De Sang

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Amanda

Mon corps change.
Ce n'est plus qu'une question de jours, avant que les plus observateurs ne devinent ma grossesse.
Je veux la garder privée.  Le plus longtemps possible. Ce qui n'est pas facile avec mes tenues de travail : les jupes crayons et les tailleurs ajustés... depuis ma rupture avec Delaunay, je ne supporte plus que les gens s'intéressent à ma vie. Les regards curieux s'accompagnent toujours de questions.  Des questions auxquelles pour rien au monde, je ne répondrai. Les gens ont la fâcheuse tendance de juger la vie des autres, comme s'ils en avaient le droit.

Le bon côté des choses, ce que j'ai de moins en moins de nausées. Même si les sautes d'humeur sont encore d'actualité, je fais des efforts. Logan est un ange en comparaison. Il est d'une patience à toute épreuve, et me couvre de petites attentions drôlement efficaces. C'est comme s'il connaissait le moindre de mes désirs, avant même que je ne les formule. J'ai même droit à des massages qui me laissent complètement détendue et de bonne humeur !

Il vit tellement bien cette grossesse, que je n'ai aucun doute quant au genre de père qu'il va être. Je l'ai déjà vu en compagnie de ses neveux : Logan adore les enfants, et ils le lui rendent bien. La dernière fois que nous avons dîné avec sa famille, il a suffi qu'il entre dans une pièce pour que tous les enfants se précipitent vers lui ! 

On aurait dit une rock star accueillie par ses groupies ! Il y avait des « oncle Logan » et des « tonton » à toutes les fins de phrases, c'était impressionnant !

J'ai vraiment de la chance de l'avoir. Et j'ai hâte que nous élevions nos enfants ensemble.

- Tout d'abord, laisse-moi te dire que la grossesse te va à merveille !

Je regarde mon ami par dessus le menu :

- Tu ne préférerais pas un magnétophone, histoire d'informer toute la salle ?

Pietro hausse les épaules d'un air désinvolte, puis prend place en face de moi.

- Moi aussi je suis heureux de te revoir, Amanda. En tout cas Logan n'a pas menti sur ta mauvaise humeur...

- Parce que vois êtes des grands amis, maintenant ?

- On discute, répond-t-il évasif.

Il fait signe à l'un des serveurs, qui se dépêche à notre table. Aussitôt, les deux hommes se mettent à parler en italien. Normal, me diriez-vous : mon ami et moi nous sommes donnés rendez-vous dans l'un des nombreux restaurants de sa mère.

La conversation ne dure que quelques minutes, mais le serveur repart dans un éclat de rire.

- Je lui ai expressément demandé de t'apporter une  double portion de tout ce que tu commanderas, explique Pietro en me servant un verre d'eau.

- Je te déteste !

- Je sais... Alors comment avance les recherches de votre nid d'amour ?

- En demi-teinte... Comme Logan a insisté pour qu'il n'y ait pas de plafond au budget, nous avons visités des nombreux appartements un peu partout en ville.

- Comment quoi, ça a du bon de s'envoyer en l'air avec un gosse de riche... en parlant de s'en voyer en l'air, vous continuer malgré tes locataires ?

Je soupire.

- Si tu n'étais pas mon ami, je t'aurais déjà envoyé mon poing dans la figure.

Pietro me regarde comme j'avais manqué l'information du siècle.