce cas, conclus-je.
— Moi ce qui m'intéresse, c'est où vous étiez vous-même depuis trois jours ? assena-t-il en me lançant un regard perçant.
Il se leva en prenant appui de ses deux mains sur le bureau tout en se penchant vers moi.
— Figurez-vous que ce matin, un de mes collègues a reçu un avis de disparition pour deux jeunes femmes travaillant au Bruce Café. Leur patron s'inquiétait car, je cite, « elles n'étaient pas venues travailler depuis deux jours et que cela ne leur ressemblait pas ». Et là, au moment où j'allais justement partir pour interroger le patron dudit bar, qui arrive comme une fleur au commissariat ?
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Féline. Tome 1
Paranormal*Vainqueur des Wattys 2016 dans la catégorie "Lectures Assidues"* Christina, orpheline de Détroit, vit enfin une existence normale après des années de galères. Mais la mise en garde d'une mystérieuse inconnue va la plonger au cœur d'un...