Adacie s'étira longuement dans le lit et frissonna de plaisir. Un large sourire illumina son visage et un instant voulu replonger sous la couverture, s'enivrer une nouvelle fois de la chaleur. Il lui sembla de nouveau ressentir encore la langue de Tranit percer ses lèvres et l'inonder de bonheur.
Que la vie serait magnifique si elle ne comportait que de tels moments. Adacie entendit Tranit échanger quelques paroles à voix basse et aussitôt l'appel du devoir s'empara d'elle.
En silence, elle quitta la douce chaleur du lit et, sans faire de bruit, fit celui-ci, retendant les draps, brossant les oreillers de gestes décidés et repliant la couverture de manière réglementaire, aussi machinalement qu'elle respirait.
Les mois passés en instructions à devoir se réveiller et faire son lit en quelques instants avaient laissé une marque indélébile en elle puisque pour la première fois de sa vie elle disposait d'une couche propre pour elle seule.
Tout aussi automatiquement, elle ramassa les affaires que Tranit avait éparpillées un peu partout, qu'elle mit dans un panier de linge sale. Son ménage terminé, Adacie regarda le pansement lui couvrant la cuisse.
Il était bien propre, bien ferme et elle sentait que la cicatrisation se passait bien. Alors, elle s'accrocha à l'arceau tendant la bâche du chariot qui se trouvait au-dessus d'elle et, à la force de ses bras, se souleva.
Adacie adorait ses moments de solitudes où elle s'entraînait. Elle se souvenait avoir ri lorsque Erwan lui avait dit, ainsi qu'à sa classe d'une centaine d'enfants faméliques, otages désignés, ou orphelins ramassés comme elle, qu'un jour elle apprécierait l'effort physique et s'y plongerait avec délice.
Et là, elle se retrouvait à faire ses soixante tractions rapides regrettant à l'avance de ne pas avoir le temps d'en faire une vingtaine de plus. Comme toujours, l'effort fit place à la joie et une vague de bonne humeur déferla en elle. Un mince filet de sueur dégoulinait sur son front, mais elle sentait son cœur battre fermement.
Dans le vestibule, Tranit discutait avec la petite Lonig. Une journée normale commençait. Adacie se laissa tomber sur le plancher avec souplesse en faisant attention à sa cuisse et comme Erwan le lui avait appris, compta les battements de son cœur, mais elle savait à l'intensité de ceux-ci que tout allait bien. La jeune fille prit ses affaires de toilettes et s'isola dans la douche quelques instants.
Elle ne pouvait toujours pas profiter de la douche, mais une toile mouillée pour se savonner et se frictionner le corps était suffisante. Adacie se rinça puis passa une tenue de corps propre.
Lorsqu'elle sortit de la douche, elle découvrit la jeune écuyère réveillée, assise sur son lit, l'air encore un peu étourdi par les potions. Elle tourna la tête vers Adacie et lui sourit timidement. Adacie s'assit face à elle.
— Bien le bonjour Suwane. Ça va bien ?
La jeune muette opina du chef et Adacie s'en contenta. Elle passa son uniforme et montra le cabinet de toilette.
— Je t'expliquerai comment te laver un peu plus tard. Nous allons manger d'abord. Tu as faim ?
Suwane lui fit signe que oui puis sembla découvrir les vêtements qu'elle portait, une paire de sous-vêtements empruntés à l'enseigne Lonig. Adacie lui fit un petit signe de la main.
— Je t'expliquerai par la suite. Tiens, voici les chausses que tu portais hier, elles ont été brossées et ce maillot du commandant. Ça ira pour le moment.
La jeune écuyère s'empara des vêtements et sembla repenser à la veille, funeste journée pour elle, avant de s'habiller. Adacie passa dans le vestibule, Tranit remontant dans le chariot au même instant.
— Bonjour commandant ! Tout va bien ?
Adacie ne put s'empêcher de sourire en voyant le visage reposé de Tranit qui se tournait vers elle.
— Évidemment lieutenant. Et toi ?
— Pareillement commandant. Avez-vous des instructions particulières ?
Tranit sembla amusée par « instructions particulières » et lança un coup d'œil suggestif à Adacie avant de lui faire signe de s'asseoir.
— Voilà ce que j'ai noté. J'aurais besoin de toi pour me trouver un nouveau rempart. La petite Lonig est déjà au courant, mais je ne savais pas ce que tu avais prévu de particulier.
— Je vais m'en occuper commandant, bien entendu. Un passage au liaig pour nous et pour l'oiseau, un rapport avec tous les officiers présents et ensuite nous devrions avoir assez de temps pour trouver ce dont vous avez besoin.
Des bruits de cavalcades se firent entendre, l'escorte de Tranit arrivait. La jeune femme s'empara de ses armes, alors qu'un enseigne lui ouvrait la bâche. Adacie reconnut le garçon maussade, Viano.
— 10-14 en 10-25 pour Barcus Unité.
D'un petit signe de tête, Tranit prit congé et grimpa sur son dorkis alors que l'enseigne lui fixait sa carabine et son pistolet long. Le jour augmentait et le ciel semblait bien dégagé, encore une journée propice en apparence.
Tranit donna le signal du départ et la colonne partit au petit trot, alors que de la grande tente, le goéland convalescent commençait à vocaliser pour réclamer à manger.
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 2
FantasyPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...