CHAPITRE QUARANTE-DEUX .2

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En refermant son boitier et regardant en même temps le poignet d'Erwan, Tranit sut ce qu'elle avait oublié de dire. Elle se rapprocha de lui.

— Seigneur ? Quelque chose qui s'est passé lors du sauvetage de la jeune Suwane.

Erwan la regarda, étonné, puis lui fit signe de continuer.

Tranit lui raconta ce qui était arrivé après le combat et une fois les renforts d'Adacie arrivés.

— Le liaig avait prodigué les soins à Suwane et allait la mettre dans mon chariot pour qu'Adacie veille sur elle. Son bras gauche a glissé avec les mouvements du transport et lorsqu'elle est passée juste à côté du flotteur du chariot infirmerie, son bras a semblé être tiré très violemment par une main invisible. Comme si on la tirait hors de sa couche.

Les deux porteurs n'ont rien vu et sont tombés. La petite a été tellement bousculée qu'elle est revenue à elle. Je l'ai vue tenter de se relever puis elle a regardé son bracelet qui était ouvert, comme ta montre.

Dedans, j'y ai aperçu quelque chose de noir et brillant, c'était une pierre à mon avis.

Les yeux d'Erwan étaient fixés sur elle, écarquillés, c'en était dérangeant. Mais il baissa son regard un peu et eut un petit signe de tête.

— Tu es la seule à avoir vu ça ?

— À tout voir ? Oui ! Adacie était au chariot, le druide reprenait ses affaires pour les ranger, les deux soldats regardaient devant eux. J'étais la seule un peu en retrait à tout voir.

— Merci beaucoup Tranit. J'en parlerai avec la jeune Suwane.

Ils reprirent leur route à une allure plus rapide. Le jeune seigneur était ravi de ce qu'il venait d'entendre, cela se voyait sans peine. Ils longèrent deux longs plateaux où Erwan estima que des cultures pouvaient être faites régulièrement. Plus loin, des garennes démontraient la richesse de la région.

Ses enseignes notaient à la volée ses instructions, ses demandes. Il regardait Tranit, de temps en temps, qui découvrait elle aussi la région.

Elle ne se souvenait pas s'être aventurée aussi loin au nord. Les baïssa avaient toujours mauvaise réputation, trop dangereuses pour les humains. Pourtant, ce qu'elle en voyait était prometteur.

Elle avait beau être militaire depuis son plus jeune âge, elle avait vécu à Outre-berge et rencontré des paysans depuis sa plus tendre enfance. Tranit reconnaissait les signes de richesses d'une terre, d'un roncier, c'était instinctif.

Elle trouvait qu'Erwan avait raison de s'y intéresser. Ce n'était sans doute pas le moment idéal, mais c'était lui le grand chef, il pouvait décider ce qu'il voulait et s'accorder quelques caprices.

Une autre patrouille de hussards vint à leur rencontre, qu'ils suivirent pour contourner un énième roncier recouvrant un plateau. Celui-ci débouchait sur un à-pic de plus de soixante toises donnant sur une vallée creusée depuis la nuit des temps par un petit ruisseau qui avait fini par s'assécher.

Un long chemin pentu permettait d'y descendre. En bas, Tranit reconnut Adacie appuyée sur une béquille faisant l'instruction à Suwane avec la participation de Cydrac et de quelques autres enseignes. Un petit chariot se trouvait à l'écart, celui du maître-armurier, Tranit en était certaine.

La descente prit un certain temps, mais personne ne signala leur arrivée, permettant à tout le monde de poursuivre ses activités. Erwan semblait faire peu du cas du cérémonial dont les seigneurs aimaient habituellement s'entourer.

Ils mirent pied à terre, hormis l'escorte qui reprit position à différents endroits stratégiques et quelques enseignes prêts à envoyer des messages là où leur seigneur et maître le souhaitait.

Les tireurs s'interrompirent pour aller observer leurs cibles. Celle d'Adacie et Suwane était à trente pas, mais celles des enseignes dirigées par Cydrac se trouvaient quatre fois plus loin. Erwan renseigna Tranit.

— Ces six-là intégreront probablement mes hussards, ils ont donc droit à une formation avec le révolver de Cydrac. Une façon comme une autre de les tester, de les préparer.

— Seulement tes hussards utilisent ce modèle ?

— Non, Glèm, le chevalier volant, en possède un aussi comme arme de défense. Le FLACA ne peut pas tout faire. Mais c'est exclusivement réservé aux pilotes et aux hussards.

— Je comprends. Mais j'aimerais bien l'essayer, ajouta-t-elle timidement, juste quelques essais pour comparer.

— On devrait pouvoir arranger ça. Tu vas d'abord t'entraîner avec le tien.

Erwan fit signe à un enseigne se tenant près du chariot.

— Adacie va avoir droit au sien aussi. Je crois que je n'ai jamais été aussi chanceux depuis que vous vous êtes rencontrées.

L'enseigne apporta deux paniers qu'Erwan lui prit des mains avant de rejoindre la ligne de tir.

Adacie et Suwane revenaient assez rapidement malgré la jambe blessée et les deux jeunes filles saluèrent Erwan. Elles avaient l'air de bien s'amuser.

— Alors lieutenant, comment cela se passe, cette instruction ?

— Parfaite, votre seigneurie. Cette jeune fille est une excellente tireuse à l'arc et après quelques frayeurs en découvrant les pistolets, elle s'y est faite très vite, regardez.

Adacie lui tendit une feuille sur laquelle elle avait noté tous les tirs.

Tranit ne comprenait pas tous les signes utilisés, mais Erwan approuva de plusieurs hochements de la tête. Il regarda la jeune écuyère avec satisfaction.

— C'est très bien Suwane. Tu tires bien mieux que ton cousin Glèm !

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant