Tranit avait déjà sorti le boitier offert par Erwan la veille, trouvé son soleil et manipulé le cadran.
— Il va être sept heures. On se dépêche de manger, je voudrais observer l'arrière de cette colline avec toi.
— Oui commandant, j'ai donné des ordres dans ce sens.
Les trois jeunes femmes s'installèrent autour de la petite table. Adacie fit rapidement le service et chacune dégusta son lait de noisette et les petits pains remplis de ragoût onctueux.
Tranit regardait Adacie tout avaler rapidement sous le regard étonné de Suwane qui n'avait pas encore découvert cette facette de la jeune lieutenante.
Elle reposa sa tasse et regarda une nouvelle fois sa liste.
— Adacie ? Il faudra rajouter quelque chose. Demain, ma sergente nous rejoindra ici pour s'occuper de ce chariot avec Piedbois. Il sait se servir des pistolets ?
— Piedbois ? C'était un hussard mon commandant. Il sait les utiliser, les courts, les longs, les révolvers...
— Bien, alors il supervisera l'entraînement des hommes de notre service. Il pourra aussi vérifier le niveau des enseignes, des nouveaux que nous recevrons. D'accord ?
— Oui mon commandant. Je ferais préparer un terrain d'exercice par le génie. Ça sera plus pratique que d'aller à chaque fois au loin.
— Merci Kalonig.
Tranit termina son dernier pain fourré et vida sa tasse.
— Allez les filles, finissez votre repas, j'entends notre escorte arriver.
Au même instant, une petite voix annonçait clairement un 10-14 pour Barcus Unité.
Adacie entraîna Suwane avec elle pour lui faire se laver les dents alors que Tranit passait la tête dehors pour faire patienter d'un petit signe.
Elle alla à son tour dans son cabinet de toilette pour se rincer la bouche.
Quelques instants plus tard, escortées d'un demi-peloton de chasseur et de trois enseignes, les trois jeunes femmes cavalaient autour de la colline pour en découvrir l'arrière, orienté sud-ouest, enfin dégagé de l'emprise du roncier.
Comme Adacie le lui avait dit, l'endroit, rocheux à souhait, pouvait convenir au percement de profondes stalles permettant de recevoir quelques oiseaux, sans doute pas plus d'une douzaine pour assurer la rigidité de l'ensemble, mais c'était suffisant.
Avec de la chance, le génie pourrait percer des galeries rejoignant la maison forte par l'intérieur. Adacie dit à Tranit d'imaginer ce qu'elle voulait, les officiers du génie se débrouilleraient avec. Ils devraient être heureux de construire autre chose que des routes ou des fortifications et s'ingénieraient à la satisfaire.
Lorsqu'ils revinrent à la maison forte, la face est de la colline, un petit catamaran était annoncé en provenance de Maubourguet. Lonig leur confirma l'arrivée des techniciens d'Erwan. Le génie était avec eux.
Une grande salle rendue utilisable par un nettoyage et une désinfection énergiques fut préparée comme salle de réunion. Des tables furent dressées pour travailler sur les plans.
Vingt minutes plus tard, un homme assez âgé, mais curieusement vêtu de riches atours civils, entrait, suivit d'une dizaine d'aides beaucoup plus jeunes et vêtus, eux, d'une manière devenue habituelle à Tranit, cette tenue TTA verte nommée treillis.
Le civil salua fortpoliment Tranit et s'assit sans attendre la moindre invitation.
— Charmé de faire votre connaissance commandant. Vous êtes donc la Tranit dont tout le monde me parle. Erwan m'a demandé de m'occuper personnellement de vos installations. Ce que le prophète demande doit être exhaussé.
Adacie s'était très vite rapprochée de Tranit et le regardait, sourire aux lèvres. Elle semblait connaître le personnage leur faisant face.
— Maître Asmanarix est le meilleur architecte ! Il est atertisaverezh.
Le vieil homme gloussa et arrêta Adacie dans son enthousiasme.
— Le meilleur, le meilleur... sans doute pas. Le plus riche, mais le plus frustré, certainement.
La jeune fille n'en démordit pas.
— Vos constructions sont toujours parfaites, maître.
— Des remparts, des routes, des canaux... rien de brillant. Même eux, fit-il en désignant ses aides toujours debout, pourraient s'en sortir aussi bien.
— Mais vos ponts-canaux sont magnifiques !
— Moui, moui, minauda le vieillard en tortillant une mèche de ses longs cheveux gris, c'est vrai que je suis content de moi, même si l'idée en revient encore à sa seigneurie. Bon, que puis-je faire pour vous, commandant ?
Apparemment, les flatteries d'Adacie l'avaient comblé et rendu de bonne humeur.
Tranit lui montra donc les plans de la colline et de la maison forte et ce qu'elle désirait obtenir. Les aides du maître des constructions notaient tout pour lui, attentifs au moindre de ses gestes.
La tâche à remplir ne semblait pas l'emballer. Quand Tranit parla des techniciens d'Erwan, l'architecte fit signe de ne pas insister.
— Ils étaient avec nous sur le navire et leur chef s'est bien empressé de me dire ce qu'il voulait. Nous allons nous occuper d'eux aussi. Laissez-moi un peu de temps pour visiter les lieux. J'ai besoin de voir dans quel état sont les couloirs intérieurs.
Le maître se tourna vers ses adjoints.
— Toi, tu t'occuperas de la tour de saut et de la rampe de chute avec une équipe.
Le désigné se mit au garde-à-vous avant de s'incliner brièvement vers l'avant.
— Oui, maître, merci.
* * *
Merci pour votre lecture. Si vous avez aimé, un petit vote serait fort sympa.
Vixii
VOUS LISEZ
Les Larmes de Tranit - 2
FantasyPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...