Suwane répondit aux cris de joie de l'oiseau en l'enlaçant par le cou et l'embrassant. Elle semblait rire aux éclats. Tranit resta à distance, méfiante envers les preuves d'affection que l'animal pouvait témoigner.
Après quelques effusions, Suwane laissa l'animal aux soins des panseurs qui venaient examiner ses blessures et se dirigea vers de longs sacs en cuir oblong.
Elle voulut s'emparer de son cahier pour expliquer quelque chose, mais Tranit lui fit signe que ce n'était pas la peine, aussi Suwane déroula l'un des sacs qui contenait un ensemble d'armes, des piques, un arc court et son carquois, des pièces d'armure en cuir.
Suwane s'empara d'une longue épée d'un type que Tranit n'avait que rarement vu, hormis dans la cavalerie lourde. Longue et droite, une arme de taille pour sabrer, mais le bout finement ciselé, fermement martelé et bien qu'arrondi pouvait la rendre dangereuse lors d'une frappe en pointe, en estoc, sur une partie peu protégée. Elle devait bien faire le double de la longueur du glaive que la jeune femme avait l'habitude d'utiliser.
Suwane la posa sur le sac et écrivit.
— C'est l'épée de mon défunt frère, qu'il avait promis de me donner, parce qu'il savait que la perte de notre mère m'était encore plus difficile qu'à lui.
Il me l'avait promise devant nos frères et sœur, nos cousins. Glèm le sait. C'est donc mon épée maintenant, elle certifie que je suis écuyère de la lignée Isturits.
— Nous le savons, Suwane et nous te reconnaissons cette ascendance.
La jeune écuyère sourit et poursuivit son écriture.
— Il faut faire les choses un peu formellement, mon commandant ! fit-elle en copiant l'habitude d'Adacie d'insister sur le possessif. Moi, Suwane d'Isturits, écuyère, je mets mon bras et mon épée à ton service Tranit, chevalière libre, commandant du régiment Barcus.
Tranit tenta de se remémorer ce qu'elle devait dire lorsque quelqu'un lui faisait acte de vassalité, mais c'était bien loin de ses préoccupations, aussi posa-t-elle seulement un genou à terre devant Suwane toujours accroupie et prit la main de la jeune fille dans les siennes.
— Je les accepte Suwane, avec joie et je te promets que lorsque tu referas ce geste devant témoin, j'aurais appris ma leçon et prononcerai les paroles correctes.
La petite écuyère éclata de son rire silencieux et tendit son épée à Tranit avant d'écrire.
— Je vous la confie réellement mon commandant, elle est trop grande pour moi.
— Je crains qu'elle le soit aussi un peu trop pour moi, mais elle est vraiment magnifique.
Suwane s'empara dans un second sac d'une autre épée, du même style, mais un peu plus courte.
— Voici la mienne, forgée dans le même métal, écrivit-elle ; mais adaptée à ma petite taille. Pourtant, vous devriez observer la poignée attentivement mon commandant.
Tranit baissa les yeux sur l'arme qu'elle tenait. La poignée, toute simple et recouverte d'une corde fermement tressée pour la tenue en main, était recouverte d'une coquille de fer pleine, hérissée de pointes, la rendant dangereuse en cas de coup de poing. L'arme se terminait par un anneau permettant de passer une dragonne.
Tranit s'assura de sa solidité et vit qu'il s'agissait d'une tige chevillée. Suwane sourit et lui fit signe de poursuivre. Tranit obtempéra et pressa fermement et assez longuement sur la poignée pour débloquer une tige aussi longue que son pouce.
L'intérieur de la poignée était creux et un fin sac de cuir en glissa. Tranit le prit et à travers la finesse de la peau devina comme des éclats de pierre.
Elle allait poser une question quand son regard saisit celui de Suwane. Elle vit son poignet portant le bracelet de bois contenant la pierre noire. Le sourire de l'écuyère fut une réponse suffisante.
Elle écrivit rapidement.
— Nous avons tous reçu des morceaux de la statue, nous, ses huit enfants. Je ne sais pas où est le plus gros morceau et je sais que mes frères et sœurs gardent les leurs au château. Mais pas mon frère. Je savais qu'il avait placé les siens dans son épée. C'est pour cela qu'il voulait que je l'aie après lui.
Tranit découvrit les éclats, des morceaux gros comme l'ongle de son pouce, d'autres plus petits. Néanmoins ils représentaient sans doute une fortune.
— Je crois bien que tu pourrais acheter toute cette terre si tu les donnais à Erwan, lui confia Tranit.
— Sans doute, mais c'est à vous que j'ai confié ma foi, alors ils sont à vous.
Tranit embrassa le front de Suwane.
— Bien ! Tu es une véritable petite fée et tu fais des miracles, dit-elle en riant. Comme tu veux. J'en prendrai bien soin.
Tranit se releva et aida Suwane à se remettre aussi d'aplomb.
— Maintenant, rentrons, nous allons avoir des journées chargées.
Suwane rangea son sac, mais Tranit lui fit signe de prendre ses pièces d'armure avec elle. La petite écuyère fit rapidement son choix et elles retournèrent au chariot. Deux soldats y apportaient des plateaux chargés de leur repas.
Adacie y discutait avec Lonig et un autre enseigne, leur donnant des instructions qu'ils notaient à la va-vite. La jeune lieutenante leur fit signe d'y aller lorsqu'elle vit Tranit et Suwane venir déposer épées et pièces d'équipement près de l'entrée.
— Le génie sera là vers huit heures. L'équipe de sa seigneurie est déjà en route pour la base et arrivera à peu près à la même heure. Huit hommes et leur matériel dans quatre chariots. Les chariots repartiront après. L'instruction FLAPACA commencera à quatorze heures, pour deux heures, avant la prépa TAP.
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 2
FantasyPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...