De Sang

3

Logan

Ma relation avec ma mère, ne s'est pas améliorée du jour au lendemain. La voir débarquer chez moi tous les jours, m'était très difficile à gérer. Le plus déconcertant, ce qu'elle ne cherchait pas à me parler à tous les coups: d'abord elle sonnait, jusqu'à ce que je lui ouvre la porte. Ensuite elle s'installait dans mon salon, pendant une heure ou deux, avant de repartir comme elle était venue.

Quand elle avait soif et ou voulait manger, elle ne me demandait pas la permission. De toute manière, je l'ignorais la plus part du temps. J'aurais pu m'arranger pour ne pas être chez moi lorsqu'elle arrivait, mais je ne l'ai pas fait.

Je voulais voir jusqu'où elle pourrait aller.

- Tu comptes faire ça pendant combien de temps? lui ai-je demandé un jour.

Cela faisait plus de deux heures qu'elle était chez moi, à passer d'une chaîne à une autre tandis que je m'efforçais de lire un livre.

- Aussi longtemps que cela sera nécessaire, m'a-t-elle répondu sans quitter l'écran des yeux.

- Tu es bien obstinée!

- Je te signale que tu l'es autant que moi: telle mère, tel fils...

Je ne savais plus quoi lui répondre: plus je voulais garder mes distances, plus elle se rapprochait! Jusqu'au jour où elle m'a annoncé qu'elle venait s'installer chez moi! Je n'en revenais pas de la trouver au pas de ma porte, avec ses valises!

- Qu'est-ce que tu fais là? lui ai-je demandé.

- Je me suis dis qu'il serait plus pratique, si je dormais ici. Comme ça, tu me verrais en plus souvent.

- Tu ne peux pas être sérieuse!

- Je le suis pourtant: je veux faire le nécessaire pour que notre relation s'améliore, y compris vivre sous le même toit que toi... Serais-tu le genre de fils à jeter ta pauvre mère dehors?

- Et ton compagnon dans tout ça?

Je venais à peine d'apprendre l'existence de Paulo.

- Il comprend que j'ai besoin de me retrouver avec toi, a-t-elle répliqué.

A court d'argument, et impressionnée par son investissement, je l'ai laissé faire. Une décision que Daniel semblait soutenir, puisque le soir même, Sun et lui sont venu nous rendre "visite".

Voir ma mère pendant quelques heures dans une journée, n'avait absolument rien à voir avec le fait de la retrouver dès le réveil. Au début de notre cohabitation, je ne voyais que tout ce que nous avions en commun. Comme le fait qu'elle se réveillait très tôt, alors que moi, je préférais prendre mon temps. Comme elle faisait un maximum de bruit, il suffisait que je l'entende pour ne plus trouver le sommeil.

Autre chose: elle n'aimait pas prendre son petit-déjeuner seule. Résultat des courses, elle venait me réveiller...

- Tu ne peux pas me laisser tranquille?

- Non: je me suis pas installée ici pour passer mes matinées toute seule en attendant que tu te réveilles!

- Dans ce cas rentre chez toi!

- Pas moyen.

Juste pour éviter de la voir entrer dans ma chambre tous les matins, j'ai commencé à faire l'effort de me lever.

Un petit rituel s'est donc mis en place: nous mangions ensemble, elle partait pour son travail et moi je me trouvais une occupation pour la journée. Puisque je ne buvais plus, je me suis rendu compte combien enseigner me manquait. Je passais mes journées à faire le tour de la ville, ou en compagnie de Riley. Durant cette période, nous nous sommes beaucoup rapprochés, elle et moi. Et ce, sans chercher à retrouver l'intimité que nous avons jadis partagé. Nous étions plus amis qu'autre chose.