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Amanda



Vu de l'extérieur, rien n'a changé.
Vu de l'extérieur, rien ne se devine.
Vu de l'extérieur, je suis toujours la même femme: je suis toujours... moi.

Pourtant ils sont là. Réels. Vrais.
Le regard rivé sur le plafond, je déplace ma main de façon qu'elle se retrouve appuyée contre mon bas ventre.
Je ne sens rien d'autre la peau et les muscles sous mes doigts.

Pourtant les battements de leurs cœurs résonnent encore à mes oreilles. Un son comme je n'en ai jamais entendu au par avant.
Thomas nous a affirmé que l'on pouvait différencier les deux. Je n'ai rien discerné du tout. J'étais pétrifiée. Rien n'avait plus d'importance, que ce que j'ai découvert sur cet écran.
Voir ces minuscules points, mes enfants, a changé quelque chose.

A défaut d'être préparée à leur présence, je l'accepte désormais.
Que puis-je faire d'autre? Ils sont la chair de ma chair. Le sang de mon sang. Le fruit de notre amour.
Tous ces termes viscérales qui au final, n'arrivent pas à exprimer avec exactitude ce que je ressens à cet instant.

" À cause de la pilule, les conditions n'étaient pas favorables à cette grossesse. Pourtant ces deux-là ont réussi à se faire leur place au soleil... ta grossesse sera à surveiller de très près, ma puce. Mais je peux déjà affirmer que vos enfants sont de sacrés survivants!", à dit mon gynécologue.

Comment réagir à ça? 

Mes frères, Alexander et Ayden ont bondi de joie en apprenant la nouvelle. Ils n'ont cessé de m'embrasser, en me soulevant dans les airs.
Leur joie exubérante m'a donné du fil à retordre, quand il a fallut les convaincre de garder le secret. De ne rien dire à Orlando.

La réaction de ma mère a été plus calme, mais non moins intense. Elle m'a longuement prise dans ses bras.
Elle m'a ensuite dit qu'elle était contente pour moi. Que cette nouvelle ne pouvait mieux tomber.

Logan s'est empressé d'annoncer la grossesse à sa famille. D'abord à Daniel, Joshua, enfin Faith et Paulo.
Ils m'ont tous appelé à tour de rôle, pour nous féliciter.
Mon homme est dans une telle euphorie, que je ne lui en veux pas d'avoir été aussi rapide l'annoncer à ses proches. J'ai lu quelque part que le risque de fausse couche reste considérable, tant que le premier semestre n'est pas passé. Or, j'en suis qu'au début du deuxième mois: n'importe quoi peut arriver.
Cette peur fait partie de la longue liste, de toutes celles qui me prennent la tête au sujet de cette grossesse...

Logan est merveilleux avec moi: beaucoup plus patient et à l'écoute. Malgré son tempérament disons... passionné et ses penchants possessifs, il fait des efforts.
Si ça ne dépendait que de lui, j'arrêterai de travailler et passerais mes journées au lit!
Pour lui éviter une crise cardiaque, je fais moi aussi des concessions au niveau de mon travail.
Je délègue de plus en plus à mes employés. Ainsi, lorsque ma grossesse ne me permettra plus d'assurer mes obligations, mon absence ne pénalisera pas notre travail.

Avec la venue de ces enfants, je ne vois plus ma relation de Logan de la même façon. Il y a encore quelques semaines, nous étions dans une dynamique de redécouverte. Je me disais que nous avions le temps.
Le temps d'intégrer notre relation, car j'hésite encore. Pas de son amour, ni de son engagement envers moi, non.
Il s'agit d'une peur résiduelle, mais assez conséquente pour que j'y pense en permanence.

De SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant