Adacie s'y dirigea en sautillant et s'aidant de son fut de hallebarde. Tranit s'amusa à la regarder de dos, sa robe d'hôpital s'ouvrait et laissait voir ses petites fesses fermes tressauter. Tranit la rattrapa.
— Calme-toi, tout le monde peut admirer ton petit cul. Le fils du carrossier commence à sourire bizarrement !
Adacie s'en amusa et accentua une dernière fois le mouvement.
— Je l'ai déjà entendu assez souvent. C'est pas croyable le nombre de gens qui me parlent de mes fesses. Elle baissa le ton pour poursuivre : Commandant, ce chariot sera parfait pour vous, croyez-moi.
— T'as vu les flotteurs ?
La jeune fille eut un sourire enjôleur.
— Comment s'imaginer qu'un seigneur capable de faire s'abattre un arbre au moment voulu n'a pas les moyens de réactiver des quartz aussi souvent qu'il le veuille.
Les yeux de Tranit s'écarquillèrent.
— Ça aussi, il peut le faire ?
Adacie s'assit sur le plateau du chariot pour soulager sa cuisse.
— Commandant, si demain midi ce chariot ne flotte pas au moins à hauteur de taille, vous pourrez faire de moi ce que vous voudrez ! Vous savez que je n'invente rien à propos de sa seigneurie.
Tranit l'observa, hésitante. Adacie la regardait de ses grands yeux noisette.
— Je crains surtout que tu veuilles que je fasse de toi ce que je veux, je commence à te connaître.
La jeune fille sourit mais rosit aussi un peu et son regard se voila légèrement. Tranit lui titilla le bout du nez et montra le chariot.
— Et comment allons-nous faire avec le vendeur ?
— Laissez-moi parler avec le fils.
— Qu'est-ce que tu vas faire ? Le ton de Tranit était chargé de reproches. Elle avait vu Adacie hier user de son charme sur un jeune officier. Elle ne voulait pas que cela devienne une habitude.
Adacie lui chuchota au creux de l'oreille.
— Ne vous inquiétez pas, rien d'inavouable. Je vous expliquerai ce soir si nous avons le temps. Je vous le promets. Laissez-moi quelques instants.
Tranit accepta et retourna examiner d'autres chariots de grande taille. Elle examina attentivement les différents modèles avant de revenir à celui qu'Adacie lui avait montré. Elle avait raison. Son état était excellent, le bois magnifiquement entretenu.
Le marchand qui l'avait utilisé devait être un fin marchandeur parce qu'il avait dû coûter assez cher.
Adacie papillonnait autour du fils de l'artisan, un solide gaillard d'une quinzaine d'années. Il appréciait les petits commentaires de la jeune fille qui faisait plus jeune que son âge, surtout lorsqu'elle minaudait.
Le carrossier vint près de Tranit et lui montra le chariot.
— C'est malheureux de voir ça. Un travail magnifique.
— C'est vous qui l'avez construit ?
— Non, dit le marchand avec une petite pointe de tristesse. J'aurais bien aimé. C'est le chariot de la veuve Ilyac d'Outre-berge. Celle que votre père a défendue.
Son nouveau mari a décidé de vendre le chariot mais en a changé les flotteurs qu'il a vendus séparément. Cela lui fait perdre toute sa valeur
— Je comprends. Cela m'étonnait de le voir ainsi. Et combien pensez-vous en tirer ?
— À quelqu'un d'honnête, j'en demanderai dix soleils. Le mari en voudrait quatorze, mais je lui ai dit que sans les quartz c'était impossible. Il a essayé de le vendre ailleurs, mais personne ne lui en a proposé plus que moi.
Tranit se fit hésitante, la somme était d'importance, mais cela en valait certainement le coup. Elle allait accepter quand le fils vint près de son père et lui chuchota à l'oreille. Adacie faisait l'innocente plus loin. Le carrossier compara la hauteur du chariot par rapport à son genou et secoua la tête. Il revint vers Tranit.
— Mon fils m'a fait remarquer avec justesse que les pousseurs étaient plus faibles que je ne le pensais. Je devrais baisser le prix d'au moins deux doubles-lune.
Si je baisse plus, je perds de l'argent sur le prix du bois brut.
— Neuf soleils dix doubles-lunes, cela me va ! Vous accepteriez une créance des Montagnards ?
— Vous travaillez pour eux ? s'étonna l'artisan.
— Oui, le conseil de Maubourguet m'a congédiée. J'ai accepté un poste équivalent chez les montagnards.
— Les créances de leurs marchands sont toujours les bienvenues.
Tranit lui montra sa plaquette, le paiement était certifié pour le lendemain, aussi l'accepta-t-il avec plaisir et en donna une en guise de facture. Tranit et Adacie se retrouvèrent au coche.
Maintenant, il fallait trouver un attelage et Tranit songea où se rendre. Un marchand de Maubourguet, souvent en affaire avec le légat, proposait de bonnes bêtes de somme.
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 2
FantasyPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...