CHAPITRE TRENTE-QUATRE .1

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30 germinal, au petit matin.


Ces idées ne durent pas la lâcher de toute la nuit, car lorsqu'elle se réveilla, Tranit se voyait en train de repousser une attaque sur un rempart quelconque, attaquant les assaillants de ces massues de cuir rembourrées de sable qu'elle utilisait pour les entraînements.

Tranit s'étira longuement avant de sortir de sous la couverture. Tout était calme, même chez les enseignes, signe qu'il devait être bien tôt.

Tranit fit sa toilette sans trop faire de bruit puis alla s'habiller dans le vestibule lui servant de bureau et de salle à manger. Elle passa son uniforme, mais ressortit aussi ses pièces d'armures de milicienne qu'elle allait utiliser aujourd'hui.

Elle nota sur une feuille tout ce qu'elle voulait faire et tout ce dont elle avait besoin pour s'organiser avec Adacie et ses enseignes.

Dès qu'elle vit de la lumière dans le chariot cuisine de sa compagnie de commandement, Tranit s'y rendit, manquant de faire s'évanouir le marmiton qui préparait le ragoût des beignets et lui demanda de lui faire porter trois petits déjeuners à son chariot.

L'homme s'exécuta frénétiquement. Tranit rejoignit son chariot et voyant que les enseignes commençaient à se réveiller, en profita pour réveiller Adacie. La jeune fille semblait légèrement fiévreuse mais se redressa subitement en voyant Tranit déjà habillée.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Rien ! Mais j'ai besoin de toi pour organiser ma journée. Viens prendre ton déjeuner, nous parlerons en même temps.

Tranit l'aida à se lever et Adacie passa ses vêtements de la veille pour se rendre dans le vestibule. Le déjeuner arrivait ce qui fit accélérer les enseignes, se demandant ce qui se passait.

Tranit servit le lait de noisette et huma les six beignets tout juste sortis du four. On avait faim rien qu'à en humer le parfum. Tranit montra la feuille couverte de son écriture à Adacie.

— Ce matin, je veux que nos cavaliers me trouvent une terrasse naturelle pour y faire un chemin de ronde factice, pour entraîner nos hommes.

Tu vois ça avec les enseignes, tu me trouves les meilleurs connaisseurs des environs et nous allons voir ça ensemble. Dans le même temps, tu préviens l'armurerie qu'ils préparent toutes les armes que mes volontaires ont apportées, les armures. Je veux aussi une centaine de boudins de cuir rempli de sable ainsi que de la peinture bleue et de la rouge.

Adacie fit signe qu'elle comprenait et ajouta quelques notes à celles de Tranit.

— Oui, nous en utilisons aussi pour les entraînements à la masse et à l'épée. Mais la cérémonie de prise d'armes aura lieue à onze heures, la demie de la troisième heure pour vous.

— Je serai rentrée et prête. Juste après la cérémonie, je prendrai mes volontaires avec moi pour les préparer et ensuite les quatre compagnies d'infanterie viendront nous attaquer de manière impromptue.

Ce sera simplement pour leur montrer que de bêtes miliciens connaissant leur boulot peuvent leur mettre une bonne correction. Par la suite, lorsqu'ils seront répartis en unités plus homogènes, ils ne négligeront jamais plus les simples miliciens.

Adacie sourit.

— Vous pensez qu'ils vont se faire avoir ?

— Oui, j'en ai la certitude. C'est votre petit défaut, une trop grande assurance.

Avant qu'Adacie eût pu s'offusquer, Tranit lui prit la main qu'elle embrassa.

— Vous avez de nombreuses qualités... mais vous êtes aussi arrogants. Ça doit être normal quand on est dirigé par un seigneur aussi exceptionnel que le vôtre, non ?... Mais aujourd'hui, c'est moi qui vais vous montrer que les autres ont aussi des qualités.

La jeune fille regarda Tranit droit dans les yeux, sourire aux lèvres avant de lui susurrer.

— Mais il ne tient qu'à vous de me les faire découvrir mon commandant.

Ses yeux confirmaient qu'elle ne plaisantait pas. Tranit en ressentit un début de rougissement avant de sourire à son tour.

— Tu verras bien, un jour. Mais aujourd'hui, c'est du sérieux. Toi, tu t'occuperas des enseignes ici, je n'en prendrais que deux avec moi. Dès que le druide aura vérifié ta blessure et ta toilette finie, tu m'organises tout ça, d'accord ?

— Oui, à vos ordres.

Tranit appela l'enseigne de faction qui se présenta quelques instants plus tard, la tenue pas entièrement boutonnée.

— Enseigne, mes respects au liaig de notre compagnie, mais j'aimerais qu'il vienne dès maintenant vérifier les pansements de la lieutenante Adacie.

— Les soins à la lieutenante Adacie, oui mon commandant, tout de suite.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant