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Amanda



" C'est une mauvais idée". Cette phrase revenait en boucle, tout le long du trajet qui m'a conduit devant chez Logan.
Même si j'ai erré des heures à pieds en réfléchissant à ce que j'allais lui dire, mon courage n'a pas fait long feu une fois à destination. Il s'étiolait à vu d'œil: rester devant l'immeuble à attendre qu'il revienne, a été un supplice. 

J'étais très nerveuse, mais que pouvais-je faire d'autre? J'ai sonné plusieurs fois, et personne ne répondait.

Je me demande même si je n'ai pas eu l'air bizarre aux yeux des personnes qui entraient et sortaient de l'immeuble.

L'épisode du photographe m'a permis de comprendre une chose: me terrer chez moi n'est pas sain. De plus, je n'ai pas de compte à rendre à toutes ces personnes qui me harcèlent.
La seule personne qui me fait culpabiliser, est Delaunay. Je sais ce que l'on ressent, quand la personne que l'on aime nous rejette. Et malgré cela, je lui ai brisé le cœur. J'ai même pensé l'appeler ce matin: pour m'excuser à nouveau. Malheureusement, il n'a pas daigné répondre à mon appel.

Je sais, c'était complément idiot. 

Grâce à la pression que mes frères exercent sur moi, j'ai repris assez confiance en moi. Peu à peu, je reprends le court de ma vie. Mes frères n'ont pas arrêté de me dire que je devrais cesser d'avoir honte de ce que j'ai fait. 

Certaines blessures ne peuvent guérir qu'en laissant le temps faire son travail. En mettant mes décisions en perceptive, j'avance.

Mon premier geste a été de reprendre le travail. Une série d'efforts désagréables, mais nécessaires: me sortir du lit, me préparer pour la journée, puis affronter des journalistes aussi impolis que persévérants. 
Serguei a insisté pour que je rentre chez moi, quand il m'a vu débarquer le premier jour. Je lui ai expliqué que j'avais besoin de normalité. De routine. Je n'ai pas cherché à lui mentir: je lui ai donc avoué que cela me permettrait de reprendre le contrôle de la situation.

" Tu devrais prendre quelques jours de congé", a-t-il grommelé en quittant mon bureau.
Ce qui m'a fait sourire, car je le découvre très protecteur à mon égard.

Et même si j'ai surpris des silences gênants dès que j'entrais dans une pièce, j'ai continué à m'y rendre. Mon réel challenge, était d'éviter Hunter. 

C'est voir que mes collègues les plus proches ont pris  parti pour lui, qui m'a blessé. Mais qu'est-ce que j'y peux? J'aurai beau m'époumoner, ces personnes ne risquent pas de changer d'avis sur l'image qu'ils ont désormais de moi. C'est comme si toute la complicité que nous avions, a disparu.

Passer pour la pestiférée de service n'allait certainement pas me tuer. De toute manière mon appartement, mes soirées avec mes frères ainsi que mon travail sont devenues mes seules activités. 

Près de trois semaines, se sont écoulés comme ça. Trois semaines pendant lesquelles j'ai commencé à m'habituer à la tension. Puis il y a eu ces articles horribles.

J'étais tellement en colère! Surtout qu'au bureau, quelqu'un s'amusait à déposer plusieurs exemplaires sur mon bureau. Je n'en aurais rien su, si je n'avais pas surpris Tyra ma secrétaire entrain les jeter.

Cette blague de mauvais goût la mettait autant en colère que moi. Tyra est l'une des rares personnes à me manifester ouvertement son soutien au travail:

- Tu t'en fous! m'a-t-elle dit. Ce que les gens peuvent raconter sur toi, ne compte pas. Moi je sais que tu es quelqu'un de bien!

- Merci, Tyra.

De SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant