CHAPITRE 28

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PDV OPHELIA

Seule dans une chambre d'hôtel, je laisse émerger mon chagrin. Depuis plus d'une heure, je pleure toutes les larmes que mon corps a retenu. Des sanglots accompagnent mon incapacité à comprendre vraiment ce qu'il m'arrive. Je n'avais jamais pleuré autant.Tel un animal blessé, je me suis écartée, mise à l'abri le temps de panser mes blessures encore à vif.

Assise sur un des fauteuils bergère de la suite Jardin, je regarde par la fenêtre les lumières qui illuminent la capitale parisienne. Elle pourrait être synonyme d'espoir si j'avais la foi. Mais cette dernière m'avait quitté depuis bien longtemps. La seule personne qui me donnait encore des raisons de croire en un futur meilleur venait de me jeter comme une malpropre, moi, sa meilleure amie.

Je resterai en retrait le temps qu'il faudra pour revenir plus forte. Je ne laisserai personne me détruire. Ma vie n'appartenait à personne. Jamais quelqu'un ne déciderait de mon sort. Moi, Ophélia Brémont, je prendrais ma revanche. Ma vengeance serait à la hauteur du mal que l'on m'avait causé.

Mais pour l'instant, je me laisse aller à la faiblesse, je pleure comme pour évacuer un trop plein émotionnel. Je découvrais l'existence d'un organe jusqu'à présent inconnu pour moi  : mon cœur et ce dernier saigne.

Des coups à la porte me font sursauter. Qui est-ce  ? Je me dirige vers le vestibule pour ouvrir à la personne qui a décidé de me persécuter encore. Finalement, la journée de mes 23 ans qui touche presque à sa fin, a jugé qu'une dernière tourmente serait nécessaire.

Avant d'entrebâiller la porte, j'essuie du revers de la manche de mon peignoir les dernières traces des larmes qui ont humidifié mon visage.

Je reprend ma respiration et ouvre  :

- Qu'est-ce que tu fais là  ?

- On doit parler...

Mon visiteur nocturne me pousse pour se frayer un passage jusqu'au salon. Il se détient devant la fenêtre comme je l'ai fait avant qu'il n'arrive. Il porte un costume de cérémonie.

- Paris est une ville tellement belle, dit-il comme perdu dans ses pensées.

Il semble apaisé, sa colère ne se dénote plus. Il est venu en paix. Mais moi, je ne veux plus de cette dernière. Je veux ma revanche  :

- Maintenant, tu veux parler  ?

Il se retourne pour me faire face enfin, ses yeux expriment la tristesse mais c'est trop tard pour regretter. Il fallait réfléchir avant d'agir. Il s'avance vers moi, plus près que je ne le désire. Il respire mon air, j'étouffe  :

- Recule  !

Il ignore mon ordre et s'aventure au delà en posant sa main sur ma joue. Avec son pouce, il caresse ma pommette encore moite. Mais qu'est-ce qu'il croit  ? Qu'après ce qu'il vient de faire, je l'autoriserais à poser ses mains sur moi.

- Ne me touche pas  !

Je repousse violemment sa main et remets une certaine distance entre nous. Je n'ai que faire de sa pitié.

- As-tu pleuré  ? Me demande t-il torturé.

- Pourquoi ce que je ressens t'intéresse maintenant  ?

- Je ne veux pas que tu pleures, ça n'a jamais été mon intention.

Lorsqu'il prononce ces paroles, il prend des airs de petit garçon pris en faute qui s'excuserait pour son mauvais comportement. Mais non, rien ne sera oublié. Je ne pardonnerai plus ses écarts de conduite. À partir de ce jour, la tolérance zéro serait de mise.

Aime-moi ... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant