PDV LOUIS
- Moscou ! Qu'est-ce que tu vas y faire ?
- Rencontrer ma grand-mère et ma cousine.
Quoi ! Qu'est-ce qu'elle raconte ?
Elle s'active nue devant mes yeux embrumés. Cette vision aurait pu être enchanteresse mais mon état de fatigue m'empêche de penser à quoi que ce soit d'autre que l'envie de dormir encore ou de s'adonner au plaisir du sexe. Mais qu'est-ce que... ?
Aïe ! Mes paupières se ferment éblouies par la lumière qui jaillit dans la pièce. Je pousse un grognement face à l'agressivité des rayons lumineux. Elle veut ma mort !
- Désolée.
Pleine d'entrain, elle disparaît sous le jet d'eau que je peux entendre couler. Perplexe quant à sa révélation fracassante, je m'affale dans le lit devenu immensément vide. Si je ne la connaissais pas aussi bien, je pourrais la prendre pour une folle mais Ophélia en est loin, son changement d'humeur soudain a une raison légitime, la vengeance, seul sentiment qui l'anime quand elle est au plus mal. Et merde ! Je visualise déjà les problèmes en perspective... Quand sera-t-on vraiment tranquille ?
Quelques minutes plus tard, elle revient apprêtée et dépose avec un manque de douceur certain sa valise de voyage Louis Vitton. Je sursaute de plus belle lorsqu'elle l'ouvre violemment.
J'essaye de l'ignorer et de retrouver le sommeil qu'elle vient de me voler mais elle ne coopère absolument pas puisqu'elle se met à hurler depuis son dressing. Pitié ! Je recouvre ma tête avec le premier oreiller que j'attrape mais non même ça n'y fait rien. Elle réitère ses cris :
- Quel temps fait-il là-bas ? Tu as une idée ?
Vu que je ne réponds pas, elle revient dans la chambre et m'arrache des mains ma barrière de plume.
- Tu pourrais m'aider quand même !
Je n'en peux plus, je vais craquer.
- Ophélia !
Elle est devant moi, planté comme un piquet en ignorant mes protestations. Quand je lève enfin les yeux dans sa direction, je la vois se tenir le menton pensive comme si elle essayait de résoudre un véritable casse-tête. J'ai envie de lui dire qu'on s'en fout ! Et de venir se recoucher ! Mais elle ne m'en laisse pas le temps, elle file tout droit vers son dressing. Seule sa voix étouffée me parvient :
- Bon, je vais prendre un peu de tout pour assurer le coup.
Et voilà que la tornade est repartie, elle multiplie les allers-retours entre sa valise et sa penderie. Mon esprit se réveille et cherche à trouver un sens à ses paroles.
- Je ne comprends rien à ton histoire ! Depuis quand as-tu de la famille en Russie ?
- Tu te souviens de Marco ?
- Marco ? Le privé ?
- Lui-même.
Quel rapport ? Je l'interroge du regard pour qu'elle m'explique enfin de quoi il retourne car j'ai beau réfléchir mais des éléments m'échappent...
- Il y a plus d'un mois, je l'ai engagé pour qu'il remonte sur les traces de Marla. Vu que sa dernière intrusion remontait à deux ans, je la soupçonne de cacher quelque chose de gros, de vraiment énorme. Du coup, je me suis dit, engageons un privé pour découvrir ses secrets les plus inavouables.
- Et tu as choisi ce mec ? Pourquoi ne pas avoir pris Llorens ?
- Parce qu'il travaille, enfin travaillait pour mon père, j'ai préféré assurer mes arrières. Marla était trop proche de Llorens pour que je lui fasse entièrement confiance.
Marco est en Russie depuis plus d'une semaine déjà, et il a enfin une piste ! Et heureusement pour lui, car je commençais à perdre patience, un jour de plus et il pouvait s'asseoir sur notre contrat. Génial, non ?
Elle est euphorique, ce qui connaissant Ophélia n'engage rien de bon car la déception qui encourt serait à la hauteur de ses espérances. Même si je sais que les chances qu'elle n'y aille pas sont infimes, j'essaye de la dissuader car je n'ai pas envie qu'elle souffre encore une fois.
- Pourquoi dois-tu y aller ? Il n'a qu'à leur parler puisqu'il est sur place au lieu de te faire venir.
- Impossible ! Elles ne veulent parler qu'à moi.
Mon visage n'arrive plus à masquer mon inquiétude, toute cette histoire ne m'inspire rien de bon. Elle s'arrête net dans ses préparatifs et me transperce de ses beaux yeux bleus. Comme si elle pouvait sentir la boule qui se forme dans ma gorge, elle s'approche du lit et se fait rassurante en prenant mon visage entre ses mains douces et chaudes.
- Arrêtes ça ! Ne complique pas tout ! Je serai de retour dans une semaine tout au plus. Ne t'inquiète pas.
Elle plaisante, j'espère, bien sûr que je me fais du soucis. Comment faire autrement ? Tout en sachant que ces deux femmes ont les mêmes gênes que sa mère, j'ai toutes les raisons d'être inquiet. Mon angoisse grandit, plus les minutes s'écoulent, plus j'ai la sensation que je vais la perdre.
- Il ne m'arrivera rien. Fais-moi confiance. Profites de cette matinée pour dormir pour nous deux.
Au son de ses dernières paroles, elle émet un petit rire. Ma beauté est de retour, conquérante plus que jamais. Elle va pour s'écarter mais je la retiens encore un peu...
- Je t'aime.
Je m'attends à ce qu'elle me repousse, mais ce n'est pas ce qu'elle fait. Au contraire, elle m'embrasse avec passion. Son baiser traduit tout l'amour qu'elle ne peut pas verbaliser. Elle en est incapable. À moins qu'elle me surprenne une fois de plus...
- Je...
Elle hésite, je peux lire la confusion qui fait rage en elle.
- Je ne serai pas longue.
Finalement, elle s'éloigne et referme sa valise. Cette distance me déchire le cœur, je sens que le vide s'immisce en moi, elle me manque déjà alors qu'elle est encore devant moi.
La sonnerie de l'interphone retentit, elle attrape la poignée de l'objet roulant et se dirige hors de la chambre. Elle stoppe sa course dans l'embrasement de la porte pour me regarder une dernière fois :
- À plus Beau Gosse.
- Ouais, c'est ça.
Je me laisse tomber sur le matelas douillet de ma beauté. Je suis dans son lit, mais sans elle. Pff... C'était trop beau ! Le manque de sommeil finit par m'emporter.
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Aime-moi ... (TERMINÉ)
RomanceL'amour est un concept inventé pour les faibles... La seule croyance qui fait loi dans mon monde est la foi en soi. Moi, Ophélia Brémont, je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que l'amour les sauvera...