CHAPITRE TRENTE-SEPT .1

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Tranit savait qu'elle pouvait avoir confiance en Adacie. Elle lui adressa un sourire qui rendit la jeune fille si heureuse qu'elle se raidit et bomba le torse. Tranit lui montra sa jambe blessée et désigna le chariot du liaig.

— Tu n'oublieras pas de faire attention à ta jambe kalonig. À ce soir.

Tranit nota que la jeune écuyère avait relevé la tête et observé les deux amies, sourire aux lèvres. Adacie lui adressa un salut militaire auquel Tranit répondit avant de sortir du chariot et de monter en selle.

La moitié de sa patrouille allait la raccompagner au camp. Une enseigne avait annoncé l'arrivée de Tranit pour que là-bas la cérémonie soit retardée encore un peu.

Ils partirent au petit galop, remontant la tracée taillée dans le roncier en si peu de temps que Tranit eut du mal à le réaliser, elle n'aurait sans doute eu que le temps de compter jusqu'à cent. Ils débouchèrent sur une vaste esplanade où les ronces coupées avaient été réunies en immenses piles.

Des hommes travaillaient déjà sur le rempart de la maison forte. Ils passèrent devant à vive allure, le chemin beaucoup mieux praticable que le matin même.

En au moins deux fois moins de temps qu'il ne leur avait fallu à l'aller, ils rejoignirent leur campement. Tranit n'avait pris que quelques instants pour observer les hommes au travail sur son premier rempart d'exercice, où toute une machinerie était installée pour tailler la pierre selon ses désirs. L'odeur était horrible, mais l'officier chargé des travaux lui avait promis que cela serait utilisable d'ici peu.

Enfin, le camp était en vue. Tranit avait laissé son escorte retourner à son bivouac et rejoint son chariot d'habitation. Adacie lui avait laissé la petite Lonig qui l'accueillit avec le sourire. Tranit ne lui laissa même pas le temps de la saluer.

— Enseigne ! Le commandant Luin a été prévenu ?

— Je l'ai fait en personne mon commandant. Vous avez le temps de vous changer. J'ai préparé une nouvelle tenue.

Lonig faisait signe à un soldat de venir prendre le dorkis pour le panser et s'occuper de lui.

Tranit détacha les étuis de ses armes et grimpa dans son chariot.

— Dès que j'ai pris ma douche et mes affaires, le chariot partira à la maison forte.

— Oui commandant. Les instructions du lieutenant Adacie étaient claires. J'ai fait préparer des provisions et prévenus les équipages.

— Excellent enseigne. Faites-moi préparer une petite collation, la journée sera longue.

Lonig partit s'exécuter et Tranit ôta sa tenue pour se précipiter sous la douche. Elle se savonna vigoureusement, plus pour se détendre que pour autre chose, et ressortit fraîche et dispose. Lonig était déjà revenue et avait posé deux beignets fourrés accompagnés d'une chope de bière incroyablement fraîche et mousseuse.

Tranit s'offrit quelques instants pour déguster l'ensemble. Lonig revint pour l'aider à s'habiller, la tenue de cérémonie étant légèrement différente de celle de tous les jours. Mais en quelques minutes, la petite enseigne se déclarait satisfaite et regardait Tranit avec un regard brillant d'admiration.

— C'est parfait mon commandant.

— Merci enseigne. Gardez-moi mes armes et un uniforme de rechange. Dès la cérémonie terminée, je repasserai me changer. Mon armure, tu la prépareras aussi.

— À vos ordres. Lonig regarda par l'ouverture de la bâche. Votre monture est de retour.

Tranit ceignit son ceinturon avec son pistolet court et sortit pour remonter en selle.

Un cavalier vint vers elle, l'enseigne l'ayant accompagné pendant les exercices de ses volontaires.

— Mes respects mon commandant. Je vais vous conduire à la place d'armes

Ils s'y rendirent au petit trot pour ne pas se salir inutilement et débouchèrent sur l'esplanade où les hommes s'étaient entraînés à l'ordre serré. En plus de ses volontaires, relégués au loin, les autres unités étaient toutes représentées. Luin, le commandant de son premier bataillon vint à sa rencontre sur son dorkis et l'enseigne les laissa seuls.

— Mon commandant, félicitations pour ce matin. Les nouvelles se sont déjà répandues.

— Merci commandant et désolée de ce retard. Nous allons devoir modifier notre organisation pour une bonne décade.

— C'est ce que je me suis dit. Comment envisagez-vous les choses ?

— Le plus simplement du monde. Vous assurerez le commandement du camp et des unités présentes. Je resterai à la maison forte le temps nécessaire. Dès cette cérémonie finie, je récupère les volontaires et les positionne sur un rempart factice. Vos deux compagnies classiques viendront nous attaquer d'ici... Tranit tenta de se rappeler le système d'heure montagnard... Trois heures au plus.

— Comme ça ? Sans préparation ?

— Avec seulement ce que vos capitaines ont retenu de mes explications. La cavalerie les guidera, comme pour une opération normale. Les deux bataillons subiront cet exercice aujourd'hui même.

Demain, ils recommenceront sur un autre rempart.

Luin approuva d'un signe de tête, comprenant ce que Tranit voulait faire. La jeune femme poursuivit.

— Vous assisterez de loin à l'assaut, pour observer. Demain après-midi, avec tous les commandants d'unités, nous ferons une critique en règle de ce qui s'est passé et nous recomposerons les unités pour y inclure mes hommes.

Erwan ayant confirmé la formation d'un troisième bataillon, nous utiliserons nos anciens pour en former l'ossature. Ensuite deux décades d'alternance entre entraînement, assaut et défense, avec et sans fusiliers, avec et sans artillerie.

— Je comprends mon commandant. Pour ce troisième bataillon, qui le commandera ?

— À vous de proposer commandant. Vous connaissez ces hommes mieux que moi. Nous utiliserons ces deux décades de formations intensives pour repérer les hommes méritant une promotion.

— Merci mon commandant.

Ils étaient arrivés à l'extrémité de la place d'armes, là où un mât supportant des étendards se trouvait. Luin lui expliqua.

— Nous allons attendre ici. Des officiers d'autres régiments vont venir assister à la cérémonie. Les compagnies vont venir ici, en U pour assister à deux choses.

* * *

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant