CHAPITRE VINGT-NEUF .1

70 15 21
                                    



Lorsqu' une main fraîche lui saisit la cheville et la secoua doucement, Tranit grommela et resta obstinément les yeux fermés. La secousse recommença et une petite voix fluette se fit entendre.

— 10-25 pour Barcus unité.

Tranit ouvrit les yeux et devina une petite silhouette. Comment quelqu'un pouvait-il être encore plus fluet qu'Adacie ? Tranit s'étira.

— Merci enseigne.

La silhouette se retira par l'accès au vestibule et Tranit s'assit sur son lit, toute surprise de ne pas sentir d'engourdissement. Ce lit était une merveille.

Devant elle, Adacie dormait sur le côté, la couverture à moitié tombée les mains crispées sur l'entrejambe. Tranit devina qu'elle s'était offert quelque consolation pendant son sommeil. C'était un bon moyen d'évacuer la fièvre.

Elle s'assura que la jeune fille dormait bien, son souffle était régulier, sa peau bien sèche et fraîche signe qu'elle allait mieux. Elle fit sa toilette et passa un uniforme propre avant de passer dans le vestibule et de chausser ses bottes.

Derrière la paroi de toile, elle entendait les enseignes s'activer autour de leurs affaires. Tranit ceignit son ceinturon avec son pistolet et son épée puis sortit du chariot.

Le camp était déjà bien éveillé, elle apercevait des colonnes d'hommes se rendant à la soupe. Près de son chariot, celui de la cuisine de la compagnie auxiliaire préparait déjà pâtés fourrés et lait de noisette.

Tranit n'eut qu'à sortir de son chariot pour qu'un de ses enseignes lui apporte à boire et à manger. Le même âge qu'Adacie, mais ce garçon semblait terrorisé. Sans doute impressionné, il ne lui était guère facile de se faire une idée de son premier commandant.

— Merci enseigne. Qui est le ou la plus âgé d'entre vous ?

— C'est moi commandant. Enseigne Alux affecté à votre service.

— Repos enseigne. Cinq choses. Quelle tenue pour les activités des volontaires ce matin ?

— Euh... cette tenue TTA mon commandant. Le commandant Luin a prévu une course d'une heure puis, après le déjeuner et la toilette, une séance d'OS.

Tranit ne savait pas de quoi il parlait, mais préféra ne pas le lui demander, les trémolos dans sa voix lui faisaient craindre qu'il s'évanouisse à n'importe quel moment.

— Merci enseigne. Vous enverrez quelqu'un vérifier ma tenue, je ne connais pas tout.

— Oui mon commandant.

— Ensuite, un ou une enseigne accompagnera mon ordonnance pour faire recharger les quartz porteurs et surtout faire examiner sa blessure par un liaig. Elle ne pourra pas y échapper.

Dans le même temps, je veux qu'on me trouve un cocher ! Demandez au sergent Macie, elle semble connaître pas mal de monde. Enfin dernière chose, vous ferez porter une tenue de rechange et mon quartz de tactique dans le fourgon d'état– major

— À vos ordres mon commandant.

Tranit embarqua son repas léger et remonta dans son chariot. Autant qu'elle n'avale pas grand-chose de si bonne heure, avec le programme de Luin, elle vomirait tout d'ici peu. Tranit posa une tenue propre sur son lit ainsi que son quartz de tactique.

Dans une vieille bourse de cuir, elle tenait de petits cailloux bien polis et peints pour simuler différentes unités sur un plan. Elle trouvait cette façon de faire bien commode pour mémoriser des mouvements.

Elle but une tasse de lait et avala un pâté fourré de pâte de noisette onctueuse bien chaud. Une petite voix se fit entendre.

— Permission d'entrer mon commandant ?

— Oui, montez.

La petite enseigne l'ayant réveillée se présenta devant elle.

— Enseigne Lonig mon commandant. Vous voulez que je vérifie votre tenue ?

— Exactement ! Comment je suis habillée ?

La petite fille, elle ne devait pas avoir plus de seize ans sourit.

— Très bien habillée mon commandant. Tranit se demanda si la gamine avait bu tant sa voix oscillait. Vous êtes si belle !

Une voix grognonne se fit entendre de la chambre.

— Évidemment qu'elle est belle ! C'est la commandante Tranit, enseigne ! Viens chercher ses chaussures !

L'enseigne était pétrifiée en apercevant le visage d'Adacie et Tranit la regarda en fronçant les sourcils.

— Ne martyrise pas tes enseignes sinon je te punirai encore ! Pourquoi te lever maintenant ?

— Pour vos chaussures. J'ai garni vos paires de bourre mouillée pour faire travailler le cuir. Vous risquez d'avoir mal aux pieds ce soir, mais il n'y a pas d'autres moyens pour les faire.

* * *

Merci pour votre lecture. Si vous avez aimé, un petit vote serait fort sympa.

Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant