Chapitre 11-3

9.2K 1K 74
                                    



Malgré la lumière qui filtrait maintenant par la porte restée entrouverte, il faisait trop sombre pour que je puisse distinguer clairement ce qui se trouvait devant moi. J'essayai de me calmer et de m'approcher prudemment. Je fis quelques pas vers le centre de la pièce, quand un rayon de lumière, provenant de l'un des réverbères, tomba pile sur la forme sombre allongée devant moi.

C'était Jude ! Je me retrouvai instantanément agenouillée à côté de lui, le cœur dans la gorge et des larmes plein les yeux, sans souvenir d'avoir bougé. Je scrutai son corps terriblement immobile et priai pour voir sa poitrine se soulever. Perdant un temps précieux inutilement, je bravai ma réticence initiale et cherchai à déterminer par des mouvements maladroits s'il était encore en vie. Merde ! Je n'y connaissais rien moi en premiers secours, pourtant le sang qui imbibait les jambes de mon jean ne me disait rien de bon.

Un soulagement intense, mais de courte durée, m'envahit lorsque je détectai enfin un pouls et un semblant de respiration. Il était encore en vie, mais pour combien de temps ? J'étais là impuissante, à me tordre les mains sans savoir quoi faire ; mais pourquoi ne guérissait-il pas ? Puisque ses blessures ne l'avaient pas tué sur le coup, il devrait normalement être déjà en train de récupérer. J'eus beau attendre, scruter le moindre signe d'amélioration, rien ne se produisit. C'est alors que ses propres mots me revinrent en mémoire, ainsi que son regard inquiet du moment.

« ... au-delà d'un certain nombre de dégâts, la capacité de guérison accélérée dont nous disposons ne suffit plus. »

Non, non, non, ce n'était pas possible ! Il fallait que je fasse quelque chose, mais quoi ? J'étais là, à m'agiter en tous sens, affolée, quand j'entendis un faible gémissement. Je m'empressai de retourner près de lui et collai mon oreille contre sa bouche.

— Ça va aller, lui murmurai-je d'une voix nouée par l'angoisse, tandis que je lui caressais les cheveux.

Je savais très bien que c'était faux. Comment cela aurait-il bien pu aller ? Nous étions dans un quartier désert, sans âme qui vive aux alentours et aucun moyen d'appeler les secours. Mon portable était resté dans mon sac à côté de la voiture et Jude avait... Il avait peut-être le sien ? Je sentis un soupçon d'espoir renaître et commençai à me redresser pour le chercher, lorsque sa main sans force me retint par le bras.

— Il faut que tu... retires... les balles, murmura-t-il si faiblement que j'espérai avoir mal entendu.

— Qu...qu...quoi... ? bredouillai-je en commençant à fouiller fébrilement ses poches. Je vais trouver ton portable et je vais appeler les secours. Ça ira tu verras, me rassurai-je d'une voix tremblotante en retenant mes larmes.

Il essaya à nouveau de bouger sa main pour atteindre la mienne, mais cela sembla lui demander trop d'efforts.

— Pas le temps... peux pas guérir si tu... si tu n'enlèves pas les balles...

— Mais je ne peux pas faire ça ici ! Et avec quoi... mes doigts ? m'étranglai-je sous le coup de la surprise et de l'émotion.

Féline. Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant