CHAPITRE TRENTE-SEPT .3

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L'arrivée de Tranit fut accueillie par des cris de joies et de saluts bon-enfant. La jeune femme passa parmi les travées de leur cantine pour échanger quelques mots avec ses anciens. Elle rejoignit finalement une petite table à part où les officiers déjeunaient entre eux.

Tranit leur fit signe de rester assis et s'empara d'un tabouret pour se glisser entre les deux lieutenantes, les deux femmes officières exclues de la milice. L'une d'elles, Distera, lui tendit une chope en cuir renforcée d'anneaux en laiton permettant de se replier une fois vide. C'était un cône tronqué, plus large à la base, une de ces inventions montagnardes qui après un instant de stupeur devenaient vite essentielles.

Tranit s'offrit une petite gorgée de bière avant de regarder tous ses officiers.

— C'était bien, ce matin, vous pourrez le dire aux hommes.

Les sourires s'accentuèrent, les têtes opinèrent. Ils pensaient tous la même chose. Tranit poursuivit.

— Maintenant, on va pouvoir passer aux choses sérieuses. J'ai un rempart de disponible, plus au nord. Vous préparez vos hommes pour la défense et d'ici une de nos heures, les anciens nous attaqueront.

Il y aura une compagnie en défense, deux en attaque. J'ai déjà expliqué à leurs officiers comment nous opérions, en offensif, en défensif. Je veux qu'ils appliquent à l'improviste ce que je leur ai dit et normalement, ils vont se prendre une bonne raclée.

Cela fit rire tout le monde. Ils savaient tous qu'une troupe bien entraînée sur une fortification pouvait repousser aisément un assaillant deux ou trois fois plus nombreux.

— C'est simplement pour les mettre au pied du mur, dans une situation imprévue. Ils ont tous de l'expérience, croyez-moi, mais pas la même que la nôtre. Pendant qu'une compagnie pratiquera la défense, l'autre sera en activité légère derrière, mais les officiers assisteront au combat pour y apporter leurs critiques. Demain, nous recommencerons la même chose, mais ailleurs et avec l'analyse de la manœuvre d'aujourd'hui les choses seront bien différentes.

Ce sera encore du combat à un contre deux, deux fois dans la journée pour bien faire entrer les fondamentaux. D'ici trois jours, toutes les compagnies seront reformées pour unifier les niveaux et nous recommencerons. Assaut et défense de remparts, un peu de combat en plaine.

J'ai deux positions différentes de prêtes, une troisième en attente. Si nécessaire on en trouvera d'autres pour permettre des tactiques différentes.

Tranit regarda ses officiers.

— Des questions ?

Un jeune chevalier leva timidement la main.

— De l'artillerie, de la cavalerie ?

— Non, pas pour ces deux ou trois premiers jours. Je n'ai pas encore eu le temps de voir leur artillerie, elle serait différente de celle dont nous avons l'habitude.

Tous opinèrent, ayant entendu les mêmes choses.

Tranit leva sa chope.

— Alors on y va ! Finissez de faire manger vos gars puis retournez à l'armurerie vous équiper. Je vous attends aux chariots de transport avec vos guides.

Ils finirent tous leurs boissons et s'activèrent, les plus lents se dépêchant de finir leur déjeuner. Tranit les laissa et après un dernier passage parmi les tablées de ses hommes reprit son dorkis et descendit au parc au chariot. Luin avait sélectionné lui-même des conducteurs pour les attacher temporairement aux volontaires.

Tranit découvrait les chariots de transport pour la première fois. Tous identiques, ils permettaient de transporter une petite vingtaine d'hommes sur deux bancs installés face à face contre les parois. L'enseigne responsable de la patrouille du matin était là, nommé responsable. Il accueillit Tranit avec plaisir.

— Mon commandant ! Quel plaisir de vous retrouver. Nous sommes près. Il montra son peloton qui se regroupait à l'avant du convoi de douze chariots.

— Merci enseigne. Vous avez déjà vu les troupes se déplacer dans ces chariots ?

— Oui mon commandant. Lorsque nous sommes venus ici, nous avons effectué un voyage de onze jours avec les deux bataillons du Barcus et ceux du Tardet, c'est le septième régiment de l'armée du prince.

— Onze jours ? Dans ces chariots ?

— Oui mon commandant, avec des étapes d'une demi-journée c'était assez facile pour les hommes. Même s'ils étaient tous chargés comme des animaux de bâts, la progression était fluide. Aujourd'hui, les hommes vont seulement y monter avec leurs armes, ça sera facile.

— Comment est le chariot une fois rempli ?

— C'est très simple mon commandant. Sous la banquette, chaque homme dispose d'un petit coffre pour quelques affaires personnelles. Les sacs, les bardas sont placés à l'extérieur dans une gouttière de bois. Il y a aussi des tonneaux d'eau et du matériel commun à la section. À l'intérieur, l'espace central est réservé à des caisses de ravitaillement, de munitions, pour les hommes comme pour leur compagnie.

Normalement, le régiment est autonome pour une décade complète, mais il est préférable de faire des provisions à chaque fois que l'occasion se présente.

— Dix jours d'autonomie ? Avec ou sans combats ?

— Avec combats mon commandant. Des opérations normales.

Tranit le remercia d'un signe de tête pour ces précisions. Elle vit que des colonnes s'approchaient en formation, ses hommes qui revenaient de l'armurerie. L'enseigne partit s'assurer que tous les véhicules étaient près et Tranit vint à leur rencontre.

— Allez du nerf ! Vous allez botter quelques culs TTA et leur montrer que nous aussi on sait s'y faire !

Il y eut des rugissements de plaisir et des éclats de rire. Les hommes embarquèrent dans les chariots avec leur équipement. En un rien de temps, tous furent embarqués et la colonne se mit en route. Un chariot lance-flammèches, l'arme pointée vers le ciel, et un chariot de liaig les accompagnaient.

Les dorkis mis au petit trot effectuèrent le trajet en un rien de temps et lorsqu'ils arrivèrent sur le lieu d'exercice, les exclamations de surprise furent nombreuses. Le rempart se dressait fièrement sur le flanc de la colline, comme s'il avait été toujours là.

Tranit fit débarquer ses troupes et les rassembla à l'ombre alors que les chariots remontaient derrière la colline pour y attendre la fin des exercices. La jeune femme resta sur sa monture pour que tout le monde la voie et l'entende.

_ Bien ! Aujourd'hui on va montrer de quoi on est capable. D'ici peu, deux compagnies vont venir nous assiéger. Il n'y aura qu'une compagnie en défense. Ça sera amplement suffisant pour leur botter le cul !

Les visages affichaient de grands sourires.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant