CHAPITRE 22

46 9 0
                                    


PDV OPHELIA

Un désastre... Voici le mot que je choisirais pour qualifier l'édition 2015... Une soirée qui en toute apparence devait se dérouler sans le moindre problème, avait été une succession de déconvenues...

La première avait été de constater que Louis accordait plus d'importance à sa relation avec Ana qui le laissait paraître...

La deuxième était ma dispute avec ce dernier, qui n'arrange en rien la résolution de ma première. Cette discussion s'était révélée stérile, nous nous retrouvions dans une impasse, il attendait de moi quelque chose que je ne pouvais pas lui donner ni aujourd'hui ni demain.

La troisième venait clore le spectacle, le final avait finit par m'achever. Bien qu'on croit mon cœur fait de glace, il n'en est rien. L'iceberg avait fondu au moment où mes yeux s'étaient posés sur le nom de la personne qui avait essayé de me détruire...

...

Tout en regardant les immeubles défilés, je ne peux m'empêcher de repenser aux trois petits mots que Louis n'avait de cesse de clamer à haute voix. Comment lui faire comprendre sans le blesser que je suis dans l'incapacité de répondre à ses attentes.

Artchy est resté silencieux une bonne partie du trajet, la raison étant que notre rendez-vous n'a pas été à la hauteur de ses espérances. Au fond je m'en moque, j'ai plus important en tête, notamment gérer le burn-out de mon meilleur ami qui visiblement n'allait pas tarder à sombrer dans la folie s'il continuait à s'entêter.

Perdue dans mes pensées, je ne fais plus cas de la sangsue qui est à mes côtes sauf que cette dernière en décide autrement  :

- Tiens, un marché est un marché...

Il me tend un morceau de papier plié en quatre.

- Qu'est-ce c'est  ?

- Le nom de la personne qui a voulu faire de toi une star du X.

Je le fusille du regard, je ne suis pas d'humeur Artchy, vraiment pas. Je lui arrache le bout de papier sans manquer de lui faire part de ma façon de penser  :

- Ce n'est pas un jeu Artchy, je suis lasse de tous ces complots...

- Je sais que tu me prends pour un amateur mais je suis loin d'en être un.

- Pourquoi ne pas me l'avoir donné avant le Gala  ?

- Parce que je ne voulais pas que tu passes une mauvaise soirée.

Depuis quand mon bien-être l'importe à celui-là  ? Lui aussi pense que je suis une demoiselle en détresse qui attend que l'amour me tombe dessus en chantant. Non mais je vous jure, ils sont tous irrécupérables, il est temps qu'ils se réveillent et qu'ils voient à quel point le monde est laid dépourvu de magie et de chanson.

Attends, minute papillon, pourquoi autant de mystère  ? Une illumination vient éclairer mon cerveau en ébullition depuis ces dernières 24 heures.

- Depuis quand le sais-tu  ?

- 20 minutes.

De quoi parle-t-il  ? Je ne comprends pas un traître mot de ce qu'il raconte...

- Peux-tu être un peu plus explicite, je ne saisis pas très bien où tu veux en venir. Qu'est-ce que tu entends par 20 minutes  ?

- Il m'a fallu 20 minutes pour retrouver le nom de celui que tu cherches. Ça a été un vrai jeu d'enfants, le portable est un prépayé donc impossible de savoir à qui il appartient par contre la vidéo s'est révélée plus loquace...

Il vient de me faire des aveux qui me laissent sans voix. Depuis tout ce temps, il savait et il l'avait gardé pour lui... Pourquoi  ?

- Et tu n'as rien dit...

Mon ton était sec et autoritaire. Je maintiens mon regard jusqu'à que ses yeux se posent sur la banquette en signe de reddition. Pour qui se prend ce merdeux  ? Je ne suis la marionnette de personne, quand j'exige, on exécute, pas d'entourloupe possible. L'idée de lui faire regretter son initiative me traverse l'esprit mais je n'ai plus la force de me battre ce soir, je suis épuisée...

Pour une fois, je donnerais grâce à celui qui a défié mon autorité, il a ce que je lui ai demandé, notre accord s'arrête là. Il a rempli sa condition, j'ai honoré la mienne, point final.

Je déplie avec précaution le billet que je tiens dans les mains tout en retenant ma respiration. Je vais enfin connaître le nom de la personne qui me veut du mal...

Après une longue inspiration, le verdict tombe  :

Louis Devilliers.

Quoi  ! Tu parles d'un scoop.

- Je ne t'ai pas demandé le nom de l'intermédiaire mais de la source.

- Oui je sais.

- Alors, explique-moi ça, dis-je tout en désignant le morceau de papier.

- Il s'agit de la source O.

Je... Quoi  ! Qu'est-ce que...  ? Tout s'embrouille dans ma tête... Dis-moi que que c'est pas vrai... Non  ! C'est impossible...

- Je ne comprends pas...

- Ophélia, Louis est la personne qui est à l'origine de la vidéo. Le premier envoie part de lui.

Je me sens engourdie. J'ai mal, je viens de faire le saut de l'ange... Une douleur me lance dans ma poitrine. Plus j'imagine le visage de Louis, plus elle s'intensifie. À présent, elle est si forte, que j'éprouve la nécessité de la recouvrir à l'aide de l'une de mes mains comme pour panser la blessure qui vient de m'être faite. Je ne peux plus bouger, cet élancement me paralyse...

- Je suis vraiment désolé princesse.

Je viens d'être piquée au vif, ce petit con agit comme une piqûre de rappel. Princesse  ? Moi  ! Jamais de la vie, ôtes-toi cette idée de la tête. Aucun prince charmant ne viendra à mon secours, je n'ai besoin de personne, tu m'entends  ? Personne  !

Après ce petit pétage de plomb interne, je lui réponds plus posément mais en tout restant incisive  :

- Je n'ai pas besoin de ta pitié et pour ton info, je ne suis pas la gentille dans cette histoire.

- Si tu le dis...

Je détourne la tête vers la fenêtre pour essayer de me vider l'esprit. Ma tentative se solde par un échec... Comment occulter sa trahison  ? Encore... Il m'a trahi... Comment peut-il prétendre que je suis la personne la plus importante de sa vie après ça  ? Pourquoi essaye-t-il de me détruire sans relâche  ? Me fait-il payer mon incapacité sentimentale  ? Comment avait-il pu  ?

Soudain, après une avalanche de questions qui resteraient sans réponses, je sens quelque chose qui vient me chatouiller la joue droite. Je reste interdite quant à la manifestation de mon corps... La colère je connais mais la tristesse ma laisse perplexe... Je saisis du bout de mon index et de mon majeur la traîtresse qui s'est invitée sans prévenir. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive  ? J'examine la perle qui a humidifié l'extrémité de ma main tout en me rendant compte que l'illusoire carapace s'effrite peu à peu. Finalement, je suis loin d'être la reine des glaces comme certains s'évertuent à le dire puisque une larme coule sur mon visage.

...

- Mlle Ophélia, nous sommes arrivés.

Aime-moi ... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant