CHAPITRE 33

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PDV OPHELIA

Prostrée devant l'immense miroir qui orne mon dressing, je découvre la nouvelle Ophélia. Celle qui désormais est orpheline de père, celle qui n'a plus personne...

Aussi stoïque qu'une statue de marbre, je me détiens devant un reflet que j'ai du mal à apprivoiser. Qui suis-je  ?

Après une telle tragédie, je devrais m'effondrer et verser toutes les larmes que mon corps retient, mais non, rien ne laisse transparaître de mon nouveau statut. Je viens de perdre mon père et je ne ressens rien, mis à part du vide. Un trou béant est venu prendre place au creux de ma poitrine et je ne sais pas comment y faire face. Je suis déroutée par tant d'insensibilité. Je suis une personne horrible, voilà la seule conclusion qui me vient à l'esprit.

Vêtue d'une robe noire circonstancielle, je suis fin prête pour aller à l'église pour rendre les derniers hommages à cet homme qu'était Syracuse Brémont. Mais qui était-il vraiment  ?

Il avait toujours promis qu'il ne m'abandonnerait jamais, la bonne blague... Voilà où nous en sommes aujourd'hui, moi seule contre tous.

Même lui avait fini par me tourner le dos, ma méchanceté et mon orgueil surdimensionné avait eu raison de lui.

Les dernières paroles que nous avions partagé resteraient à jamais gravées dans ma mémoire. Emplies de haine, il m'avait crié dessus pour me ramener à ma condition de déchet. «  Dehors  !  », une seule interjection comme ultime parole.

Si ma génitrice m'avait accordé ce droit, j'aurais pu lui dire au revoir, mais non même ça, elle me l'avait refusé.

...

- Oh mon dieu Mlle Ophélia  ! C'est horrible  !

- Carmen  ? Qu'est-ce qui se passe  ?

- Mr. Brémont, votre père...

Carmen sanglote tellement qu'aucun mot ne peut sortir de sa bouche. Quelque chose de grave vient de se produire. Mon père est... Non impossible, pas lui  !

- Carmen, parle  ! Dis-moi ce qu'il se passe  !

- Votre père a été conduit à l'hôpital...

- Quel hôpital  ?

Je prends les devant car je sais très bien que Carmen est trop bouleversée pour m'en dire plus.

- Ambroise.

Je raccroche et me précipite vers mon chauffeur garé en double file. Le trajet jusqu'à l'hôpital est une vraie torture. Je ne sais rien de plus sur l'état de mon père.

Je cours vers les urgences pour enfin être rassurée car un mauvais pressentiment est venue perturber mon contrôle émotionnel usuel.

Quand je rentre dans le bâtiment, je croise les yeux de Marla humidifiés. Je ne peux m'empêcher de la mépriser encore plus, comment peut-elle jouer la comédie dans des moments pareils, elle n'a vraiment aucun amour propre. Sa place n'est pas ici, elle n'a même pas daigné me prévenir, pour qui se prend-t-elle  ? Ma colère est tellement grande que j'aurais pu lui arracher les deux yeux d'un seul coup de griffe mais je me retiens, ce n'est ni le lieu, ni le moment de régler nos comptes.

Elle s'approche de moi effondrée, les épaules avachies comme si la terre venait de lui tomber sur la tête. Ben voyons  !

- Oh ma chérie, tu es là  ? C'est horrible, je n'ai pas su quoi faire...

Encore heureux, que je sache tu n'es pas médecin  ! Contrôle-toi...

- Où est-il  ?

- Avec les internes.

Aime-moi ... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant