De Sang

39

Amanda

Deux secondes.
C'est le temps qu'il faut pour me décider. Je suis Delaunay hors de l'appartement et réussis à m'introduire de justesse dans l'ascenseur au moment où les portes se referment.

Mon fiancé me lance un regard contrarié, maîtrisant à peine le grondement de sa voix:

- Je pensais t'avoir dit de rester dans l'appartement, dit-il.

- C'est de mon frère dont il s'agit!

Delaunay ouvre la bouche, mais se ravise et secoue la tête. 

- Très bien... comme ça t pourras lui dire toi-même de garder ses distances. Ils doivent apprendre à te laisser tranquille une bonne fois pour toute!

Si je n'avais pas l'esprit aussi chamboulé par le fait qu'Orlando soit ici, je me serais fait une joie de lui rappeler que je suis la seule à décider.

Que fait-il ici? Pourquoi aujourd'hui?

Je dois me faire violence, afin de ne pas courir hors de l'ascenseur quand nous arrivons au rez-de-chaussée. Tout en veillant à ce que je reste derrière lui, Delaunay me prend la main lorsque nous sortons de l'immeuble.

Quelques marches nous séparent du trottoir sur lequel les gardes de Delaunay tiennent mon frère en respect. La tension est à son comble. Orlando lève la tête, puis fait mine d'avancer quand il nous voit. Bradley le bouscule sans ménagement.

- On t'a dit de ne pas faire un pas de plus! s'écrit le garde.

Orlando lui lance un regard mauvais. Ils sont cinq, il est tout seul. Or en le regardant, on a l'impression qu'il cherche la bagarre.

- Si non quoi?... Je te conseille de faire attention car la prochaine fois que tu me touche, je te referai le portrait, dit-il d'une voix basse chargée de menaces.

L'aura de danger qui l'enveloppe, est très dérangeant. Habillé tout en noir comme la dernière fois que je l'ai vu, Orlando n'a rien de commode. D'ailleurs des passants ne manquent pas de lui lancer des regards appuyés.

- Bonsoir Amanda, lance-t-il. 

Je trésaille. Je sais que ma réaction est très lâche en ce moment, mais j'aimerai me cacher dans un trou de souris. Me faire oublier...

- Je ne veux juste te parler, rajoute-t-il sans me quitter des yeux.

Delaunay resserre sa prise sur mon poignet.

- Tu me fais mal, je murmure.

- Désolé, dit-il avant de me lâcher.

Puis il  descend les marches.

- Et tâche de ne pas t'approcher cette fois, me lance mon fiancé.

Mon cœur cogne de plus en plus vite, tandis que mes mains deviennent moites. Orlando continue de me fixer, jusqu'à ce que Delaunay ne se tienne plus qu'à quelques pas de lui. Entouré de par et d'autre par ses gardes.

- T'es qui toi? lance mon frère avec arrogance.

De la provocation pure et simple.

- Je suis son fiancé, répond Delaunay d'une voix froide. Et je vous conseillerais de ne plus l'approcher. Ni elle, ni aucun membre de sa famille.

Orlando laisse échapper un ricanement.

- Et si je décidais disons... ne pas suivre ton conseil? dit-il en se rapprochant dangereusement de Delaunay.