Pourtant, au nord de ceux-ci se trouvait une hauteur bien plus imposante, bien à l'abri des intempéries. La végétation présente en était la preuve que l'endroit n'avait pas été submergé depuis fort longtemps, si jamais il l'avait été. Et comme l'avaient supposé les reconnaissances, sur sa face est se trouvaient bien les ruines d'une ancienne maison forte envahie de ronces et d'insectes en tout genre. Le sol montrait que des serpents étaient passés peu de temps auparavant, ainsi qu'une belette.
Néanmoins, l'endroit correspondait à ce que cherchait Tranit. En mieux même. La tour de guet, une fois retapée pouvait être bien utile. Le sourire que Tranit offrit à l'enseigne et ses cavaliers les assurèrent de sa satisfaction.
L'endroit était hors de portée de signal, mais offrait de nombreuses possibilités.
Tranit pénétra dans la cour, carabine à la main, deux cavaliers avaient mis pied à terre et la suivaient, sens aux aguets.
Le chef de patrouille fit entrer plusieurs de ses hommes dans la cour et leur montra le rempart et un bâtiment enfouis sous un ancien roncier.
— Faites-moi un 10-14 de l'endroit. Ne restez jamais seuls ! Enseigne ! Je veux un 10-27.
Tranit montra la tour et le mur éventré donnant sur un escalier en colimaçon aux deux cavaliers l'escortant.
— Allons voir en haut, prévenez les autres.
L'un des cavaliers se tourna pour lancer une série de ces codes.
— Barcus Unité en 10-14 pour 10-86.
Tranit ne reconnut que son indicatif de Barcus Unité. L'enseigne leur lança.
— Sergent, je veux un 10-20.
— 10-04 monsieur !
Passant dessus les gravats, Tranit commença à remonter l'escalier. Un cavalier vint près d'elle, le sergent. Il tenait son pistolet long à deux mains.
— Mon commandant, lorsque vous montez un escalier sans protection... vous êtes devant aussi vous restez bien contre la colonne centrale. Moi je suis juste derrière et contre la paroi.
Vous regardez la paroi, moi la colonne, ainsi l'espace est couvert. C'est pas comme avec une arbalète.
— Bien dit sergent, j'aurais dû y penser. J'ai une arme plus longue, ne devrait-on pas échanger ?
Le sous-officier eut une petite moue appréciatrice.
— Bien vu mon commandant, ça sera plus efficace.
Ils changèrent de position, la cavalière étant avec eux assurant l'arrière-garde, quelques pas en arrière.
Bien que faisant attention et observant où ils mettaient les pieds, ils atteignirent assez rapidement le premier niveau de la tour où se trouvait une salle de garde avec des meurtrières tout autour, apportant une assez faible luminosité.
Ils y entrèrent pour jeter un coup d'œil parmi les ouvertures. La cour dans laquelle une demi-douzaine de cavaliers fouillaient, armes à la main, était bien visible et bien défendable en cas d'intrusion, le chemin de ronde, sur lequel deux cavaliers avaient réussi à grimper aussi.
Tranit montra le plafond.
— Allons voir en haut.
Ils reprirent leur progression, mais hormis des racines desséchées, des déjections d'insectes, des carapaces vides, il n'y avait rien. Le second étage de la tour, situé à une bonne trentaine de toises du sol était en fait le sommet recouvert d'un pavillon de bois à moitié écrasé.
À chaque angle de la tour, les piliers supportaient auparavant un toit permettant aux guetteurs d'être à l'abri des intempéries tout en offrant une vue dégagée vers l'Adour que l'on devinait à moins d'une lieue en ligne droite et sur l'ensemble des terrains environnants, pour l'instant recouverts par un épais roncier.
Mais Tranit imaginait qu'avant, cela avait pu être un pâturage assez riche pour des troupeaux de rongeurs. Le sergent se pencha vers la cour et lança quelques indications codées, Tranit reconnut le dix-quatre, utilisé pour signifier que tout allait bien.
Quelques instants après, un enseigne arrivait auprès d'eux, un instrument bizarre à la main. Le sergent lui tendit son quartz dans son cadre de bois.
— J'ai zéro neuf quinze, monsieur. Il montra le ciel couvert de nuage, le soleil est là.
— Merci sergent.
L'enseigne porta son instrument au visage et y plaça le quartz du sergent, avant de marmonner quelques mots à voix basse. Il recommença l'opération une seconde fois et nota une série de chiffres sur son papier, satisfait.
Tranit laissait faire et observait les hommes à l'extérieur de la maison forte. D'en haut, on devinait encore la configuration initiale de l'endroit. Une vaste place dégagée devant le fortin, peut-être même qu'un petit village y était établi. On devinait aussi des chemins. Vers l'Adour, puis un orienté nord-sud.
La cavalière s'était approchée de Tranit.
— On dirait un feu de camp mon commandant.
Elle pointait le doigt vers la rivière. Tranit crut distinguer une mince volute de fumée s'élever vers le ciel mais c'était très loin. L'enseigne s'approcha, son transmetteur optique à la main.
— Permettez mon commandant, ça va aider.
Il porta l'engin à l'œil et visa la direction indiquée, tentant de rester le plus droit possible.
Tranit avait vu l'appareil d'Adacie et savait que des lentilles de quartz ingénieusement agencées permettaient de voir ce qui se passait au loin.
— Ça doit être un campement, annonça l'enseigne après quelques instants, des chasseurs auraient capturé un drôle d'oiseau...
* * *
Merci pour votre lecture. Si vous avez aimé, un petit vote serait fort sympa.
Vixii
VOUS LISEZ
Les Larmes de Tranit - 2
FantasyPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...