CHAPITRE TRENTE-HUIT .1

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Le 1er floréal

Lorsque Tranit rouvrit les yeux, tout son corps semblait parcouru d'une onde de félicité qu'elle n'avait pas autant ressentie depuis de longs mois. Elle inspira la douce chaleur s'élevant de la chevelure d'Adacie qui dormait encore profondément et se rappela avec amusement la série d'orgasmes qu'elles s'étaient offerts quelques heures plus tôt.

Cette petite était tenace et son abandon total. Tranit déposa un chaste baiser sur son front et se dégagea d'elle pour sortir de sa couche.

Aucun bruit autour d'elle, mais un regard par l'ouverture dans la bâche lui montra que la sixième veille était bien entamée et qu'on était probablement à mi-chemin de la première heure du matin.

Tranit attrapa les affaires propres qu'Adacie lui avait sorties et passa à la douche. Elle en ressortit peu après, en pleine forme. Elle récupéra ses armes et ses écrits de la veille et passa dans son vestibule bureau où elle alluma les lanternes à quartz pour pouvoir travailler.

Elle passa la tête par l'ouverture de son chariot et devina les sentinelles sur le rempart, des ombres en mouvement autour du chariot des cuisines. Un sous-officier l'aperçut et vint la saluer.

— Mes respects, mon commandant, lui dit-il à voix basse, désirez-vous quelque chose ?

— Bonjour sergent. Passez voir le cuistot et qu'il se presse pour mon déjeuner.

Le soldat s'y rendit en quelques grandes enjambées et Tranit s'installa à sa table. Elle relut les notes écrites la veille et imagina quelques situations dont elle nota les points principaux sur une nouvelle feuille. Elle allait devoir trouver un nouveau site d'exercices, celui-ci étant inutilisable pour une décade ou plus.

L'artillerie le matin, faire manœuvrer les deux bataillons puis en revoir le déroulement avec les officiers. Un jour ne serait pas suffisant. Tranit dressa une liste de tâches pour Adacie. Si sa blessure évoluait si bien, elle pourrait prendre la petite avec elle et visiter les environs pour lui trouver un site d'entraînement.

Tranit entendit du mouvement dans la chambrée des enseignes et devina la voix du sergent qui les prévenait qu'elle était debout. Il y eut une certaine agitation et quelques cris de surprise. Juste après, un plateau avec beignets fourrés et pot de lait de noisette fumant était déposé sur son plancher.

Tranit s'en empara et se versa une tasse d'un liquide onctueux et fumant. Quelques instants plus tard, la petite voix de Lonig se fit entendre.

— 10-25 pour Barcus Unité.

— 10-4, enseigne ! Grimpez à bord, j'ai du travail pour vous.

La petite Lonig se faufila auprès d'elle et Tranit lui montra une feuille.

— Aujourd'hui encore, vous resterez avec la lieutenante Adacie et notre invitée. Voici ce que j'ai besoin qu'elle fasse pour moi. Vous verrez avec elle et ce qu'elle avait prévu de faire pour repartir les tâches.

— Oui mon commandant. Vous repartez avec un peloton de cavalerie. Vous avez besoin d'enseignes avec vous ?

Tranit réfléchit un instant. Elle aurait encore besoin de conseils.

— Qui à la meilleure connaissance de l'artillerie ? Les caractéristiques, l'utilisation... Je vais assister à un entraînement ce matin.

La petite Lonig n'hésita pas.

— Viano, mon commandant, le... grassouillet, précisa-t-elle en retenant un sourire.

Tranit fit signe qu'elle voyait, l'un des garçons qu'elle avait le moins vus, un petit gros à l'aspect taciturne qui ne semblait pas trop apprécier les cavalcades à dos de dorkis.

— D'accord, il viendra avec moi. Donne-lui ses instructions pour être prêt à... Tranit hésita et précisa, le quart de la première heure...

— C'est six heures trente, commandant. Je vais le lui dire.

Elle partit en courant et Tranit l'entendit donner ses instructions d'une voix enjouée. Ce Viano semblait être celui avec lequel elle avait le plus de soucis.

Tranit entendit une plainte et les ricanements de ses camarades.

Elle n'y prêta pas plus attention et se concentra sur ses beignets odorants qui lui mettaient l'eau à la bouche.

* * *

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Vixii


Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant