- Mlle Ophélia, il est l'heure de se lever, maintenant !
Les seuls sons qui sortent de ma bouche sont des grognements digne d'un membre de la famille des Pierrafeu.
D'ordinaire je ne suis pas paresseuse, mais là, la tentation que représente mon lit est beaucoup plus tentante que me rendre à l'université pour passer mes examens terminaux.
- Mlle, soyez raisonnable, de pie* (Debout) !
- Carmen, je suis fatiguée, je crois que je vais rester un peu plus au lit...
- Claro que no*(sûrement pas) ! Vous avez des examens à passer et à réussir alors je ne vous laisserai pas tout gâcher.
Sur ces dernières réprimandes, elle ouvre le double rideau de ma chambre qui laisse entrer la lumière éclatante du matin. Je me retrouve éblouie, j'ai envie de disparaître ou mieux, de devenir invisible, comme ça en plus de gagner la tranquillité, je pourrai narguer Carmen sans une once de culpabilité, puisque elle ne me verrait pas, ça pourrait être marrant. Cette pensée dessine sur ma bouche un sourire machiavélique.
- Enlevez-moi ce sourire Mlle Ophélia, je le connais que trop bien. Arrêtez vos divagations de pie* !
- Mais !!!
Elle vient d'ôter, d'un coup sec, ma sublime couette en satin. Même si je suis une dure à cuire en temps normal, il faut avouer que Carmen est très forte, elle ne s'avoue jamais vaincue et puis elle a un avantage certain, bien qu'elle soit notre employée elle est ma mère de substitution.
L'odeur plus qu'enivrante qui règne dans la salle à manger me fait penser que Carmen excelle dans bien d'autres domaines. La cuisine, par exemple, un pur bonheur pour les papilles, je suis sûre que si elle était née sous de meilleurs hospices ou si elle avait voulu tenter sa chance, elle aurait pu devenir un grand chef. Mais la vie en avait décidé autrement, elle est à mes côtés depuis plus de vingt-deux ans maintenant. Elle ne m'a jamais abandonné, elle.
- Arrêtez de faire votre mala niña*(peste), Mlle et mangez !
- Soy una mala niña* ? (je suis une peste ?).
Cette phrase me fait rire, c'est du Carmen tout craché, on peut dire qu'elle sait me parler. Elle a sait toujours me remettre sur le droit chemin quand je m'égare...
- Vous savez très bien ce que je veux dire, Mlle. Vous vous plaisez à vous donner le mauvais rôle alors que ce n'est pas ce vous êtes.
- Dans mon monde Carmen, il est plus facile d'être la méchante que la gentille.
- On sait toutes les deux qu'en réalité vous êtes la princesse et non la méchante reine.
Une fois le déjeuner englouti, je sais on est loin de la princesse, mais bon, il faut ce qu'il faut, je m'avance vers ma gouvernante pour lui déposer un bisou sur la joue.
- Tu es mignonne, tu sais ça ?
- Claro que sí* (oui c'est bien vrai), mais je continue à penser que vous devriez vous montrer sous votre vrai jour, les gens vous apprécieraient à votre juste valeur.
Si vous pensiez que j'étais la gentille, alors vous vous trompiez. Laissez-moi rétablir la vérité, peut-être que vous comprendrez mieux ce qui va suivre.
Je suis ce que l'on peut appeler une fille à papa. Innocente et gentille ne sont pas deux adjectifs que j'utiliserais pour me définir, je dirais plutôt, orgueilleuse, manipulatrice et capricieuse.
Mon statut de fille à papa me rend détestable aux yeux des autres, j'avoue en avoir profité à quelques occasions, ne me jugez pas aussi vite, je suis sûre que vous en auriez fait autant.
Je suis née privilégiée puisque ma famille a de l'argent, une aisance financière certaine. Mon père, Syracuse Brémont, est un grand magna des finances, il est PDG d'une multinationale. Il est même considéré par ses semblables comme le grand manitou, un vrai meneur.
Même si il aurait préféré avoir un garçon, de son union éphémère, était née une fille, moi, Ophélia.
Il a tendance à me considérer comme une princesse car il n'a pas le recul nécessaire, mais comment le lui reprocher, on sait très bien qu'un père n'est pas objectif lorsqu'il s'agit de sa fille. Un peu vieux jeu, il pense plus à me fiancer qu'à m'aider à me réaliser. Trouver un bon parti, voilà ses projets me concernant, ça a le don de me mettre hors de moi, parce que soyons honnêtes, je suis loin d'être une petite chose fragile qui attend son prince charmant.
D'ailleurs, parlons-en ... Qui croit au prince charmant de nos jours ? Admettez les filles que tout ceci n'est qu'un ramassis de conneries.
Quel genre de filles pense qu'un chevalier va débarquer sur son cheval blanc pour la sauver, désolée pour le cliché mais il était nécessaire pour bien comprendre l'absurdité de ce rêve...
Si vous voulez mon avis, je pense que l'amour est une excuse bidon pour justifier le manque d'ambition.
Le sentiment amoureux est quelque chose de futile, qui n'a pas vraiment de sens car il n'est pas constant. Vous l'aurez compris, j'aime la stabilité. Je pense être sincère quand je dis que je ne promettrais jamais ce que je ne peux pas donner.
Essayer de construire une relation amoureuse est une perte de temps pour moi, je préfère user de ce dernier à des fins plus utiles, comme par exemple, faire prospérer les affaires familiales.
C'est pour cette raison que j'ambitionne de prendre la suite de mon père, jamais un homme ne me dictera mes actes. Autrement dit, je suis libre et indépendante dans toutes les décisions que je prends. A bon entendeur, gare à celui qui se met en travers de ma route, il connaîtra mes foudres. Certains diront que je suis méchante, mais réfléchissez bien à ce que je vais vous confier, la pomme pourrie ne tombe jamais bien loin de l'arbre qui l'a nourrie.
- Nous sommes arrivés Mlle.
- Merci Henri.
- Bonne chance Mlle.
Je lance un sourire à mon chauffeur préféré avant de refermer la portière. Je suis devant l'université Paris Descartes, prête à en découdre avec mon épreuve finale, mes partiels qui viennent clore cinq années d'études.
- Salut beauté !
Je me retourne afin de répondre à la personne qui vient de m'interpeller :
- Salut beau gosse !
Que pensez-vous de ce premier chapitre ? Ophélia est charmante, non?
Si vous avez aimé n'hésitez pas à cliquer, ça aide toujours ;)
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Aime-moi ... (TERMINÉ)
RomanceL'amour est un concept inventé pour les faibles... La seule croyance qui fait loi dans mon monde est la foi en soi. Moi, Ophélia Brémont, je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que l'amour les sauvera...