CHAPITRE 55

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PDV OPHELIA

- Salut pétasse  !

- Salut C.

La jovialité de mon amie n'est pas partagée en ce jour funeste. Me retrouver à Londres est loin de m'enchanter mais je dois y voir un avantage certain. Au lieu d'assister à deux cérémonies, je n'aurai qu'à en vivre une seule. Merci à l'administration anglo-saxonne de fusionner le civil avec le religieux.

- Il ne manquait plus que toi, tout le monde rentre dans l'église.

Merci pour l'info C., je m'en fiche. Je suis là, sans en avoir véritablement envie, mais une promesse est une promesse. Prise par l'engouement de la foule, je me mets en marche vers ce qui me semble être mon exécution.

- Attends  ! Minute  !

Qu'est-ce qu'elle me veut encore  ? Fais attention C., c'est définitivement pas ma journée...

- Quoi  ?

- Qu'est-ce que c'est que ça  ?

- Une robe C., ça se voit, non  ?

- Je ne suis pas débile.

Ah bon  ? Pendant une seconde, j'ai cru que tes neurones avaient pris la fuite.

- Où est la jolie robe fuchsia qu'on avait sélectionné  ?

Que tu avais choisi, nuance.

- Le noir est plus raccord avec mon humeur du jour, vois-tu  ? Et regarde j'ai même pensé à l'accessoiriser avec cette jolie étole pour un peu plus de gaieté.

- O., ton étole est noire, c'est un mariage donc un événement heureux pas malheureux.

Parle pour toi, pour moi, je m'apprête à vivre un enfer qui a commencé il y presque un mois maintenant. Le soir des fiançailles a été la dernière fois que j'ai vu Louis. J'ai essayé en vain de me faire à l'idée de la grande célébration qui m'attendait mais aucune joie ne m'anime, juste une tristesse profonde. Comment en est-on arrivé là  ? Moi qui contrôle presque tout, j'avais laissé l'homme qui était au centre de mes attentions s'échapper pour de bon cette fois. Pourquoi  ? Parce que je suis conne, voilà pourquoi. Mon incapacité à exprimer ce que je ressens avait eu raison de notre relation. Si je pouvais revenir en arrière, j'agirais très certainement autrement. Mais le mal est fait et il ne me reste plus qu'à subir ce mariage, une heure tout au plus et après la torture sera terminée.

- Pourtant, je trouve que le noir est de circonstance.

- O., ce n'est pas un enterrement  ! Tu as vu ta tête, on pourrait croire que tu es en deuil. Pour parfaire ton look, il ne te manque plus qu'un voile de pleureuse.

Cette innocente a tout dit. Bien sûr que je pleure la perte de quelqu'un, je viens de perdre mon meilleur ami, la personne la plus importante de ma vie. En voyant mon air agonisant, C. délaisse l'hystérie pour la suspicion  :

- O., est-ce que tout ça, dit-elle en signalant ma tenue du jour, à avoir avec le baiser de l'autre jour  ?

Et la voilà repartie, qu'est-ce qu'elle peut être chiante  ! Pourquoi tu me remémores ça  ? Je veux oublier que Louis et moi avons partagé ce genre d'intimité, c'est trop douloureux...

- On en a déjà parlé, je ne veux plus aborder le sujet alors fais-moi plaisir, lobotomise-toi et lâche-moi avec cette histoire.

- J'aimerai bien, mais vois-tu, cette histoire comme tu dis, c'est... énorme. Toi et Louis  !

- Chut  ! Tais-toi  !

Cette idiote crie en plein milieu de l'église. Le son de sa voix résonne et attire l'attention des convives. Il faut qu'elle ferme sa grande bouche qui parle trop car je ne veux pas être à l'origine d'un scandale, pas aujourd'hui en tout cas. Le marié doit être lavé de tout soupçon. Si ça venait à se savoir, Louis ne se remettrait pas d'une telle humiliation. Il m'avait fait promettre d'être présente, pas pour tout gâcher mais pour le soutenir. Alors c'est ce que j'allais faire, rester en retrait et prendre mon mal en patience.

Aime-moi ... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant