CHAPITRE 26

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PDV OPHELIA

- Mlle Brémont, votre père est en réunion  !

La ferme Véronica  ! Va recompter les trombones et ne me fais pas chier, je ne suis pas d'humeur.

Je viens de pénétrer dans les bureaux comme une furie, rien ne peut m'arrêter, même pas cette idiote. Encore une fois, devinez qui me court après, l'assistante de mon père. Tant bien que mal elle arrive à me barrer la route juste à temps, ma main est posé sur la poignée de la double porte de la salle de conférence. Mais comme je vous l'ai dit plus tôt, rien ne peut me stopper. Avec une certaine violence, je dois le reconnaître, je pousse l'obstacle sur échasse qui m'empêche de franchir la porte. Elle bascule et tombe les fesses au sol. Non mais je vous jure, c'est quoi ces bimbos qui veulent porter des talons de 12 cm alors qu'elle ont la grâce d'un éléphant.

Sans frapper, j'entre comme une folle.

Un petit arrêt sur image s'impose, si vous le voulez bien... Je sais ce que vous vous dites... Ophélia, Ophélia et ta carrière  ! Je vous l'accorde, je suis en train de merder... Mais n'avez-vous jamais été en colère  ? À un tel point que seule votre rage vous guide et que vos actes n'ont plus rien de raisonnables. On va dire que ce qui va se dérouler est la manifestation d'une folie passagère qui me rendra encore plus détestable que je le suis déjà...

Mon père est là, assis au milieu de tous les actionnaires et Louis. Qu'est-ce qu'il fait là  ? Mon retour aux sources est un cauchemar  ! J'ai l'impression d'avoir débarqué dans la quatrième dimension.

Que le spectacle commence  !

- Ophélia  ?

- Comment peux-tu accepter qu'elle revienne comme une fleur  ? N'as-tu vraiment aucune dignité  ?

Je suis à bout de souffle, mon corps est en ébullition, je ne vais pas tarder à exploser.

- Veuillez-nous excuser un moment, continuez sans moi.

Mon père se lève pour me rejoindre et me conduire loin des yeux indiscrets. Je sens le regard de Louis sur moi mais je m'occuperai de son cas plus tard. Fais la queue, y a du monde avant toi, voilà ce que j'ai envie de lui dire. Avant de quitter la pièce, je ne manque pas de lui faire comprendre à l'aide d'une œillade assassine qu'il est le prochain sur ma liste. J'ai l'impression pendant une seconde de l'avoir vu trembler. Si tel est le cas, c'est bien, car ce qui attend mon père n'est rien comparé à ce que je te réserve.

Une fois la porte de son bureau fermée, j'explose  :

- Comment peux-tu être aussi aveugle  ?

- Je ne te permets pas de me juger. Ce sont des histoires d'adultes.

- Et moi dans tout ça  ?

- Toi, tu es l'enfant.

- J'ai 23 ans aujourd'hui, je ne suis plus une gamine. Ouvre les yeux  !

- Alors arrête de te comporter comme tel. Tu crois vraiment que les actionnaires vont te considérer comme une adulte après cette entrée plus que ridicule.

Le ton de mon père est froid et distant, il est déçu, je peux le ressentir. Mais moi aussi, il me déçoit, l'homme que j'ai idolâtré toutes ces années n'est pas différent des autres. Lui aussi est faible, il se laisse embobiner comme le premier des crétins. Réveille-toi  !

- Je ne peux pas te laisser faire...

- Je ne te demande pas ton avis Ophélia.

Mais ce n'est pas possible  ! Il ne peut pas la laisser gagner aussi facilement.

- Qu'est-ce qu'elle a contre toi  ?

- Dans quel monde vis-tu  ? Arrête de croire que tout le monde manipule tout le monde. C'est le tien, pas le mien.

Peut-être qu'il est temps de te remettre en question  !

- Comment peux-tu me dire ça  ?

- Parce que tu te comportes comme une petite fille capricieuse. Si tu veux vraiment que l'on te considère comme une adulte, arrête de penser comme une enfant  !

- Je ne peux pas cautionner ce mariage.

- Tu n'as pas le choix.

- Peux-tu être plus clair  ?

- Que soit tu acceptes le retour de ta mère et sa présence parmi nous, soit tu pars.

- Je... Quoi  !

Mon père est-il vraiment en train de me mettre à la porte  ? Il la préfère... Mais pourquoi  ? Qu'avais-je fait pour mériter autant d'indifférence  ? Je n'arrivais pas à exprimer mes sentiments, elle si. Là est notre différence. Mon handicap sentimental allait me poursuivre jusqu'à la fin de mes jours. Je suis maudite...

- Je ne te laisse pas le choix. La place de ta mère est à mes côtés que ça te plaise ou pas. Désormais, la décision de rester ou de partir t'appartient. Maintenant, DEHORS  !

Mon père me crie dessus pour la première fois de ma vie. Je suis perdue. Comment lui faire entendre raison  ? Marla a planté ses griffes au plus profond de sa chair, mes mises en garde ne changeront rien. Je ne suis plus la priorité de mon père. En l'espace d'un mois, j'ai tout perdu. Mon meilleur ami, la dévotion inconditionnelle de mon père et ma brillante carrière vient d'être sérieusement entachée par mon comportement puéril comme l'a si bien dit mon père.

Que me reste-t-il  ? Pour la première fois de ma vie, je n'ai nulle part où aller...

Aime-moi ... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant