La jeune fille s'en empara pour y jeter un œil.
— L'entraînement s'est bien passé ?
— Exactement comme je l'imaginais. Les hommes du Barcus se sont bien comportés, plein d'entrain et leurs officiers ont tenté d'imaginer une attaque correcte, mais mes volontaires avaient de la hargne à revendre et ont donc malmené les anciens.
En fait, nous avons passé plus de temps à analyser les attaques qu'à les faire. Demain, il en ira autrement. Par contre, j'aimerais bien voir l'artillerie à l'œuvre, je veux dire l'artillerie du Barcus.
— Je vais vous arranger ça commandant. Nous aurions déjà dû le faire si nous avions eu des journées normales. Mangez, je vais passer le message. Le matin, ça vous irait ?
— Oui, là où nous avons travaillé aujourd'hui, une petite démonstration des différentes pièces.
Adacie appela un enseigne auquel elle transmit un message en code mais Tranit n'y prêta pas attention. Elle but une nouvelle gorgée de bière fraîche puis avala quelques biscuits recouverts d'une petite sauce piquante, à base de larve de termite si elle ne se trompait pas. C'était délicieux. Elle en aurait fait tout son repas si Adacie ne lui avait pas mis une assiette de bouillon devant les yeux.
— Goûtez-y, commandant ! Avec du poisson frais de cet après-midi, c'est délicieux.
Tranit se laissa tenter et poussa un petit soupir d'émerveillement, c'était délicieusement onctueux. Adacie la regardait manger, sourire aux lèvres.
— Arrête de me regarder ainsi. Mange avec moi !
— Juste un peu commandant, j'ai mangé plus tôt avec notre invitée.
— Tout c'est bien passé avec elle ? Elle a fini d'écrire son histoire ?
Adacie confirma d'un signe de tête et termina d'avaler un biscuit de recouvert de sauce.
— Oui commandant. En long et en large. Elle n'a pas supporté de voir ses frères et sœurs rentrer sans son cousin et quand ils lui ont raconté ce qui s'était passé à Maubourguet avec le jeune seigneur, elle les a insultés.
Elle a beau être muette, c'est un caractère entier. Tant et si bien que son frère a eu honte de ce qu'il avait fait et a accepté de revenir voir. L'autre frère l'écuyer en titre, a refusé, préférant rejoindre sa future épouse.
Elle a convaincu son aîné de la prendre avec elle. Elle sait monter un oiseau, s'en occuper, mais son père le lui a interdit sous prétexte qu'elle est une fille et une monstruosité, c'est le mot qu'elle a employé. Je n'aimerais pas rencontrer ce bonhomme, il n'a pas l'air commode.
Tranit haussa les épaules, fataliste.
— Ça semble être à la mode ces temps-ci de dénigrer les femmes. Nous n'y pouvons rien.
Adacie avait un air renfrogné et Tranit lui serra gentiment la main.
— Nous sommes chanceuses que ton seigneur nous considère à notre juste valeur. Je suis certaine qu'il saura remettre ce genre de père à sa place.
— Oui, certainement. Sa famille peut aligner plus de quatre-vingts chevaliers volants. Elle m'a dit que celle de Glèm, le jeune chevalier d'Ustaritz pouvait en aligner au moins le double en faisant appel à l'ensemble de leur ban.
C'est exactement ce dont Erwan avait besoin. Qu'une petite partie seulement le rejoigne et nous serons invincibles.
Tranit s'amusa de la passion surgissant d'Adacie, mais la crut aisément.
— Je suis persuadée que dès qu'il sera au courant de cette histoire, il se précipitera ici pour en discuter avec elle et qu'il préviendra la famille du défunt. Je lui fais confiance pour ça.
Tranit repoussa son bol de bouillon, repue, et termina sa chope de bière.
— Fait débarrasser tout ça, j'ai des questions à te poser sur vos tactiques habituelles et votre artillerie.
Adacie s'exécuta avec diligence. Tranit se prépara une petite pipe de chanvre qu'elle fuma en écoutant les précisions de la jeune fille. Avec son aide, tout fut rapidement réglé, à sa plus grande satisfaction.
Elle contempla les innombrables feuilles qu'elles venaient de noircir de croquis, de commentaires. Ça devrait faire l'affaire. L'enseigne de faction revint les voir et tendit un papier à Adacie avant de s'éclipser. La jeune fille le montra à Tranit.
— C'est confirmé commandant. Demain à sept heures, la demie de la première heure, l'artillerie régimentaire sera sur le terrain d'exercice. Un peloton vous y conduira, comme aujourd'hui.
— Excellent ! J'aurais au moins le temps de me faire une opinion.
Elles partagèrent une dernière pipe d'un chanvre léger et une dernière tasse de lait de noisette avant de retourner dans le compartiment chambre. La petite écuyère dormait toujours paisiblement. Tranit se tourna vers Adacie.
— Où vas-tu dormir ?
La jeune fille se rapprocha d'elle, espiègle.
— J'aimerais beaucoup vous réchauffer mon commandant, vous le méritez bien.
Tranit eut un petit rire et pinça affectueusement le nez d'Adacie.
— Petite vicieuse ! Tu as pris ta douche ?
— Oui, mon commandant. Je vous ai préparé vos affaires.
Tranit se déshabilla et entra dans la cabine de douche. L'eau délicieusement chaude ruissela sur elle et une délicieuse torpeur l'envahit. Tranit se lava rapidement les cheveux avant de se savonner vigoureusement et de se laver la bouche. Elle en ressortit parfaitement relaxée et passa une longue chemise. Adacie avait déjà passé sa tenue de nuit et se rinçait la bouche tout en se lavant les mains. Elle termina rapidement pour aider Tranit à s'essuyer les cheveux.
— Le liaig a dit que ma blessure était parfaitement cicatrisée. Je peux reprendre la plupart de mes activités sauf courir et grimper.
— Déjà ? s'étonna Tranit.
— Oui, si je respecte ses conseils.
Tranit coiffa ses cheveux pour les démêler puis poussa Adacie vers son lit. Elle vint s'assoir à côté d'elle et lui passa le bras autour des épaules.
— J'imagine que nous allons devoir nous occuper de cette petite encore quelques jours. Erwan va sans doute profiter de l'occasion pour rallier d'autres chevaliers volants à lui.
— Oui bien sûr commandant. Je pensais qu'il viendrait aujourd'hui mais nous n'avons reçu qu'un message de félicitations de sa part.
Tranit fit basculer Adacie pour l'allonger et se glissa auprès d'elle, sous la couverture.
— Alors tant qu'elle est avec nous, tu t'en occuperas. Tu lui feras faire quelques balades aux alentours pour l'occuper et pour que les enseignes connaissent le coin de fond en comble.
— Oui mon commandant, à vos ordres, souffla Adacie en se tortillant pour se glisser sous elle.
Tranit eut un petit sourire et l'embrassa doucement.
— Une vraie vicieuse mon aide de camp !
Adacie écarta les cuisses pour que Tranit glisse sur elle et croisa les jambes au-dessus des siennes comme pour l'emprisonner.
— Uniquement à votre service mon commandant !
Tranit l'empêcha d'en dire plus en l'embrassant de nouveau et pressant son bas ventre contre le sien. Il n'était plus temps de parler.
* * *
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 2
FantasyPour réaliser un exploit, peut-être est-il préférable de s'y préparer pour y survivre. Avec leurs manies tellement différentes, Tranit est un peu perdue dans ce nouvel univers, surtout avec une adjointe la dévorant des yeux et persuadée qu'elle est...