CHAPITRE TRENTE-NEUF .2

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Tranit s'amusa de l'air qu'il prenait et réalisa qu'il fleurait toujours aussi fort. Ce Benwan semblait être en rut en permanence, mais cela laissait Tranit complètement indifférente. Tuhix revint près d'eux.

– Voilà, les cibles sont prêtes, les jaunes ! De la taille d'un chariot standard. Trois pour le SR et trois autres pour le FLACA.

Benwan remonta sur son chariot et Tranit grimpa sur le lance-flammèches situé à côté pour mieux observer.

Le jeune seigneur se déplaçait assez souplement malgré une taille enrobée. Il tenait dans ses mains un système optique comme les cavaliers de Tranit avaient. Il le plaqua devant ses yeux, la tête dépassant seulement de sa tourelle.

– Cible à onze heures ! Distance mille cent.

Alors qu'il parlait, son canonnier faisait pivoter le tube du canon et l'enseigne insérait un obus dans l'arme qu'il refermait d'un claquement sec.

– Chargée !

Le canonnier semblait disposer lui aussi d'un viseur, de là où elle était Tranit ne pouvait le voir, mais vu comment il se penchait sur son tube, c'était évident.

– Vu ! Mille cent !

– Feu !

Dans l'instant suivant le chariot semblait secoué par une immense main invisible alors que l'arme faisait feu.

Le rugissement de l'arme semblait plus fort qu'avec un obus DCA. Mais Tranit vit distinctement une cible entourée d'un nuage de fumée.

Benwan avait repris son observation et aussi rapidement désigna les deux cibles suivantes qui furent tout aussi rapidement touchées.

Il se retourna vers la jeune femme qui lui fit un petit signe de félicitation.

– Le désavantage, c'est qu'on ne peut pas tirer vers l'arrière. Le souffle est trop fort et dangereux pour les dorkis. Hier, nous avons eu un accident, un dorkis a été violemment propulsé vers l'arrière. Tombé sur une arête rocheuse, mort instantanée.

C'est pour cela que tous ces jours-ci nous faisons répéter les gestes aux équipages pour que cela devienne instinctif.

– Je comprends. Je n'ai pas encore eu de gros dégâts matériels ou de pertes à l'entraînement. Seulement l'attaque de la fouine trois jours plus tôt, j'espère que cela durera.

– Oui, ça aussi on l'a entendu chanté un peu partout.

Il lui montra son autre chariot, à quelques toises de là.

– Maintenant, vient voir le FLACA !

Il sauta à terre aisément et marcha jusqu'à l'engin. Une copie réduite du précédent avec trois hommes dedans et un seul dorkis géant pour le tracter.

– On peut aussi y atteler deux dorkis normaux, ce n'est pas encore certain. Les gars, abaissez les protections.

L'équipage s'activa et les plaques de bois renforcées de cuir furent ôtées pour laisser voir l'arme.

Tranit reconnut la silhouette de l'arme utilisée sur le goéland. C'était donc un fusil, elle reconnaissait la forme générale de son pistolet long ou de sa carabine, mais...

-Où sont les cartouches ? Il n'y a pas de chargeur tubulaire ?

– Non, c'est la différence avec nos armes. Ce fusil possède un chargeur escamotable. Sergent, montrez-lui.

Le chef du chariot s'empara d'une grosse boite métallique qu'il tourna vers elle. Tranit vit qu'elle était creuse et contenait une espèce de poignard cylindrique plus long que sa main. Il le poussa pour l'extraire et le lui tendit.

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant