CHAPITRE QUARANTE-NEUF .2

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Du coin de l'œil, Tranit vit de petits groupes d'officiers se réunir et discuter entre eux. Quelques petits chariots semblaient les rejoindre. La jeune femme fit signe à Tiel, qui regardait tout cela d'un air maussade, de la rejoindre.

— Capitaine ? Auriez-vous une explication un peu plus complète à me fournir concernant ce bordel ?

L'adjointe de Luin s'approcha d'elle.

— Vers midi donc, un petit catamaran de la flotte du roi Welaxix de Banca est arrivé en éclaireur au camp, transportant une partie de l'état-major de ces renforts, ceux annoncés par le prince Awel. Quand ils ont appris que vous n'étiez pas cantonné là, mais ici, le message a été transmis et il semble bien que les officiers embarqués sur ce transport aient décidé de leur propre chef de débarquer à vos pieds. C'est l'expression utilisée par ces jeunes gens.

— À mes pieds ! Et vous étiez là depuis le début de ce... Tranit montra les troupes qui s'agglutinaient, les convois de chariots sans dorkis qui étaient débarqués ailleurs... ce déchargement !

— Malheureusement oui mon commandant. Un beau cafouillis. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi navrant !

— Demandez-vous si le prince a payé assez cher pour que nous puissions les supporter.

— Disons qu'il a enjolivé le niveau de préparation de ces compagnies. Il a parlé de jeunesse, pas d'inexpérience, mon commandant.

— Justement, l'inexpérience est incompatible avec notre situation. Je ne vais pas laisser passer ça ! Dès demain matin, je veux l'ensemble des compagnies réparties parmi nos unités. Vous aurez une décade pour les mettre à niveau, tant pour l'organisation que pour le combat ! Dix jours, pas un de plus !

Tiel s'était raidie sous la fermeté des paroles de Tranit.

— Oui mon commandant.

— Les fusiliers aussi ! Je ne les prendrai à l'entraînement qu'une fois Luin satisfait de leur comportement. Il en va de même pour les officiers ! Adacie m'a parlé de ce qu'elle avait subit en école et vous avez suivi le même parcours, n'est-ce pas ?

— Oui, mon commandant. Moins longtemps qu'elle, mais...

— Mais vous avez compris le principe. Alors l'ensemble de leurs officiers au même régime ! Aucune exception !

Un petit sourire apparut sur les lèvres de la capitaine.

— Est-ce que nous pourrions utiliser les remparts sur lesquels vous avez testé nos hommes ?

— Ils sont là, servez-vous-en comme vous le souhaitez. Luin est un officier d'expérience, Erwan lui-même le reconnaît. J'ai entièrement confiance en son jugement et en sa façon d'opérer.

Tiel apprécia le commentaire et Tranit se souvint de la réflexion d'Adacie sur la relation qu'entretenait Luin avec son officier en second.

Tiel aurait même refusé quelques promotions intéressantes qui l'auraient éloignée de son supérieur. La jeune femme voulut poursuivre, cependant une voix ferme, mais enthousiaste, l'interrompit.

— Bravo mon commandant ! Ça, c'est de la niaque ! Ne jamais s'en laisser compter par ces petits morveux.

Tranit se retourna, surprise, et découvrit le jeune lieutenant de la veille, celui qui portait cette étrange coiffe rouge. Avec une lenteur calculée, il se mit au garde-à-vous et lui donna un salut d'une précision impeccable, presque inhumaine dans sa rigueur.

Tout son corps, bien mis en valeur par un uniforme plutôt bien ajusté, dégageait une impression de puissance étonnante. Même Tiel le ressentait et s'était imperceptiblement crispée en l'apercevant.

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant