PDV OPHELIA
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Devant l'immense miroir baroque, je me détiens sans me retourner. Nos regards se croisent à travers nos deux reflets. Il me dévore des yeux tandis que moi je le fuis. Le savoir si près de moi me rend nerveuse. J'ai peur de ce qu'il pourrait se passer. Quand nous restons loin l'un de l'autre, nos corps cherchent à se retrouver par tous les moyens et la situation présente ne s'y prête pas puisque il va en épouser une autre.
Quelques minutes s'écoulent avant qu'il ne se mouve jusqu'à la porte du salon privé pour la verrouiller. Le cliquettement de la serrure me provoque un sursaut, les filets ont lâché, nous ne sommes plus assurés. D'un pas lent, il s'approche de moi pour se retrouver collé contre mon échine. Sous l'effet de son contact, mon dos se arque pour se mouler dans son torse tout en poussant un soupir d'extase. Sa proximité me rassure autant qu'elle m'effraye. J'aime qu'il me touche mais j'ai peur de l'après, de la sensation de manque que provoquera son éloignement. Lui seul, sait me faire me sentir vivante, contre lui, mon corps se nourrit sans jamais être rassasié.
Sa main gauche s'aventure aux abords de ma nuque et dépose des caresses qui m'ont terriblement manqué :
- Tu es tellement belle.
Le son de sa voix encourage mes yeux à rencontrer les siens. Je le regarde pour la première fois depuis deux mois et je le trouve irrésistible. Son regard de braise m'appelle et me supplie de lui offrir mon âme.
Lorsque ses doigts se glissent sur mes omoplates dénudées, je frisonne d'envie, mon désir pour lui me consume à petit feu sans que je puisse l'en empêcher. La sentence tombe quand il appose ses lèvres sur ma peau et me goûte de sa langue. Instinctivement, ma tête se jette en arrière et approuve ses actes autant délicieux qu'interdits.
- Tu m'as tellement manquée.
Son visage remonte vers le haut pour retrouver mon reflet. Ses yeux arborent un noir intense et profond, témoin de son appétit incontrôlable.
La robe rouge sirène que je porte n'est pas étrangère à sa présente convoitise. Longue à perte de vue, elle laisse entrevoir ma chair grâce à son décolleté plongeant et au tulle qui recouvre la mini jupe de dentelle. Tout en transparence, le vêtement de soirée laisse deviner mes formes féminines pour le plaisir de mon beau gosse, il est conquis.
Suivant le tracé des coutures de son autre main, il vient effleurer la dentelle et l'organza rouge qui la recouvre d'un voile fin. Son index parcourt le tissu pour être au plus près de ma peau. Il arrête sa descente dans le fossé que creuse le rebondi de ma poitrine. Par surprise, il me plaque contre lui à l'aide de sa main qui plus tôt caressait ma nuque.
- Tu aimes quand je te les lèche et que je les mords.
Pour seule réponse à son invitation, je gémis. J'aime ça et il le sait. Il poursuit le chemin sensuel jusqu'à mon ventre qu'il saisit à pleine main pour me serrer fort contre lui. En sentant son érection, la chaleur de mon bas ventre s'éveille un peu plus et se diffuse le long de ma colonne. Ma respiration s'entrecoupe au rythme de son bassin, il se frotte contre moi comme s'il me pénétrait lentement. J'adore ça.
- Je t'aime tellement.
Sa déclaration rend les choses plus douloureuses et renforce mes pulsions.
- Alors pourquoi l'épouses-tu ?
Il resserre sa prise pour que je sente que son emprise est totale et répond par une autre question :
- M'as-tu vraiment laissé le choix ?
C'en est trop, je ne peux plus résister, je fais volte face et me jette sur sa bouche. Le contact tant recherché est violent et passionné. Accompagnés de gémissements bruyants, nos langues se mêlent dans une danse très sensuelle. Mes bras entourent sa nuque pour le retenir de crainte qu'il m'échappe, un peu plus qu'il ne l'a déjà fait. Encore un mois, et je n'aurai plus aucun droit sur lui, il appartiendra à une autre. Cette pensée attise le besoin pressant de le sentir en moi, il est mien et à personne d'autre. L'intensité de notre baiser reflète toute la frustration des derniers événements, nos dents s'entrechoquent pour notre plus grand plaisir. C'est bon de le retrouver...
Hypnotisés par notre tourbillon passionnel, nous avons omis la possibilité que la porte puisse s'ouvrir de l'extérieur avec une clé.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
Pris en flagrant délit, Clarisse et la vendeuse sont sur le pas de la porte, les yeux grands ouverts.
- Qu'est-ce que vous fabriquez ? Tu n'es pas censé te marier, toi ?
Si ses yeux avaient eu le pouvoir de tuer, Louis ne serait plus de ce monde à l'heure qui l'est. Vu l'expression de notre amie commune, il est clair qu'elle désapprouve notre moment de faiblesse. Son entrée remarquée aura au moins eu l'effet de faire retomber la pression et me ramener le temps d'une seconde à la raison.
Le mariage ! Quelle conne ! Je dois m'en aller loin de lui pour pouvoir réfléchir de manière efficace sans qu'il s'interpose entre mon cerveau et moi...
- De quoi tu te mêles C. ?
Louis montre les dents, il est énervé par cette intrusion. Je m'écarte un peu plus de lui et profite de ce moment d'inattention pour courir vers la sortie :
- Je la prends ! Mettez-la sur mon compte !
Pas le temps de se rhabiller, ni de payer, je crie sans m'arrêter, il faut que je dégage d'ici au plus vite avant de succomber encore. Louis doit s'en tenir à sa décision, je dois l'y contraindre pour son propre bien, même si cela implique que je m'éloigne de lui, une promesse est une promesse.
Ce n'est que quand je foule le trottoir que je me rends compte que je suis pieds nus, mais peu importe, lui échapper est la priorité. Je commence une course folle à travers les rues de la capitale. Je sens les regards sur moi mais je n'ai que faire de ce que pensent les gens. Je veux être loin de lui.
- Attends !
Mais laisse-moi ! Va t'en épouser ta sainte-nitouche et lâche-moi la grappe !
Mon endurance défectueuse par manque d'entraînement se fait ressentir, au bout de deux rues, je suis complètement essoufflée, une pointe de côté menace mon flan droit mais je l'ignore, je dois résister car il est à mes trousses.
- OPHELIA !
Arrivée, devant chez moi, je tape le code comme une hystérique et passe la porte sans me retourner, la moindre seconde est importante pour distancer mon athlète du jour. La cage d'escalier me tend les bras, j'escalade deux à deux les marches qui me mèneront vers mon refuge.
Il faut que j'accélère. Vite ! Tu peux le faire !
Ma porte s'ouvre avec fracas et défonce au passage le vase de fleurs sur le guéridon. Je suis à bout de souffle mais je dois me ressaisir pour fermer cette dernière, encore grande ouverte.
Quand le clic de la porte ne se fait pas entendre, je comprends que quelque chose m'en empêche. Mes yeux se baissent avec appréhension pour découvrir une chaussure noire en cuir...
- Ne fais pas ça ! Laisse-moi te parler...
- S'il te plaît, va t'en ! Ne gâche pas tout...
Mes paroles sont des piques qui le touchent en plein cœur, j'attends le flux de sang qui jaillit de ce dernier. La porte entre nous entretient la distance raisonnable de rigueur. Sans elle, je ne répondrai de rien, cette course poursuite n'a fait que raviver mes ardeurs, je sens mon bas ventre se tordre encore et encore dans l'attente d'une communion de nos deux corps.
- Laisse-moi te voir...
- Impossible...

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Aime-moi ... (TERMINÉ)
Любовные романыL'amour est un concept inventé pour les faibles... La seule croyance qui fait loi dans mon monde est la foi en soi. Moi, Ophélia Brémont, je ne fais pas partie de ces gens qui pensent que l'amour les sauvera...