CHAPITRE QUARANTE-QUATRE .6

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Le visage d'Adacie était illuminé par son grand regard brillant.

— Tu es contente ?

— Oh oui commandant ! J'y pensais depuis notre premier jour, mais je n'avais pas osé le lui demander. Cette fois-ci, avec la demande du prince, c'était vraiment l'occasion rêvée. Et ça ne sera pas inutile, loin de là.

Nous allons utiliser presque toute notre allocation. Nous serons bien contentes d'avoir quelques recharges supplémentaires.

— Tu pourras obtenir du prince quelques rouleaux et des tiges à amorces ?

— Oui commandant, s'esclaffa Adacie et bien plus ! Je vais avoir au moins une douzaine d'enseignes et d'officiers à gérer pour son régiment, je ne sais pas comment nous nous en sortirons, mais les vacances sont finies !

Tranit poussa un petit soupir. Si Adacie considérait la décade qui venait de se dérouler comme des vacances, qu'attendait-elle de celles qui allaient suivre ?

Elles remontèrent jusqu'à la maison forte et rejoignirent leur chariot d'habitation. Le vestibule avait été raccourci et Adacie lui expliqua qu'elle avait installé un lit supplémentaire pour la petite Suwane.

— Je n'allais pas passer toutes mes nuits dans celui de ma commandante...

Tranit s'en amusa.

— J'ai l'impression qu'elle t'accueillerait bien dans le sien ! Tu as vu ses yeux ?

Adacie rougit, Tranit en fut certaine malgré le manque de lumière et se rapprocha d'elle.

— Elle est adorable et mérite notre soutien, mais qui pourrait remplacer ma déesse ?

Tranit se retint de lui mordiller les lèvres, traversée par un spasme de désir et lui tapota les fesses.

— Ne m'excite pas Kalonig ! Nous avons trop de choses à faire !

Adacie se recula, visiblement satisfaite de la réaction de Tranit. Celle-ci dégrafa son ceinturon qu'elle posa sur la table. Le cahier de Suwane s'y trouvait ; bien en vue. Adacie précisa.

— Elle voulait que vous lisiez les réponses aux questions du druide pour que si vous avez les vôtres, vous ne perdiez pas de temps.

— Tu l'as lu ?

— Non, juste vu quelques phrases. Je me suis dépêchée de revenir à vos côtés.

— Bien ! Va te doucher, te changer, nous le lirons ensemble. Je vais faire venir des boissons.

Adacie s'engouffra dans le compartiment chambre. Tranit appela un enseigne pour obtenir de quoi boire et grignoter puis s'alluma une nouvelle pipe qu'elle fuma en rêvassant, les yeux levés vers le ciel.

Elle repensait à ce qu'Erwan leur avait expliqué, à ce que le prince avait suggéré. Une guerre civile était-elle possible chez les Montagnards ?

Tranit n'avait connaissance que de la politique locale. Par ses lectures, elle avait entraperçu ce que cela pouvait être dans les grandes villes soumises à l'empire, mais le Banca et le Goizueta lui semblaient bien différents de ce qu'elle imaginait auparavant.

Adacie la rejoignit peu après, le corps fleurant bon le savon. Elle avait passé une paire de sous-vêtements propres pour tout linge.

Tranit la fit asseoir près d'elle et elles lurent ensemble les pages griffonnées de Suwane. Les questions du druide se devinaient facilement. La jeune fille donnait toutes les informations en sa possession concernant cette étrange pierre noire.

Comme les quartz flotteurs étaient extrêmement rares dans les états montagneux du Briscous, Suwane n'avait jamais observé cet étrange phénomène et elle ne pensait pas que ses frères et sœurs fussent au courant. La statue avait été offerte à leur mère peu après son mariage. Elle venait d'un état du nord de la Guyenne.

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant