CHAPITRE QUARANTE-SEPT .2

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Il repartit en sifflotant. Tranit fit quelques pas vers la tonnelle. Quatre jeunes adolescents vêtus des aubes des novices faisaient face à une cinquième personne, que Tranit n'aperçut pas tout de suite, mais dont elle reconnut immédiatement la douce voix chaude.

— ... voilà pourquoi cette fable du Flatteur flatté est intéressante juridiquement. Elle nous montre bien que les gens qui font appel à un jugement ne sont pas toujours d'innocentes victimes. Vous... Tranit venait de s'avancer un peu plus près et le druide sembla surpris avant de lui sourire... Vous allez chercher ensemble parmi les jugements étudiés avec maître Cellabix, celui ou ceux pouvant faire partie de cette catégorie. Excusez-moi un instant les enfants.

Itaïng se leva souplement et vint à la rencontre de sa fille, les yeux brillants de joie et de fierté.

— Ma chère enfant ! Ma petite fille !

Tranit le laissa la prendre dans ses bras et la serrer fermement, montrant bien ainsi son émotion. Mais la jeune fille recula rapidement pour observer son visage.

— Père ! Ta barbe !

Itaïng avait un visage glabre et semblait rajeuni de nombreuses années. Il s'en amusa en se passant la main sur le menton.

— Je n'avais plus besoin de sembler sage et sérieux. Lorsque j'ai compris que je devais partir, j'ai immédiatement demandé au barbier de me la couper. Le pauvre Talux n'en revenait pas.

Il prit sa fille par le bras et l'entraîna dans une marche lente dans la cour.

— Tu venais de partir pour tes manœuvres et Ilatrane allait se marier. J'ai rempli mes fonctions pour les fêtes du solstice, puis j'ai laissé les choses arriver.

Diarix est un très bon ami et a été ravi de m'accueillir. Nous passons tous les après-midi ensemble à parler, à chevaucher. À chasser parfois, mais tu sais que ce n'est pas mon activité favorite.

— Oui père, je le sais, s'amusa Tranit alors que quelques souvenirs de chasse communs lui revenaient à l'esprit. J'aurais aimé te revoir plus tôt, mais c'est à mon retour des manœuvres que nous avons rencontré une colonne de l'armée du prince du Banca, qui nous a appris que la guerre allait commencer. Depuis lors, tout s'est enclenché.

— J'ai appris par le comte que tu allais être destitué de ton commandement. Il a eu la délicatesse de m'envoyer un messager et m'a assuré qu'il ferait tout son possible pour t'aider.

Itaïng regarda sa fille, son étrange uniforme et surtout son blason, le « Trois bleus » qui trônait sur son épaule gauche et son étrange couvre-chef, la casquette.

— Mais je vois à ta tenue que tu as rejoint les Montagnards ?

— Oui, j'ai eu une offre surprenante et très difficile à refuser. J'ai été chassé de la milice le lendemain de notre retour. J'ai sans doute été la dernière à le savoir. Les gens d'Asasp m'ont proposé quelque chose.

— Un commandement, ma fille ?

— Oui, celui d'un régiment, d'un gros régiment. Je suis maintenant presque l'équivalent de notre légat.

Tranit expliquait tout cela sans forfanterie. Elle ne voulait pas s'engager dans des explications qui demanderaient encore plus de précisions. Son père aimait bien connaître le fond des choses et sa curiosité était insatiable.

— La guerre apporte malheureusement des opportunités impossibles autrement, soupira-t-il doucement. Mais tout de même. Quand je repense à ta mère qui a tout fait pour te désintéresser du métier des armes.

Tranit sourit à ces souvenirs. Sans jamais rien lui interdire, sa mère avait par tous les moyens tenté de l'intéresser à d'autres activités, comme elle l'avait fait avec Ilatrane.

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant