CHAPITRE VINGT-HUIT .3

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Tranit fit signe à Adacie et Sahix de se prendre un verre et d'aller s'asseoir.

— Capitaine Sahix merci pour ces bonnes nouvelles. Je vous promets à tous que dès demain mon aide de camp pourra vous détailler l'ensemble de notre combat puisqu'elle doit s'en souvenir mieux que moi, il y eut quelques rires amusés au milieu des tapotements, et je commencerai une visite détaillée de chaque compagnie.

Sa seigneurie m'ayant promis de me laisser tranquille pour les prochains jours, je suis persuadée de tenir mes engagements. Nous allons donc nous quitter sur ce dernier toast. Comment dites-vous déjà ?

Tranit chercha à se souvenir de ce qu'avait dit Adacie deux jours plus tôt... 10 – 25 à zéro sept cents pour Barcus unité. Commandant Luin, à quelle heure vos activités ?

— Zéro huit cents commandant.

— J'y serai. Tranit se leva et tendit son verre rempli d'un liquide rougeâtre. Santé !

Tout le monde y répondit en engloutissant son verre d'une longue gorgée. Tranit, plus méfiante l'avala plus doucement et fut submergé par des sensations étranges. Jamais elle n'avait vu un alcool de fruit aussi étonnant.

Elle reposa son verre et chaque officier vint la saluer et lui serrer la main pour prendre congé. Sahix vint la saluer à son tour, très content.

— Je reviendrai demain après-midi avec vos cavaliers commandants, c'est moi qui vais vous les choisir.

— Un grand merci. Tu dîneras avec nous, si Adacie est encore vivante demain soir ?

— Avec plaisir ! J'ai vu ton chariot, oui, il ne paye pas de mine maintenant, mais demain ça ira mieux.

Ils se quittèrent sur une poignée de main. Des soldats se dépêchaient de ranger les tables et de tout nettoyer. Tranit fit signe à Adacie de s'approcher et remarqua la pâleur de la jeune fille.

— J'imagine que tu as tout fait sauf te reposer.

— J'ai surveillé les enseignes vous préparer une literie correcte pour cette nuit.

Elles retournèrent au chariot. Les flotteurs avaient été recouverts de caches en bois, laissant le chariot reposer sur ses cales de bois.

L'attelage avait été pris en charge par un fourrier, c'était agréable d'avoir une équipe efficace autour de soi. La bâche avait été tendue sur les arceaux, les affaires en partie rangées dans les coffres de cuirs.

Adacie fit monter Tranit puis lui fit visiter.

— Ici, à l'arrière, ça sera la chambrée de vos enseignes. La mienne aussi. Ensuite, vous avez un petit vestibule pour y recevoir de la visite.

La ridelle du chariot s'ouvre pour en faciliter l'accès depuis l'extérieur. Après votre chambre bureau et votre salle de bain. Enfin la dernière partie pour vos réserves personnelles.

Tranit fit passer Adacie devant elle.

— Tu dormiras dans ma chambre, tu as bien vu que j'ai acheté deux lits escamotables. J'ai trop besoin de toi.

— Merci commandant.

— Ne dis pas de bêtises. Aide-moi à allumer les lanternes qu'on voit où nous mettons les pieds.

Adacie obtempéra et Tranit déplia les deux lits pliants, deux superbes produits de menuiserie, l'artisan avait promis qu'elle ne verrait pas la différence avec un vrai lit.

Elle installa les deux matelas achetés quelques heures plus tôt et fit rapidement les lits. Voyant le visage d'Adacie ruisseler de sueur, elle devina aisément que la jeune fille avait forcé sur sa blessure et sans doute négligé de prendre ses potions.

Son aiguière avait été remplie d'eau et ses affaires de toilettes installées près du meuble. Tranit fit asseoir Adacie sur un siège.

— Tu t'es vue ? Trempée de sueur ! As-tu vu le liaig depuis ton retour ?

— Non commandant, demain, promis, lui dit-elle d'une voix absente en se tenant à un montant.

— Ne prends pas ce ton avec moi ! Allez, déshabille-toi !

Tranit l'aida à enlever ses vêtements trempés de sueur et la fit asseoir nue sur sa chaise percée. Elle lui passa un linge humide sur l'ensemble du corps, la frictionnant en grommelant.

Rarement malade, Tranit savait combien il était pénible d'être blessé et les deux fois où cela lui était arrivé avait assez mal vécu ce moment, mais elle n'avait jamais négligé de se soigner du mieux possible encore moins d'oublier de prendre ses potions.

L'attitude d'Adacie l'énervait, elle allait aggraver son état pour rien.

— Regarde-toi, à trembler comme une vieille. Tu es magnifiquement belle, ne néglige jamais de prendre soin de toi.

Adacie rosit de plaisir, Tranit se rendit compte de son trouble, mais elle ne songeait même pas à détailler ce corps si mince mais si musclé.

Elle n'avait jamais vu quelqu'un ainsi bâti. Elle tiqua pourtant, quand après lui avoir passé le linge mouillé entre les cuisses elle vit deux petites coupures parallèles juste au-dessus de son pubis recouvert d'une fine toison châtain.

— Qu'est-ce que c'est que ces coupures-là ? C'est récent.

Adacie confirma d'un signe de tête.

— Ce n'est rien commandant. Une petite astuce des bas fonds pour exciter les garçons.

Tranit la fit se retourner pour lui nettoyer le dos avant de la sécher vigoureusement.

— Tu me raconteras tes bêtises une autre fois. As-tu mangé quelque chose, hormis ce verre de vin ?

— Oui, les enseignes m'ont passé quelques pâtés froids.

Tranit lui fit passer des sous-vêtements propres et secs puis l'obligea à se coucher sous une épaisse couverture de fourrure.

— Je vais te préparer tes potions. Si demain tu es encore fiévreuse, je te ferai fouetter !

— Fouetter les fesses, c'est stimulant commandant !

Adacie avait pris une voix enjouée et Tranit lui asséna une claque sur son petit postérieur bien ferme.

— Idiote, tiens, bois ça !

La potion à base de sauge pour la fièvre était buvable, mais l'autre dégageait une odeur infecte. Adacie faillit avoir un haut-le-cœur mais Tranit l'obligea à déglutir avant de la border.

— Maintenant, dors le plus longtemps possible.

Tranit se déshabilla à son tour pour une rapide toilette et passa une de ses longues chemises pour faire office de vêtement de nuit. Adacie la regardait en silence, les yeux fiévreux mais souriante.

Tranit remplit son aiguière d'eau pour en avoir au réveil puis éteignit les lanternes inutiles, n'en gardant qu'une seule prête, entre son lit et celui d'Adacie.

Elle vint s'assurer que la jeune fille ne transpirait plus, son front semblait un peu plus frais et lui pinça le nez affectueusement.

— Tu fais de beaux rêves et tu dors. Demain matin ne cherche pas faire quoi que ce soit, tu auras assez à faire par la suite.

Tranit posa ses lèvres sur la fine bouche d'Adacie et lui caressa la tête.

— Fais de beaux rêves, kalonig.

De se voir appeler affectueusement mon cœur par Tranit remplit la jeune fille d'aise et elle ferma enfin les yeux pour s'endormir immédiatement. Tranit la regarda quelques instants avant de se glisser à son tour sous sa couverture de peau de lapereau d'une infinie douceur.

Elle soupira d'aise en découvrant le confort de son lit et souhaita avidement que la journée qui s'annonçait soit enfin normale.

* * *

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant