De Sang

58

Amanda

- Amanda,  attends!

Et puis zut! S'il faut rencontrer un ex, autant que ça se passe quand on est au meilleur de sa forme!
Moi, j'ai le visage barbouillé de larmes et l'air misérable... Delaunay est la dernière personne à laquelle je me serais attendue de voir ici!

J'avance d'un pas pressé, mais je ne suis pas assez rapide. Il finit par me rattraper et me retient par le bras.

- Attends, répète-t-il d'une voix plus douce.

Essuyant mes larmes, je lui fais face. Il a l'air impeccable dans son costume bleu.

- Que fais-tu ici?... Est-ce que ça va? me demande-t-il en avisant mes yeux rougis.

- Tu vois bien que non, je réplique en évitant son regard.

Les personnes présentes dans le couloir nous lance des regards curieux.
Génial. Il nous manquait plus qu'un public.

- Lâche-moi,  s'il te plaît.

- Je veux juste...

- Delaunay, on nous attend.

A quelques pas se tient Will, l'un de ses conseillers. Il ne me regarde pas, tout concentré sur Delaunay.

- Ils peuvent attendre cinq minutes, répond mon ex.

- Mais...

- Cinq minutes, Will! le coupe Delaunay. Est-ce trop demandé?

Will semble contrarié, mais finit par hocher  la tête.

- Nous allons avancer... on se retrouve tout à l'heure.

Avant de partir, il me lance un regard assassin que je lui renvoie aussitôt. S'il pense que ça me plaît que Delaunay reste, il se trompe carrément!

- Tu aurais dû partir avec lui, je n'ai rien à te dire.

- Moi si.

- Dans ce cas tu vas parler tout seul.

La colère durcit ses traits, sa bouche prend un pli amer.

- Inutile d'être sur la défensive, je veux juste discuter... tu me le dois bien, dit-il.

- Je ne te dois rien du tout! Penses-tu être le seul à avoir souffert de notre rupture? Arrête d'essayer de me culpabiliser: j'ai déjà donné!

- Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont, s'il te plaît.

Delaunay m'entraîne dans sa suite. On dirait que tout ce que je viens de lui dire, est entrée d'une oreille pour ressortir aussitôt de l'autre.

- Où m'emmènes-tu?

- Dans un endroit où nous pourrons discuter tranquillement.

Voyant sa détermination, je conçois à la suivre. Plus vite je me serais débarrassée de lui, mieux je pourrais rentrer chez moi.

Nous marchons en silence quelques minutes, jusqu'à déboucher dans un couloir vitré. Et tout ce temps, Delaunay n'a pas lâché ma main.

Mais dès  qu'il s'arrête, je m'éloigne de lui.

- Que fais-tu ici? Je lui demande en croisant les bras.

La meilleure des défenses reste l'attaque. Je serai donc celle qui pose les questions.

- Depuis le début de la semaine, je fais la tournée des hôpitaux de la ville.

Pour sa campagne. Biens sûr.