PDV OPHELIA
- Bonjour, Mlle Brémont pour Maître Durant, s'il vous plaît.
- Bonjour, Mlle Brémont, Maître Durant va avoir un peu de retard, il a été retenu au Palais de justice. Si vous voulez bien prendre place dans la salle d'attente, il viendra à votre rencontre dés son arrivée.
- Très bien, merci.
La salle d'attente se trouve juste à côté. Devant cette dernière, une vision vient m'éblouir... Mais pourquoi ?
- Ophélia ?
Deux yeux me dévisagent comme si j'étais une apparition divine.
- Louis, dis-je avec une assurance un peu incertaine.
J'hésite à revenir sur mes pas, mais non je dois faire preuve de cran. L'enjeu est bien trop important pour me défiler.
Je m'assois aussi loin de lui que la pièce me le permet. Tout en essayant d'ignorer la présence de Louis, ma vue se cramponne à l'horloge qui a l'air de figer le temps... Alors que je le fuis du regard, lui me fixe sans aucune gêne.
- On va jouer longtemps à ce petit jeu ?
Sa voix me provoque un sursaut :
- Quel jeu ?
- À s'ignorer. Nous sommes deux adultes, on peut s'accommoder de la situation vu qu'il s'agit d'un temps donné. Qu'en penses-tu ?
Mais de quoi parle-t-il ? Notre amitié est une situation pour lui, ravie de l'apprendre, il ne manque vraiment pas d'air. Moi, j'ai perdu mon meilleur ami et lui me considère comme une situation.
- Quelle situation ?
- Ah, vous êtes déjà là. Parfait. Maître Durant, suivez-moi !
Mon maître de stage vient de passer la porte, dieu merci, je me lève aussi rapidement que me le permet la gravité et presse le pas derrière ce dernier. Tout se déroule sans la moindre encombre, à une exception près.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Louis est à ma hauteur, il emprunte le même chemin que Maître Durant.
- Je suis mon maître de stage.
- C'est une plaisanterie ?
Louis affiche un sourire en coin alors que mes yeux le foudroient sur place. Voilà de quoi il me parlait, cette situation là. Hors de question que je passe deux semaines à ses côtés. Non ! Non ! NON !!!
- Un problème, Mlle Brémont ?
Oui, effectivement, c'est quoi cette blague de mauvais goût ?
- Je croyais que mon binôme serait une fille, il doit y avoir une erreur ?
- Un changement de dernière minute a décidé que Mr Devilliers serait votre partenaire pour ce stage, ça vous dérange Mlle Brémont ?
Son ton est loin d'être sympathique, je crois qu'avec mes exigences futiles, je viens de froisser Maître Durant, ce qui ne va pas jouer en ma faveur pour la suite, je dois à tout prix rétablir la situation à mon avantage. Je ne vais pas mettre en péril mon évaluation de stage pour un détail infime quoique fatal.
J'affiche un sourire de façade, ce qui amuse beaucoup Louis à cet instant, je peux le sentir.
- Aucun. Excusez-moi. Je vous suis.
- Bien. Suivez-moi, jeunes apprentis, allons affronter le monde impitoyable des affaires !!!
Après cette réunion interminable, je franchis les portes de l'immeuble presque en courant. Au final, je viens de réaliser que je n'ai que faire de tout cet étalage professionnel, il m'ennuie. Peut-être que je ne suis pas faite pour ce monde ? Ou est-ce la présence de Louis qui m'a empêchée de m'épanouir dans ma vocation ? Je ne sais plus quoi penser... Je suis perdue...
- Attends !
Et merde ! Il ne s'avouera jamais vaincu. Laisse-moi tranquille !
Je continue ma route sans me retourner, il comprendra certainement qu'il doit lâcher prise comme je l'ai fait, il y a une semaine déjà.
Mais non, il maintient la cadence pour finir par me rattraper. Il est essoufflé et me fait face :
- Ophélia, je n'ai pas envie que ce soit la guerre entre nous.
Il a raison. Nous devons absolument faire ce stage pour valider notre diplôme. Ai-je le choix ?
- Moi non plus.
- Alors pourquoi ne pas faire comme avant ?
Avant quoi ? Avant que tu ne transgresses les règles en prononçant les trois petits mots. Pourquoi as-tu fais ça ? Je ne peux résolument pas faire semblant, être prés de lui, l'air de rien me paraît insurmontable... Il me pense sans cœur mais il se trompe. Le voir souffrir me met au plus mal.
- Parce que c'est impossible. Tu attends de moi quelque chose que je ne pourrais jamais te donner.
- Mes attentes ont changé.
Ah bon ? Première nouvelle du jour.
- Comment ça ?
- Je ne te forcerai jamais plus la main Ophélia. Je t'ai fait part de mes sentiments qui ne sont pas partagés.
- Je...
- Laisse-moi finir !
D'un signe de tête, je lui donne mon assentiment. De toute façon, je ne sais pas ce j'aurais pu lui dire de plus.
- J'ai accepté la situation. Je vais vivre ma vie comme tu le souhaites mais cet éloignement est ridicule. Est-ce que tu crois que malgré tout ce qui s'est passé, nous pourrions rester amis ?
Que répondre à ça ?
Si je lui dis oui, nous reviendrions tôt ou tard à la case départ, j'en ai l'intime conviction. En revanche, si je lui dis non, je le perdrais pour toujours.
Ce qui semblait évident, il y a une semaine, l'est moins aujourd'hui. Mon Beau Gosse...
Il est suspendu à mes lèvres dans l'attente d'une réponse...
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Aime-moi ... (TERMINÉ)
RomanceL'amour est un concept inventé pour les faibles... La seule croyance qui fait loi dans mon monde est la foi en soi. Moi, Ophélia Brémont, je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que l'amour les sauvera...