CHAPITRE QUARANTE-SEPT .5

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La jeune femme salua de nouveau le seigneur d'une manière plus martiale puis recula poliment jusqu'à l'escalier qu'elle dévala allègrement.

Elle reprit sa monture et quitta la cour du château sous les regards étonnés des soldats de la voir repartir si vite. Tranit rejoignit son escorte qui attendait devant la taverne, dégustant une chope de bière, en bavardant tranquillement.

Adacie vint à sa rencontre, tenant quelque chose dans sa main.

— Vous avez la permission commandant ? Voici ce qu'il nous faudrait.

Tranit prit ce qu'elle lui tendait et reconnut un culot d'une munition déjà tirée qu'Adacie avait sacrifié et écrasé pour le rendre méconnaissable.

— Nous allons voir ça. Où est le maître de forges, demande-t-elle à l'arbalétrière.

— Vous avez vu le seigneur Diarix ?

— Sous sa tonnelle, dans son jardin intérieur. Il m'a permis d'acheter un ou deux lingots de laiton et du plomb, dit-elle en lui donnant la marque de cuir...

— Alors, venez ! Il est à l'intérieur. C'est l'heure de son repas.

Tranit fit signe à Adacie de la suivre et elles entrèrent dans l'auberge. Un homme immense et richement vêtu mangeait copieusement. Il reconnut l'arbalétrière et accepta d'écouter Tranit.

Comme à contrecœur, il accepta de délaisser son repas pour rejoindre sa forge, quelques maisons plus loin. Ses aides faisaient couler de l'alliage dans des moules, les plus doués fabriquant des pièces d'armures.

Dans une pièce fermée par une épaisse porte, l'artisan leur présenta ses lingots de métal, d'alliage. Il y en avait pour une fortune en fer, en cuivre.

— Le plomb, j'en ai presque trop en ce moment. Le filon donne bien, mais personne n'en achète, ou pas assez. Tout le cuivre passe dans l'alliage de bronze, beaucoup d'hommes n'ayant pas les moyens s'achètent de telles armes. Lasseube m'a commandé toutes les épées et les hallebardes que je pouvais fournir.

— Non, non, seulement du laiton pour moi, et du plomb. Deux lingots de chaque ? Comment est votre laiton ? Identique à celui-ci ?

Elle lui tendit le culot fourni par Adacie et l'artisan l'observa avec curiosité ne sachant pas d'où cela venait. Il finit par hausser les épaules et sortit un désamagar avec lequel il observa le culot.

— Ouais, c'est un bon alliage bien propre. Le mien est au moins aussi bon. Je fais du travail soigné, moi !

Il y avait une petite pointe d'orgueil dans sa voix, mais sous les loupes de quartz de l'analyseur, le résultat était évident. Son alliage était très bon, aussi Tranit lui fit une offre. Il y eut quelques petites discussions et ils se mirent d'accord sur le prix.

Les aides coupèrent les lingots en plusieurs parties et les apportèrent à l'escorte de Tranit. L'artisan y déposa son sceau, signe que le métal avait été légalement acheté. Tranit leva les yeux au ciel pour voir où se trouvait le soleil.

Elle se retint de sortir sa montre, mais devinait aisément qu'il était plus que temps de retourner au navire. La journée n'était pas finie.

La petite troupe se fit indiquer le chemin le plus direct et traversa le domaine par son centre, pour descendre jusqu'à la pointe nord où le catamaran faisait relâche.

L'équipage avait négocié l'achat d'une truite tout juste pêchée et était en train d'embarquer les morceaux sous l'œil attentif du capitaine. Tranit rejoignit l'homme sur la passerelle.

— Nous partirons quand vous serez prêts, capitaine. Quand pourrez-vous envoyer un message ?

— Un message à qui, commandant ?

— À la tour, ce sont eux qui réunissent les informations générales.

— Il faudra attendre encore un peu, une demi-heure au moins. C'est urgent ?

— Gensac a prêté hommage à Lasseube, aussi Diarix ne pourra pas renouveler le marché pour les vivres. Ils finissent les caisses qu'ils avaient et ce sera tout.

Le capitaine eut une moue intéressée.

— Oui, les marchands seront heureux de l'apprendre aussi vite. Lasseube suzerain de Gensac ? J'imagine qu'ils se sont empressés d'interdire tout commerce avec nous.

— Vous avez vite compris, capitaine. On saura si c'est si sensible, quand on verra ce qui arrive à mon père. Ils vont savoir que nous sommes venus ici et que Diarix héberge le père d'une chevalière au service des Montagnards. Nous verrons bien ce qui se passera.

— Oui commandant. Je vais faire préparer un message, soyez sans crainte.

Tranit remercia l'officier et redescendit retrouver Adacie et Suwane pour un rapide repas. L'armurier avait mis leur absence à profit pour faire cours sur le FLAPACA à quelques enseignes du navire.

Il refit travailler la jeune femme et son équipe sur le montage et remontage de l'arme. Dès le lendemain, ils pourraient se consacrer au tir sur cibles fixes.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant