CHAPITRE VINGT-SEPT .2

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Tranit écrivit avec quelques difficultés sur ce papier tant surprenant que les Montagnards utilisaient. Elle rédigea une petite note nommant la sergente à son nouveau poste et sa demande de fournitures.

La sergente lui indiqua comment authentifier son message puis la salua de nouveau et le chariot se mit en route.

Une femme un peu boulotte s'approcha de Tranit.

— Commandant Tranit ? Nous avons été prévenus par sa seigneurie. Voici une tablette de cire que tous les marchands de Maubourguet accepteront normalement. Vous prenez ce que vous voulez. Si certains n'en veulent pas, voici une bourse.

Tranit la prit et à son poids devina aisément sa valeur.

— Merci. Il y a bien un seul transport appartenant à Erwan ? Je dois y retrouver quelqu'un.

La femme montra le navire le plus proche, plus grand que les autres et eut un geste d'évidence.

— Cette croix rouge dans le cercle blanc, c'est le signe du navire-hôpital. On vous y attend.

Tranit remercia d'un signe de tête et quitta la tour pour rejoindre le quai. Les abords du transport montagnard étaient discrètement mais aussi soigneusement protégés pour éviter que quelques curieux n'y viennent voir des choses qu'ils ne devraient pas surprendre ou chaparder des affaires.

Tranit vit que les débardeurs de la guilde étaient soigneusement tenus à l'écart des passerelles d'accès. Quant aux quelques mendiants, ils étaient vite repoussés sous la menace de quelques coups de trique.

On laissa passer Tranit qui n'eut qu'à demander où était son aide de camp pour qu'un marin fort bien habillé et très propre la conduise à bord du flotteur gauche. À l'intérieur de celui-ci, Tranit découvrit quelques dizaines de soldats, de volontaires se reposant sur des lits, la plupart vêtus d'une longue unique bleue.

Tout était calme et propre. Jamais Tranit n'avait imaginé un dispensaire aussi calme. De nombreux patients portaient des bandages à la tête, aux jambes, aux pieds, mais tous semblaient en bonne santé !

Il n'y avait pas cette odeur de transpiration, de peur, de pourriture. Les hommes étaient simplement séparés des femmes, mais les mages étaient des deux sexes.

Tranit retrouva Adacie qui partageait une petite pièce de toile avec deux enseignes aux têtes couvertes de pansements.

La jeune fille se redressa sur sa couche.

— Commandant, enfin !

Il y avait presque un reproche dans le ton de sa voix. Tranit s'en amusa.

— Sa seigneurie avait des choses à me dire. Et toi ?

— Le liaig dit qu'il n'y aura pas de problème. Alitée au moins jusqu'à demain puis activité modérée. Pas de monte si possible pendant une décade au moins.

— Ça va être pratique pour une aide de camp.

La grimace d'Adacie était presque comique.

— Ne pensez pas me remplacer commandant.

— Tu pourras tenir mon intérieur. Tu as le droit de sortir ?

Adacie fit signe que oui et appela un mage. Elle eut droit à un panier avec des médecines et des instructions à suivre puis on lui rendit ses affaires fourrées dans un sac de toile.

Tranit aida Adacie à chausser ses gros godillots.

— Tu vas sortir vêtue de cette tunique ? Il fait un peu frais dehors.

— Tenue de convalescence, c'est TTA. Je ne peux pas remettre mon treillis.

— Et j'ai renvoyé le chariot avec mes affaires. Bon, passe ta veste, je vais te conduire jusqu'au dorkis.

Adacie s'exécuta et Tranit lui servit de béquille pour sortir du catamaran et rejoindre sa monture. La jeune fille fut confuse de voir son officier supérieur la faire monter alors qu'elle allait marcher.

Tranit lui fit signe de se taire et remonta jusqu'à la vieille tour. Elle s'arrangea pour trouver un coche dans lequel elles purent s'installer. Tranit demanda au cocher d'aller d'abord dans le quartier des carrossiers. Ils étaient presque tous installés près de la petite porte sud-est.

Elle montra la tablette à Adacie.

— De la part de sa seigneurie, l'équipement que je veux, payé sur sa cassette.

Les yeux de la jeune fille pétillèrent de joie.

— Il doit être très content de vous commandant. Erwan est toujours très généreux lorsqu'il est content.

Tranit confirma.

— Je crois l'avoir compris lorsque nous avons discuté pendant le nettoyage des armes. Tu as raison, c'est un homme surprenant et très intéressant.

— Il est passionnant, commandant, passionnant et fascinant.

Tranit retrouva cet éclat dans les yeux d'Adacie et ce sourire. Elles restèrent silencieuses dans le coche jusqu'à ce qu'elles arrivent dans le quartier des carrossiers. Les artisans y proposaient différents modèles appropriés aux marchands qui voyageaient au loin.

Certains voulaient des chariots pour se déplacer en ville, tous dotés d'un luxe inouï, mais la plupart étaient des modèles plus classiques, robustes.

Dans le deuxième atelier, Tranit trouva un très beau chariot de marchand, plus grand que les modèles classiques et qui nécessitait au moins trois dorkis, mais il convenait parfaitement à ce qu'elle voulait.

De toute façon, les modèles plus petits, plus pratiques, avaient tous été vendus aux chevaliers rejoignant l'armée. Mais Adacie l'en dissuada en sautillant jusqu'à elle. Tranit la regarda sévèrement.

— Quoi ? Il est pas TTA ?

— Non commandant, c'est pas ça. Regardez derrière le coche blanc.

Tranit suivit son regard et vit un énorme chariot de marchand articulé. La caisse principale, déjà plus grande qu'un chariot normal, était associé à une petite caisse la suivant en remorque.

Trois paires de quartz flotteurs pour la caisse principale et une paire pour la remorque. Mais, hélas, le chariot flottait lamentablement à hauteur de genoux. Les quartz n'avaient presque plus aucune force de portance.

Les réactiver coûterait extrêmement cher, ce qui expliquait pourquoi le carrossier l'avait mis à l'écart, il ne s'attendait certainement pas à le vendre avant bien longtemps.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant