CHAPITRE TRENTE-SEPT .4

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Tranit poursuivit ses explications et donna ses instructions à Distera qui allait assurer les fonctions de capitaine de la première compagnie. À elle d'organiser deux compagnies de force équivalente, de choisir ses officiers.

Ceux faisant partie du second groupe allaient derrière la colline pour y faire un peu de défrichage et de cueillette comme cela se faisait d'habitude.

Tranit les laissa s'organiser à leur guise et monta sur le rempart. Les hommes du génie avaient fait un excellent travail. Tout était comme Tranit le souhaitait. La solidité de l'ensemble était excellente, les deux barbacanes à chaque extrémité pouvaient réellement abriter une douzaine d'hommes en armes, la rigole creusée à flanc de colline et déjà pleine d'eau servirait de barrière, ceux y tombant seraient considérés comme morts.

Cela allait faire de l'activité. La première compagnie rejoignait déjà le rempart et prenait ses marques. Les hommes se regroupaient par petits groupes et retrouvaient vite leurs habitudes de manœuvre. Les boudins remplis de sables pour étourdir les adversaires étaient vérifiés, fixés sur les manches de hallebarde.

Tranit écoutait les instructions de Distera qui aurait mérité depuis longtemps d'être capitaine à temps complet d'une compagnie. Elle savait manier ses gars et ceux-ci savaient très bien qu'ils avaient affaire à quelqu'un connaissant son boulot.

Tranit se chercha une position d'où elle pourrait voir l'ensemble de l'exercice. Le toit de la barbacane de droite était ce qu'il y avait de mieux. C'est là qu'un enseigne de peloton de cavalerie s'était installé pour communiquer avec le camp et observer les environs.

Il lui signala que les chariots du premier bataillon seraient bientôt là. Tranit regarda par l'embout de son transmetteur optique et distingua la longue file de chariots précédée de quelques cavaliers. Les choses amusantes allaient commencer.

Peu de temps après, des cavaliers furent aperçus par les sentinelles. Tranit savait qu'ils venaient reconnaître la position pour que l'infanterie puisse planifier son assaut. Sans en dire plus, elle conseilla à Distera et à ses officiers de bien observer les manœuvres d'approche de leurs adversaires.

Pour cette première fois, Tranit avait signalé qu'il n'y aurait aucune artillerie d'engagée, même si les officiers auraient la possibilité d'imaginer des actions de soutien qu'ils signaleraient lors de l'analyse et que les attaquants auraient la possibilité d'installer leurs échelles d'assaut sans que celles-ci soient détruites, repoussées.

La jeune femme prépara de quoi écrire et fit venir les deux autres enseignes de cavalerie pour qu'ils prennent aussi des notes. L'analyse de l'exercice allait prendre plus de temps que celui-ci, mais Tranit savait d'expérience que c'était impératif. Sur le rempart, les hommes donnèrent finalement l'alerte et se mirent en position. Tranit focalisa son attention sur les chariots.

Elle vit ceux-ci essayer de se mettre sur plusieurs rangées. Ils allaient tenter de submerger le mur sur toute sa longueur. Les chariots d'artillerie se positionnaient en retrait, Tranit notait tout cela sur son cahier, insensible aux cris d'excitation des défenseurs ou des assaillants.

La première rangée de chariots déposa quatre-vingts combattants équipés d'échelles, huit en tout. Cette première vague se précipitait vers la muraille d'exercice pour y fixer le matériel. Deux hommes légèrement équipés se faisaient monter par leurs camarades alors que la seconde vague d'attaque débarquait à son tour et se précipitait vers les échelles.

En quelques instants, une vingtaine d'hommes était montée au niveau du chemin de ronde tandis qu'une centaine d'autres était en train d'escalader à un rythme soutenu. L'opération eut été un succès si les défenseurs n'avaient pas réagi.

Alors même que les premiers attaquants posaient le pied sur le chemin de ronde, les volontaires de Tranit engageaient les attaquants à trois contre deux pour chaque échelle et de chaque barbacane une équipe lourdement armée de hallebarde et de pavois venait écraser les assaillants ayant réussi à franchir le barrage.

Les hommes étaient précipités dans la rigole pleine d'eau colorée, signe qu'ils avaient chuté de quatre toises. En temps normal, une équipe au sol aurait égorgé les survivants.

Les deux tiers de la force d'attaque étaient morts ou blessés alors que Distera n'avait engagé que la moitié de ses hommes. Les capitaines de Luin devaient rager. Tranit vit bien que l'officier commandant la dernière vague hésitait avant d'envoyer ses hommes à l'assaut, se doutant du sort qui les attendait.

Pourtant, un sursaut d'orgueil lui fit prendre le risque. Les défenseurs engagèrent leurs renforts et tout fut terminé en quelques passes. Les défenseurs poussèrent des cris de joie et quelques compliments fleuris à leurs adversaires.

Tranit fit sonner la fin de l'exercice et retrouva les officiers et les sous-officiers du bataillon. Les mines étaient penaudes mais Tranit n'y prêta pas attention, elle savait ce qui allait se passer et l'avait voulu ainsi pour mettre tout le monde au même niveau.

À l'aide de ses petits cailloux et d'un modèle du rempart, elle se fit expliquer dans le détail ce que les attaquants avaient imaginé. Tranit écouta attentivement leurs explications, plusieurs étant d'ailleurs fort intéressantes, avant de commenter ce qu'elle avait vu.

Tous notèrent avidement ce qu'elle leur disait et Tranit vit des regards s'échanger entre plusieurs lieutenants et elle s'en amusa. Elle fit venir Distera qui expliqua avec son aisance habituelle ce qu'elle avait fait, ce qu'elle aurait pu faire. Tranit et elle donnèrent un certain nombre d'informations et firent visiter la fortification aux officiers.

Cela donna lieu à une nouvelle séance d'écriture frénétique mais Tranit savait que cela était fort utile. Elle félicita tout le monde et les laissa rentrer au camp. Le lendemain, ils allaient affronter l'autre compagnie sur un autre rempart. Avec le temps qu'il leur restait pour peaufiner leur organisation, Tranit savait d'avance que les résultats seraient bien différents.

Une fois le premier bataillon reparti, Tranit fit remplacer ses hommes par la seconde compagnie. Elle passa tout son temps à dicter certaines de ses notes aux enseignes pour mettre au clair certaines idées.

La cinquième heure du jour allait commencer lorsque le second bataillon fit son apparition. Comme pour le premier, Tranit nota le dispositif utilisé, l'emplacement de l'artillerie. La tactique utilisée était différente, quatre échelles seulement au lieu de huit et bien entre les deux barbacanes pour donner aux hommes un peu d'espace de manœuvre.

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Vixii

Les Larmes de Tranit - 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant