Adacie fit pivoter son dorkis et se lança au petit galop. Tranit la suivit. Oui, il y avait trop de choses qu'elle devait apprendre. À croire que ces Montagnards venaient d'un monde complètement différent.
Même les Impériaux ou les Latins qu'elle avait pu croiser semblaient moins étranges que ces gens qui vivaient pourtant juste au-dessus de chez elle.
Elle fut accueillie par les deux capitaines des compagnies de fusiliers et celui de sa cavalerie. Tranit démonta son dorkis qui s'énervait du bruit continuel des détonations et un planton le conduisit près des chariots de transports qui s'étaient mit à l'ombre.
À chaque instant, plus de soixante hommes tiraient. Du chariot de l'armurerie, des hommes sortaient des paniers remplis de cartouches pour réapprovisionner les tireurs.
Quelques dizaines étaient en train de nettoyer leurs armes sous l'œil attentif d'officiers, alors que d'autres semblaient écrire sur des tablettes de cire.
Adacie lui expliqua que tous les tirs d'entraînement étaient notés pour voir les progrès d'un homme ou s'assurer qu'il avait bien accompli le minimum d'exercices. Tranit aperçut l'adjudant qui semblait faire cours à une vingtaine de cavaliers bien attentifs. Le capitaine lui confirma qu'il testait ses plus récentes recrues qui sortaient d'un escadron de formation.
Adacie lui fit servir un léger repas froid et Tranit en profita pour écouter ses deux capitaines de fusiliers lui expliquer leur travail, leur mode d'opération.
Tous deux avaient déjà combattu, dans la même unité qu'Adacie, ce qui expliquait pourquoi Erwan les avait nommés dans cette nouvelle unité. Un tiers des hommes avaient l'expérience du feu et formaient l'ossature des unités. Les autres avaient déjà connu le combat dans des unités classiques, avec épées, masses, lances.
Tranit passa trois heures à discuter avec les officiers avant de faire quelques tirs avec leurs fusils. C'était comme le lui avait dit Erwan et Adacie, une version plus longue de son pistolet long et à la place de la poignée, une crosse permettant d'épauler l'arme.
Tranit s'essaya à une série de tir à soixante pas et s'en tira honorablement pour une première fois. Elle se rattrapa au pistolet et Adacie se fit un plaisir de raconter leur combat à la ferme. Tranit s'aperçut que les regards changeaient. Ses officiers appréciaient avoir une chef de corps aussi entreprenante qu'elle.
Les deux compagnies de fusiliers rembarquèrent dans leur chariot en fin d'après-midi et quittèrent rapidement les lieux. Les cavaliers s'exerçaient encore et l'adjudant vint enfin s'occuper de Tranit et d'Adacie.
La jeune fille ne tenait plus en place, Tranit la soupçonnait d'avoir lu et relu les papiers concernant l'arme. L'adjudant s'empara de sa propre carabine et pris le temps de la commenter en détail.
Mais Tranit vit que les similarités avec les deux pistolets étaient nombreuses. La sécurité était identique, l'approvisionnement aussi, une fois le levier d'éjection ramené vers l'avant.
La plupart des pièces étaient identiques entre les trois armes. Les canons pouvaient être différents, quelques rares modèles avaient des canons octogonaux, la plupart des autres des canons ronds, comme les leurs, comme les pistolets, les armes des fusiliers. Simplement, ces canons étaient rayés à l'intérieur ce qui permettait un tir d'une meilleure précision et plus puissant.
Le système de levier faisait que la cartouche était éjectée plus près de l'arme que le système à pompe, ce qui pouvait poser problème à certains tireurs. L'adjudant expliqua que normalement, les armes à pompes étaient plus efficaces et pourtant les centaines d'hommes ayant essayé, testé ces armes n'en démordaient pas, cette carabine était supérieure.
L'adjudant leur fit comparer les cycles d'une carabine et d'un fusil. L'arme à levier d'armement permettait peut-être une plus grande rapidité de tir. C'était un point de vue personnel.
Elles s'exercèrent à manipuler l'arme à vide, d'abord en position allongée puis en position à genou. Le maître-armurier ne laissait rien passer et corrigeait le moindre défaut de position d'un commentaire sec.
Alors que le jour commençait à faiblir, elles purent enfin essayer leurs armes. Tranit dut mettre son casque qu'Adacie lui fixa. Il était vert lui aussi, simplement sa bordure était recouverte d'un épais galon de résine semi-rigide.
À l'intérieur du casque se trouvait une sorte de filet dans lequel on mettait son crâne, cela faisait flotter le casque autour de la tête. Adacie lui expliqua que cela amortissait les coups en cas de chute ou de combat. Encore une de leurs traditions ou innovations montagnardes bizarres. Lorsqu'elle l'avait mis, la veille, Tranit n'avait rien remarqué et laissé Adacie lui ajuster la mentonnière.
L'adjudant leur fit une démonstration magistrale, vidant son chargeur à une vitesse que Tranit jugea bien supérieure à celle du fusil à pompe et touchant les douze cibles à quatre-vingts pas. Lorsqu'ils allèrent voir les cibles, celles-ci étaient toutes considérées comme « mortes », touchées dans des parties vitales.
Tranit fut impressionnée. Le bouclier transpercé, ainsi que l'armure, chose impossible avec une arbalète à répétition sauf à petite distance, moins de quinze pas. Les deux jeunes femmes tentèrent de l'imiter.
Le poids de l'arme était réparti différemment et sa tenue n'était pas exactement la même que celle d'un fusil. Le recul dans l'épaule était moins puissant que ce à quoi Tranit s'attendait.
Elle tira ses premières cartouches assez calmement, le temps de s'habituer à l'engin, à ses réactions, puis se fit un petit plaisir en augmentant sa cadence de tir. Non loin d'elle, Adacie faisait quelque chose de similaire.
Lorsqu'elles se relevèrent, une fois les munitions épuisées, leurs yeux brillaient de plaisir. L'adjudant les amena voir leurs cibles et Tranit eut l'impression qu'il avait mémorisé leurs douze coups et qu'il trouvait quelque chose à redire pour chacun d'entre eux. L'épaule, les doigts, les jambes...
Un aide de l'adjudant nota scrupuleusement ses commentaires sur une tablette avant d'aller les inscrire sur le quartz que les jeunes femmes conservaient sur elle. Elles recommencèrent à tirer en position allongée sur des cibles à cent vingt pas cette fois-ci, cibles que l'adjudant annonça avoir les mêmes protections qu'une armure de milicien ou de guerrier régulier.
Vue de face, les cibles représentaient un homme avançant derrière un bouclier, le casque dépassant légèrement. Six cibles, six cartouches. Tranit s'appliqua du mieux qu'elle put, mais ne put s'empêcher de tirer rapidement tant cela lui semblait facile.
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 2
FantasíaPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...