PDV OPHELIA
- Aglaya Petronov, votre grand-mère maternelle vit dans une fermette tout près d'ici.
- Au milieu de la forêt ?
- Oui. On peut pas dire qu'elle soit des plus sociables votre famille.
- Je vous arrête tout de suite, ce n'est pas ma famille.
Il ricane, il l'a fait exprès. Continue ton petit jeu, tu ne perds rien pour attendre...
Quinze minutes plus tard, il quitte la route principale pour s'engager dans un chemin forestier qui nous mène jusqu'à une petite maison assez mignonne, je dois le reconnaître. Qui l'aurait cru que les immenses sapins cacheraient un tel petit bijou ?
À présent garés, il me fait signe de descendre :
- Bonne chance ma jolie !
Je ne commente pas son nouveau excès de zèle, et me hisse hors de la voiture pour me diriger vers ce qui sera peut-être ma seule chance d'en finir avec cette sorcière qui a le malheur d'être ma génitrice. J'espère juste qu'elle parle la langue de Molière sinon la communication risque d'être sérieusement entachée voire impossible.
Inspire, expire, et ... Respire. Je fais retentir l'adorable petite clochette qui se trouve à droite de la porte.
Une femme plutôt jeune m'ouvre et me parle comme je pouvais le pressentir en russe :
- Что вы хотите?
Super ! Et je fais quoi maintenant gros malin ! Je communique comment ?
- Bonjour, désolée de vous déranger. Je viens voir Mme Aglaya Petronov.
Comme on dit, qui ne tente rien, n'a rien...
- Бабушка, иностранец там !
Nom de dieu ! Mes tympans... Elle vient de hurler pour annoncer ma venue j'imagine. Mais a-t-elle compris au moins ce que je viens de lui dire ? Si c'est encore une mauvaise blague de Marco, ça ne me fait pas rire du tout.
Alors qu'elle m'invite à rentrer, je me tourne une dernière fois en direction de monsieur le goujat qui ne manque pas de me narguer en me faisant le signe du garde à vous militaire. Connard !
- Excusez le désordre, nous vous attendions pas si tôt...
J'écarquille les yeux. Dieu soit loué ! J'aurai presque pu faire une prière tellement je suis contente.
- Tout va bien ?
- Oui. Je suis soulagée que vous parliez ma langue pour être honnête.
Mais serait-ce un sourire que je détecte sur son visage fermé ?
- Lyuba, je suis ta... cousine. Je parle français mais ma grand-mère non. C'est la raison de ma présence ici. Viens ! Suis-moi !
Nous arpentons un long couloir avant de rejoindre un jardin d'hiver qui donne sur les bois environnants, la vue est sublime. Je reste sans voix. Une femme est assise dans un fauteuil rocking-chair. Les yeux perdus dans l'immensité de la nature, elle se balance au grès du vent. En la regardant de plus près, je dirais qu'Aglaya Petrnov s'approche de ses quatre-vingts printemps et que le temps qui passe ne lui a pas vraiment rendu grâce.
A contrario de la première impression que ma présente cousine vient de me donner, elle s'approche de sa grand-mère avec douceur et coupe son moment de communion en lui apposant sa main sur son bras tendrement. Désormais, ses cris deviennent presque des murmures.
VOUS LISEZ
Aime-moi ... (TERMINÉ)
RomanceL'amour est un concept inventé pour les faibles... La seule croyance qui fait loi dans mon monde est la foi en soi. Moi, Ophélia Brémont, je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que l'amour les sauvera...