Les Larmes de Tranit - 2

CHAPITRE QUARANTE-TROIS .4

Lonig revint près de Tranit, les bras chargés de longues feuilles de papier roulées, les documents fournis par Erwan.

— Pour vos commandants et leurs capitaines, commandant.

Tranit se tourna vers lui et le vit parler avec Suwane et un maître druide. Adacie était en train de la rejoindre. La jeune fille s'excusa presque d'avoir dû la laisser seule.

— Ce n'est rien Kalonig, lui souffla Tranit en lui pressant la main. Les ordres d'Erwan d'abord. Mais la petite Suwane semblait heureuse de t'avoir à ses côtés.

Adacie n'eut que le temps d'afficher un petit sourire et Tranit ajouta.

— Reste avec moi pour parler avec Luin.

Ses commandants venaient vers elle, avides d'en apprendre un peu plus sur leur objectif.

Lonig fit de la place sur la table et déplia trois feuilles. Tranit reconnut un plan détaillé des deux forteresses ainsi qu'un plan d'ensemble de la zone.

Les capitaines se rassemblaient un peu à l'écart pour partager quelques nouvelles, commenter la situation en attendant que leurs supérieurs les convient.

Tranit montra les plans.

— Voilà ce que sa seigneurie nous apporte. La situation détaillée des deux forteresses. Il m'a assuré que ses hommes allaient nous reconstruire nos deux objectifs à l'identique pour que nous puissions nous préparer.

Tous regardaient les informations écrites, un commandant, le plus jeune, qui maîtrisait mieux la lecture que les autres lisaient à voix haute. Tous étaient impressionnés par les dimensions annoncées.

Tranit leur rappela les points essentiels qu'ils devaient conserver en mémoire. Le reste n'était pas si important. Chaque commandant reçut une copie des plans. Ils allaient avoir quelques jours pour établir un plan d'action.

Erwan finit par les rejoindre accompagné du prince. Il répondit aux saluts de tous et montra les plans posés sur la table.

— D'ici deux jours, les remparts d'exercices seront terminés et utilisables. Vous aurez le temps d'y entraîner toutes vos unités et en chemin nous vous fournirons d'autres endroits pour des exercices impromptus.

J'ai entièrement confiance dans les capacités de Tranit et les vôtres propres. Néanmoins, Tranit et moi avons oublié de vous signaler un point d'importance.

Erwan se tût quelques instants, les commandants les dévisageaient, lui et Tranit s'était légèrement reculée.

Lorsque Erwan annonça la hauteur des remparts, il y eut une exclamation de surprise générale et des regards incrédules. Tous se tournèrent vers Tranit qui confirma ce qu'ils pensaient.

— Oui, il est impossible d'escalader une telle muraille dans un temps suffisamment restreint pour la sécurité. Des tours mobiles sont envisageables, mais leur transport est problématique.

— Mais ça, ce n'est pas votre problème, affirma Erwan d'un ton sec. J'ai quelque chose de prévu et j'ai juste besoin de quelques jours pour vous le réaliser. Vous préparez vos plans en partant de ce principe.

Vos chariots d'assaut seront au niveau des remparts et vos gars en débarqueront comme lors d'un exercice. Je ne veux pas m'avancer plus, mais partez du principe de quatre chariots par vague d'assaut, une compagnie à chaque fois. Le reste, c'est mon affaire.

Les officiers de Tranit opinèrent légèrement du chef sans rien dire d'autre. La nouvelle était rude.

Tranit fit distribuer les plans par Lonig.

— J'y travaillerai de mon côté et nous nous reverrons après-demain pour voir la nouvelle organisation que vous aurez établie. Nous y arriverons, j'en suis persuadée.

Tranit le pensait vraiment et cela s'entendait dans sa voix. Erwan eut un petit geste pour l'arrêté et sourit.

— Tranit, je te fais confiance, mais je crains que depuis ton arrivée parmi nous tu sois condamnée à l'imprévu et à l'urgence.

Erwan laissa quelques instants de silence puis se tourna vers le prince.

— Cousin ! Apprends-leur la nouvelle, ce sont eux les principaux concernés.

Awel Etxalar leur offrit à tous son formidable sourire et n'hésita pas un instant à s'avancer d'un pas. Il paraissait sûr de lui, de ce qu'il allait dire, mais en merveilleux orateur qu'il était, il savait donner l'impression de timidité, d'hésitation qui convainquait tous ses interlocuteurs qu'il était sincère.

La plupart des officiers présents le savaient, mais laissaient faire. Le prince regarda une dernière fois Erwan avant de se lancer.

— Je vais tenter de faire au plus bref.

Il commençait bien, en en faisant glousser plusieurs personnes. Il leva la main pour demander le calme et se lança.

— Vous savez tous que je suis bâtard de notre seigneur roi, mais que de tous ses enfants, je suis sans doute... le moins mauvais, dit-il d'un ton faussement modeste, souligné par un petit sourire ironique.

Si le roi Welaxix m'a confié le commandement de nos troupes, ce n'est pas seulement pour respecter ses engagements de vassalité. C'est surtout pour me donner une meilleure expérience militaire et m'éloigner de mes frères et sœurs qui commencent à trouver le temps long.

Tout cela pour vous dire que voici quatre décades, lorsque nous avons eu connaissance de l'appel du Lannemezan, mon père était en train de lancer de grands travaux dans plusieurs palais princiers.

Lorsque Erwan nous a proposé son plan, mon père a immédiatement dit oui et fournit le matériel nécessaire. Seulement, il ne pouvait pas libérer sa garde en raison de l'agitation de ses enfants.

Ces troupes lui sont entièrement fidèles, elles me le sont aussi, je les aie conduites au combat l'année dernière, à leur création. Alors, notre souverain a décidé de réallouer les budgets, les hommes.

* * *

Merci pour votre lecture. Si vous avez aimé, un petit vote serait fort sympa.

Vixii