Alors que les servants récupéraient les caisses de munitions qu'ils avaient utilisées, que les chefs de pièce écoutaient ce que Tuhix leur disait, Tranit vit arriver du sud quatre chariots.
Elle se corrigea immédiatement. Non, trois étaient des chars de guerre tirés par ce qui de loin pouvait passer pour des erkis, mais qu'elle savait être des dorkis de forte taille.
Le quatrième était un chariot équipé pour suivre les chars de guerre, un chariot embarquant en général une équipe de dix combattants imposants, l'infanterie d'assaut.
Ils avaient fière allure, on ne pouvait les ignorer. Là, il n'y avait que cinq hommes installés à leur aise à l'arrière du véhicule. Les chars montèrent la pente sans aucune difficulté et vinrent s'arrêter au pied des remparts.
Tranit reconnut leur chef dans le véhicule de tête. Il avait une allure plus martiale que la première fois qu'elle l'avait rencontré. Il leva les yeux vers elle et retira son casque vert équipé d'une visière comme celui du chevalier volant.
Il s'esclaffa en la regardant attentivement.
– Tranit ! Toi aussi ils t'ont fait TTA ?
Cela fit rire ses hommes qui eux aussi portaient tous un uniforme vert, mais qu'ils avaient personnalisés avec des pièces de leurs anciennes tenues. Tranit descendit les rejoindre.
Ses fantassins étaient vraiment impressionnants. Deux d'entre eux portaient un pistolet long qui semblait ridiculement petit dans leurs grosses mains.
Benwan la salua le premier, tout sourire.
– J'ai entendu parler de toi depuis mon premier jour avec eux. C'en était presque vexant !
– Il n'y avait rien à m'envier commandant Benwan. J'ai passé ces premiers jours à tenter de comprendre ce que je faisais et à essayer de comprendre leurs étranges manies !
Cela le fit rire de nouveau.
– Oh oui, leurs manies ! Tu sais que j'ai failli mourir dès ma première heure avec eux ? Je rentre avec mon ordonnance chercher mes hommes, quand des malfaisants ont tenté de nous dévaliser. J'avais à peine sorti mon sabre que l'autre les alignait avec ce que j'avais pris pour une masse d'arme.
Six d'un coup ! J'ai eu juste le temps de percer un misérable fuyard qui tentait de s'enfuir en hurlant. J'ai pas lâché, j'ai voulu qu'il m'explique. Tu as vu ces pistolets ?
– Oui Benwan, j'ai entendu parler de ta rencontre avec ces brigands. Moi, ce fut plus calme, mais il a fallu aider Erwan à trouver son oiseau.
– Oui, il m'a raconté ! s'excita le jeune homme. Il était super content. Combien ? Vingt et quelques truands ?
– Oui, c'est ça. Cette invention est géniale.
– Attends, regarde ça !
Il lui montra le premier char de guerre, le plus gros, tiré par trois énormes dorkis. La caisse était recouverte de plaques de bois couvertes de cuir et au-dessus, d'une espèce de casemate, dépassait le fut d'un canon SR.
– Cinq hommes d'équipage. Le conducteur et son aide, le canonnier et le chef de char. Derrière, un enseigne avec son instrument pour communiquer. On a fait des essais depuis deux jours. On va un peu moins vite, mais ils détruisent un char lourd classique jusqu'à mille cinq cents toises.
En général, jusqu'à huit cents c'est plus fréquent. J'ai transformé trente-six chars pour faire un escadron lourd, deux compagnies seulement, mais sur le terrain c'est l'enfer pour ceux d'en face.
Il semblait plutôt fier de lui, mais Tranit l'approuva
– Je viens de voir le SR en tir DCA, c'est impressionnant.
– En AC c'est pire si tu te trouves à côté de la cible. On a tiré sur des cibles de pierre, c'était épouvantable. On va te montrer.
Il regarda Tuhix qui lui fit signe de patienter encore un peu. Benwan fit tourner la tourelle de son chariot.
– Nous sommes un peu mieux protégés que sur des chars classiques et le canon se manœuvre tellement facilement. Je ne peux pas encore affirmer dans quelle proportion ces nouveaux chars sont plus efficaces, mais c'est l'évidence même.
– Quand tu es arrivé ici, combien de chars avais-tu avec toi ?
Benwan se gobergea un peu et se pencha en souriant vers Tranit.
– J'avais soixante chars de combat, trois escadrons, dont deux entièrement à mes ordres. Le troisième était dirigé par un lointain cousin.
Il n'a pas voulu me suivre. Il a fait allégeance directement au jeune seigneur. Moi, je n'avais pas apprécié leur accueil, leur morgue. Alors j'ai regardé ce que les autres généraux proposaient.
Erwan m'a tout de suite convaincu, il savait de quoi il parlait quand on causait char avec lui. Ses questions, ses demandes étaient bien précises et les possibilités d'évolution sous son commandement sont impressionnantes.
Tranit approuvait ce qu'il disait en hochant plusieurs fois la tête, elle ressentait la même chose, mais Benwan lui confia dans le creux de l'oreille.
– D'accord, c'est vrai qu'ils ont plein de traditions bizarres ces montagnards, leur fameux TTA, mais une fois qu'on s'y fait, on y voit que des avantages.
Leur nourriture est bonne, leur organisation efficace. D'accord, ils sont maniaques de la propreté, leur hygiène comme ils disent, je crois que c'est la seule chose qui fera vraiment hurler ma famille quand je leur raconterai tout ça.
Mais mine de rien, ce n'est pas si désagréable. J'ai une petite sergente toute rondouillarde qui s'occupe de me doucher deux fois par jour... c'est divin !
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 2
FantasyPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...