CHAPITRE 41

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PDV LOUIS

Un peu mieux reposé, je sais d'avance que cette journée sera éprouvante puisqu'elle marquera la fin de ma relation avec Ana. Ce double jeu n'a pu lieu d'être, j'avais retrouvé ma beauté et je ne comptais pas la laisser filer. Je dois rassembler mon courage et en finir avec cette histoire sans avenir puisque ce dernier est auprès d'Ophélia.

Même si elle et moi, n'avions pas eu la discussion tant espérée, je ne peux pas continuer à vivre dans le déni, tout me ramène irrévocablement vers elle. Quand je crois que nos chemins vont se séparer, les événements me prouvent le contraire. Je ne veux plus me battre contre elle mais pour elle. Ana, aussi gentille et bienveillante qu'elle puisse être ne pourra jamais égaler Ophélia. C'est indéniable. Alors à quoi bon  ? Fini les batailles inutiles, je compte bien combattre la résistance de ma belle pour qu'elle m'ouvre enfin son cœur.

- Monsieur Devilliers, je pars faire trois courses, avez-vous besoin de quelque chose en particulier  ?

- Non, merci Maria.

- Bien, bonne journée monsieur.

- Bonne journée Maria.

Je pénètre dans le salon et me jette sur le canapé. Finalement, encore un peu de repos ne me fera pas de mal. Ma mère y est déjà installée, plongée dans sa lecture du moment.

- Tout va bien mon chéri  ?

Je soupire, cette situation me fatigue. J'éprouve de la culpabilité car je sais que je vais la faire souffrir... Belle et insouciante Ana ... Même s'il ne peut pas en être autrement, elle ne mérite pas ce qui lui arrive. Tout est de ma faute, je n'aurais pas dû la laisser espérer autant tout en sachant pertinemment que l'issue serait fatale. Heureusement, j'ai encore quelques heures de répit devant moi avant de revêtir le costume du bourreau.

- Ouais.

- Ça n'a pas l'air  ? D'ailleurs, je sais que tu es un grand garçon mais la prochaine fois que tu découches, un petit sms sera le bienvenu  !

- Maman  !

- Quoi  ! Qu'est-ce que tu crois  ? Que parce que tu es un homme, je ne m'inquiète plus. Laisse-moi te dire une chose mon bébé, ça n'arrivera jamais. Tu comprendras quand tu seras père à ton tour.

Ana va bien  ?

- Je ne sais pas.

Elle est interdite mais pas surprise.

- Je n'étais pas avec elle cette nuit.

- Louis.

Sa voix est pleine de reproches.

- Maman.

Elle sait qu'il s'agit d'Ophélia. Ma mère a toujours lu en moi comme dans un livre ouvert.

- Je sais que tu l'aimes et jamais je ne remettrais en question tes choix. Cependant, mon rôle est de te mettre en garde. Ophélia est un amour, mais elle souffre d'un mal que tu ne pourras peut-être jamais combler à moins qu'elle le décide.

En plein dans le mille maman. Comme souvent, les paroles de ma mère sont pourvues de bons sens, et je sais que seule Ophélia peut nous sortir de cette voie sans issue. J'ai beaucoup réfléchi et l'unique option envisageable est de laisser le temps faire son œuvre. Il arrivera bien un moment où ma beauté ouvrira enfin les yeux sur ce qu'elle ressent pour moi... Dans le cas contraire, j'aurais essayé, je me serais battu pour que notre amour puisse s'épanouir un jour.

- J'en suis conscient mais je l'aime, je n'y peux rien. J'ai essayé de passer à autre chose mais tout me ramène vers elle.

- Et Ana  ?

- Je vais y mettre un terme.

- Ménage-la. Elle est très amoureuse de toi.

Je me lève et franchis les quelques pas qui me séparent d'elle pour lui déposer un bisou sur la joue. Ma petite maman, toujours le cœur sur la main. Un soupir s'échappe de sa bouche accompagné d'un sourire radieux  :

- Je ne me lasserai jamais de ça.

En réponse à ses attentes, je lui en donne un autre, puis un autre, encore un autre... jusqu'à ce qu'elle explose de rire.

- Et moi, je ne me lasserai jamais de ça.

Nos rires se mêlent ensemble pour ne faire qu'un. Après ce moment d'insouciance auprès de ma mère, je m'éloigne d'elle décidé à franchir un nouveau pas qui me libérera d'une promesse que je n'avais pas prononcé mais qui restait en suspens...

- Louis  !

La voix de ma mère parcourt les quelques mètres qui nous séparent.

- Oui  ?

- Désolée, ton père veut te parler, il est dans son bureau.

D'où je suis, je lui envoie un baiser de la main, ce qui réanime son rire.

- Arrête de faire l'imbécile et file voir Monsieur l'impatient  !

Ah ben voilà, enfin une pensée lucide concernant mon père. Rêveur  ! Non mais je vous jure, j'aurais vraiment tout entendu  !

Je monte à l'étage jusqu'au lieu de prédilection de Charles Devilliers. Je toque et rentre sans attendre une réponse de sa part comme à mon habitude.

- Tu voulais me parler  ?

Mon père est au téléphone, il me signe de m'asseoir sur le fauteuil qui lui fait face.

- Oui je comprends.

Mon père comprendre  ? C'est une blague  ! Dans mes plus lointains souvenirs, Charles Devilliers a toujours été intransigeant et à des années lumières d'être magnanime. Enfin bref, s'il prononçait ces mots, c'est qu'il devait y trouver son compte.

- Marla, je prends les choses en main, je ferais le nécessaire.

Marla Brémont  ! Qu'est-ce qu'il manigance avec cette sorcière  ? Ça sent définitivement pas bon  !

Après les salutations de circonstances, il raccroche et m'adresse enfin la parole  :

- À nous deux mon fils  !

Je confirme, et je dirais même que ça pue  !

Aime-moi ... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant