CHAPITRE 4

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A peine les portes de l'immeuble franchies, j'attrape mon téléphone pour composer le numéro de la seule personne en qui j'ai confiance.

- Salut beauté !

- Salut beau gosse !

- Je te manque déjà ?

- Ne sois pas aussi prétentieux, ça ne te va pas du tout.

Entendre son rire, déclenche le mien. Le plus souvent, nous sommes sur la même longueur d'onde, ce qui fait de nous, une équipe hors pair lorsqu'il s'agit de manigances et de coups bas.

- Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

- Si tu me proposes ton aide, alors, je ne peux qu'accepter...

Voilà comment a commencé un engrenage qui a fini par avoir raison de nous.

Après ce coup de téléphone, je me dirige vers ma boutique préférée, Valentino. Clarisse, que je peux considérer comme une amie, m'a donné rendez-vous pour des essayages en vue de choisir une tenue pour la fête de ce soir.

Clarisse est une gentille fille, enfin, si je la compare à moi bien sûr. Elle aussi, fait partie de ce monde où l'argent règne en maître sur nos vies. Tout comme moi, elle est une fille à papa, mais je dois dire qu'elle se complaît dans ce rôle. Contrairement à moi, elle n'a aucune ambition, vous l'aurez compris, elle appartient à cette catégorie de personne qui attendent que tout leur tombe tout cuit dans la bouche. Elle n'aspire à rien d'autre qu'à trouver l'amour. En bonne petite fille à papa, elle ne jure que par l'apparence et se transforme en furie lorsque quelqu'un ose la contrarier. Autrement dit, si je devais la définir je dirais, qu'elle est un brin capricieuse et totalement superficielle. Je crois que ces adjectifs la résument assez bien. Mais vous devez vous demander pourquoi je fréquente cette fille vu la haute opinion que j'ai d'elle, et bien la réponse est assez simple en fait, elle appartient à mon monde, ce qui lui donne une légitimité indiscutable, et surtout, elle est une alliée de taille sans qu'elle en est vraiment conscience. Son QI proche du 0, m'a souvent sorti de situations quelque peu incertaines, alors ma reconnaissance s'exprime par le temps que je lui consacre.

Clarisse est déjà dans la boutique quand j'arrive à destination, la patience n'est pas vraiment son truc non plus. Alors qu'elle discute ou plutôt donne des ordres à la vendeuse, je m'approche d'elle. En me voyant, elle s'adoucit et redevient la jeune fille insouciante qu'elle est en temps normal.

- Salut O. !

- Salut C. !

- J'ai commencé les recherches en t'attendant. Tu vas voir la nouvelle co. est juste sublime !

Elle trépigne d'impatience et sautille comme l'aurait fait une enfant. Super ! Que la torture commence !

- Viens ! Regarde-moi cette merveille ! Qu'est-ce que vous attendez ? Vous pouvez disposer, je vous ferais savoir si votre aide est nécessaire, dit-elle tout en faisant signe à la vendeuse de s'éloigner.

- Et bien, tu as l'air en forme aujourd'hui.

- Oui, je trouve aussi.

Ne comprenant pas le second degré de mes paroles, elle désigne la tenue qu'elle porte. Qu'est-ce que je disais, proche du 0. Après sa petite démonstration, elle finit par ajouter :

- Viens allons essayer les robes que je nous ai fait mettre de côté.

Je la suis vers le salon privé qui nous est réservé pour l'occasion. Attrapant une coupe de champagne, elle me désigne le paravent.

- Commence ! Je veux voir ce que ma sélection donne sur toi.

Cette fille m'exaspère, elle a tendance a me prendre pour son mannequin... De temps en temps, je la laisse faire sans rechigner ce qui lui donne l'illusion de m'être indispensable. Après tout, une bonne action n'est jamais mal venue même pour une fille comme moi.

- Oh mon dieu ! Tu es sublime ! C'est définitivement celle-là qu'il te faut.

Grâce au ciel, j'ai évité la robe rose, car oui Clarisse est une vraie fille donc la couleur qu'elle préfère est... le rose. Quel cliché ! Cette fille est une vraie caricature d'elle-même. Si je devais la décrire en un seul mot... Je choisirais sans hésiter Barbie. Visualisez bien cette célébrissime poupée car C. est son reflet parfait...

La robe que je porte me sied bien, elle épouse parfaitement mes formes généreuses sans pour autant être vulgaire. J'avoue que le choix de Clarisse est parfait, pour une fois, ce n'est pas coutume. Le noir de la robe resplendit par la dentelle qu'elle arbore. Le décolleté est juste comme il faut, il laisse entrevoir la naissance de ma poitrine, je sens que je vais faire des ravages, car qu'on soit bien clair, je ne compte pas rentrer seule ce soir.

Tout en me tournant, j'inspecte la longueur de la robe, elle est ni trop courte ni trop longue. Parfait sera le mot de la fin.

Une fois mes vêtements revêtis, je prends place sur le canapé aux côtés de C., mais cette dernière ne tarde pas à se lever pour prendre ma place derrière le paravent.

- A mon tour ! Dit-elle toute excitée.

Je sens que ça va être long, très long... Je saisis une coupe pour m'abreuver de mon met préféré, le champagne. Tout en humectant ce doux élixir, je pousse un soupir lorsque je reconnais un Clos d'Ambonnay, la situation n'est pas si dramatique en fin de compte.

- Voici la première ! Qu'est-ce que tu en penses ?

Je manque de m'étouffer quand je la vois s'avancer vers moi. Cette robe ne lui va pas du tout. Elle ressemble à un Barbapapa. Est-elle vraiment sérieuse ?

- Passe la suivante. Elle est moche celle-là !

Désolé, C. mais là c'était trop pour moi. J'ai la réputation d'être une langue de vipère, je dois faire honneur à ma réputation.

Cela fait maintenant une heure que C. défile devant moi, et c'est de pire en pire, si ça continue, je vais être à court d'argument. J'ai du mal à croire que la personne qui a choisi mes tenues soit la même que ce ramassis de déchets ambulants.

- Guimauve.

Suivante.

- Marshmallow.

Suivante.

- Fraise Tagada.

Suivante.

- Tu vas vraiment essayer que du rose C. ?

- Pourquoi ? Celle-ci est vraiment jolie, non ?

A y regarder de plus près, c'est la moins pire de toutes. Pourquoi pas ? Si elle a envie de ressembler à un bonbon ça la regarde après tout. J'en peux plus de cet essayage sans fin. J'ai besoin de retrouver l'air libre sans cette furie qui ne jure que par le rose.

- Fais comme tu veux mais qu'on en finisse.

- Qu'est-ce que tu peux être impatiente des fois ?

- C'est toi qui dit ça.

Sa dernière remarque me provoque un petit rire narquois. Quant à elle, elle pousse un soupir d'exaspération avant de rejoindre le paravent. Alléluia.

Au moment de payer, elle se rapproche de moi afin de me faire part d'une confidence :

- Au fait, j'ai oublié de t'en parler, tu sais qui est revenu en ville ?

- Mais qui voilà ? La reine des pétasses et sa favorite.

J'y crois pas. Rien qu'à entendre le son de sa voix, je ne peux réprimer le dégoût que ce parasite m'inspire. Je me retourne pour faire face à mon pire ennemi :

- Archibald ...

Aime-moi ... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant