CHAPITRE TRENTE-SEPT .2

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Comme Tranit opinait du chef, l'officier poursuivit ses explications.

—Premièrement, je vais faire remettre aux nouveaux venus un galon, comme celui de votre épaulette gauche. L'éclair bleu, c'est le signe que le soldat le portant est un engagé d'une unité de sa seigneurie. Des officiers remettront devant l'ensemble du régiment ce galon à plusieurs volontaires qui se sont distingués pendant cette courte formation.

Ensuite, je vais vous remettre officiellement la direction du régiment. Les drapeaux seront hissés au son d'une fanfare et ensuite vous mettrez l'ensemble du régiment au garde-à-vous et nous passerons les troupes en revue.

Je serai là pour vous répéter les ordres, vous avez eu d'autres choses bien plus importantes à faire que de vous préparer à ce petit rituel. Néanmoins, il est important à nos yeux. Finalement, les hommes défileront devant nous. Cela va prendre une de nos heures.

Tranit fit signe qu'elle avait compris.

— Eh bien, allons-y commandant !

Tout autour d'eux, les hommes se préparaient, des cavaliers arrivaient, des visiteurs. Sahix et son cousin Sarix étaient là, heureux de retrouver Tranit, et la félicitèrent pour son action du matin. D'autres officiers, près d'une vingtaine, d'autant d'unités différentes se trouvaient là et se joignirent au concert de louanges. Tranit se sentait rougir de timidité, scrutée par tous ces regards bien plus expérimentés qu'elle.

Tous portaient le même uniforme vert, mais leurs foulards, leurs coiffes étaient de couleurs différentes. Adacie lui aurait tout expliqué en quelques mots. Mais là, encore une fois, ils n'avaient pas le temps. L'enseigne revint pourtant près de Tranit pour lui donner quelques détails.

— Le commandant Luin a réservé une demi-compagnie de fusiliers pour le défilé et deux pelotons de cavalerie complets. Une compagnie d'infanterie est en garde, mais les trois autres sont là, avec une section d'artillerie.

C'est pour l'unité, pour que les hommes voient combien ils sont nombreux et bien organisés. En casernement, nous avons ces cérémonies une fois par décade, en général le septième jour, avant les trois jours chômés.

— Je comprends, mais en manœuvre non ?

— Non mon commandant, sauf lors des cérémonies importantes, solstices ou équinoxes.

Ils se turent parce que toutes les troupes étaient en position. Luin se plaça au centre de la place d'armes et d'une voix de stentor donna ses ordres.

Les six cents hommes présents répondaient dans l'instant avec une unité faisant plaisir à voir. Les volontaires, organisés en deux compagnies d'infanterie classiques, arrivèrent à leur tour sur la place et s'intégrèrent dans le dispositif. Ils rejoignaient l'armée, expliquait l'enseigne.

Eux aussi effectuèrent une série de garde à vous et de manœuvres pour se passer le galon aux trois teintes de bleu. Une douzaine d'hommes furent conduits devant Luin qui leur passa lui-même le galon avec ses officiers.

Tranit reconnut ses deux lieutenants, et quelques-uns de ses sous-officiers. Les lauréats rejoignirent leur compagnie en formation et le lever des couleurs eut lieu. Tranit n'avait jamais entendu distinctement les musiques utilisées, n'ayant pas passé les après-midi avec ses volontaires, aussi fut-elle surprise du rythme de celle utilisée. L'enseigne se rapprocha d'elle encore une fois.

— Vous allez voir, c'est très rapide. Nous ne chantons que les deux dernières phrases de l'hymne.

Après une douzaine de mesures enjouées, les hommes s'exclamèrent en cœur :

Sous le soleil de Pré-Carré,

Nos âmes épanouies sont bercées.

Sur une mélodie enjouée, une suite de do-mi-ré-sol, mi-fa-ré-do que les clairons de la fanfare trompetaient avec ardeur.

C'était tout ! Les étendards flottaient en haut des mâts. Le « trois bleus », couleurs d'Erwan et le pavillon blanc avec en son centre dans un écusson en forme de bouclier d'infanterie recouvert des runes du chiffre trois et du nom du Barcus.

Après un dernier salut, Tranit s'avança au pas pour recevoir le commandement. Luin l'accueillit avec un salut exemplaire et prononça quelques paroles avant de faire signe à Tranit de le saluer en retour.

Ils firent face aux unités toujours figées au garde à vous et Tranit les fit mettre au repos, puis une nouvelle fois au salut avant de passer devant les différentes unités et d'en saluer les capitaines. C'était la tradition. Quelques instants plus tard, le tour étant fini, les compagnies quittèrent la place pour commencer un défilé autour de celle-ci.

Il y eut quelques instants de tranquillité pendant lesquels Tranit put parler avec ses visiteurs, échanger quelques mots brefs avec eux, avant que la cavalerie ne passe devant elle. Venait ensuite une douzaine de chariots représentant l'artillerie et le train. Tranit reconnut les formes des lance-flammèches, mais les trouva plus courts que ceux qu'elle avait l'habitude d'utiliser. Enfin, les troupes à pied arrivèrent et Tranit en fut impressionnée. Cette façon de marcher compacte, les hommes effectuant les mêmes mouvements de façon assurée, c'était impressionnant. Les fusiliers passèrent d'abord, puis les deux compagnies d'anciens et finalement ses deux compagnies de volontaires qui ne dépareillaient plus du tout dans l'ensemble. Tranit vit sur les visages que ses voisins appréciaient le défilé, c'était du bon travail.

Les compagnies une fois passées devant elle rejoignaient leur bivouac pour repasser des tenues de travail et reprendre leurs activités habituelles. Tranit passa un peu de temps avec Luin pour organiser et tout mettre au point avant de rejoindre son chariot pour y repasser des vêtements plus adaptés aux activités qui l'attendaient.

Un repas rapide fut avalé sur le pouce une fois qu'elle se fut changée et qu'elle eut passé les pièces de son armure de cuir. Coudières et jambières, cuirasse, tout ce qui allait faciliter le combat au corps à corps. Tranit remonta en selle, avec ses armes et une grande outre d'eau que la petite enseigne lui avait préparée.

Tranit lui donna quelques instructions de dernière minute avant qu'elle ne parte rejoindre Adacie à la maison forte. Deux chariots de ravitaillement et un autre d'artillerie s'y rendaient avec elle sous la garde d'un peloton de cavalerie. Tranit les laissa et rejoignit ses volontaires qui déjeunaient dans leurs quartiers.

L'ambiance était bonne enfant. Toutes et tous ne ressemblaient plus à des miliciens dans leurs uniformes verts, avec leurs coupes de cheveux presque identiques. Ils étaient devenus TTA.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant