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Orlando




- Tu es sûr de toi?

J'hausse mes épaules encore endoloris. Mon dernier combat remonte à deux semaines, mais j'en garde encore les séquelles.

- Oui.

Nathan me regarde avec attention, le menton appuyé sur ses mains jointes au-dessus de son bureau en bois massif.

Après ce qui me semble être une éternité, il finit par prendre la parole:

- Quand tu es revenu ici, j'en ai été heureux. Je me suis dis que tu avais fini par entendre raison.

Je garde silence.

- Nous sommes trop poches en âge pour que je te considère comme mon fils... mais tu es ce qui se rapproche le plus d'un frère pour moi.

C'est rare de le voir jouer la carte des sentiments. Cet homme est parmi les plus implacables que je n'ai jamais rencontré dans ma vie. Et j'en ai vu de types, dont la seule présence suffit à prévenir du danger qu'ils représentent!

Je sais également que Nathan est sincère. A sa manière certes, mais il est sincère .
Il m'avait donné sa parole. Et jusque là, je n'ai eu aucun raison de douter de lui. 

- Je le sais, Nathan.

Autre particularité de notre relation: je fais parti des rares personnes, à pouvoir l'appeler par son prénom. C'est comme ça qu'il a dit faire la différence entre son entourage et les autres.

- J'étais revenu uniquement pour aider Luka. Maintenant que je sais quel genre de fumier il est, je n'ai plus rien à faire ici. C'était notre accord.

Un lent sourire étire ses lèvres.
Sans toute la noirceur qui le compose, il pourrait presque passer pour un type bien.

- Tu le savais depuis le début, que ton paternel était un fauteur de trouble, dit-il. Pourtant tu as accepté de l'aider! Ton grand cœur m'a toujours fasciné. Je ne sais pas comment tu arrives encore à accorder les bénéfices du doute.

- La confiance se mérite: dans le cas de Luka, j'ai fait une erreur de jugement.

- Je le sais... et maintenant, te voilà sur le point de repartir. Pour une femme cette fois!

Même face à lui, je n'ai pas à justifier cette décision: elle ne concerne que moi.

- Amanda est ma sœur.

Cette réponse ne semble pas lui suffire. Alors j'en remets une couche:

- Ne me dis pas que tu ne comprends pas ce que je veux dire. Tu as Asya. Ne t'aide-t-elle pas à voir le monde différemment? 

A l'évocation de sa compagne, le regard de Nathan se fait glacial. Il a un instinct surprotecteur à l'égard de cette femme. Plus d'une fois, il m'est arrivé de penser qu'elle est le seul lien qu'il le rattache encore à son humanité. Un lien assez paradoxal, quand on sait ce que cette femme a elle-même enduré. Et combien elle est difficile à appréhender.

- Ce n'est pas la même chose, dit-il simplement.

Je lis sans problèmes l'avertissement entre les lignes. Il est tellement possessif, que l'on n'a même pas le droit de prononcer le nom de sa femme, en temps normal.
Qu'un type comme lui, aime à ce point quelqu'un,  en dit long sur sa complexité. 

De SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant