De Sang

24

Logan

Riley me regarde un long moment, puis secoue la tête.

- Mollo , cow-boy! Ne monte pas tout de suite sur tes grands chevaux, dit-elle en posant une main apaisante sur mon bras.

- Désolé que mes mots aient été aussi durs, mais...

- Attends de connaître la suite: elle est beaucoup plus drôle! s'exclame-t-elle en ignorant mes excuses. 

- Oui, mais...

- Regarde-moi, Logan: ai-je l'air traumatisé par ce que je viens de te raconter?

Son regard bienveillant, ainsi que son sourire finissent par avoir raison de moi.

- Non, dis-je alors.

- Et veux-tu connaitre la suite de cette histoire?

- Oui.

- Très bien! Alors où est-ce que j'en étais.... ah oui! La semaine qui a suivi, je suis restée cloîtrée dans ma chambre. Je revivais encore et encore la scène, tentant de comprendre comment la situation avait-elle pu déraper à ce point. L'évidence s'est alors imposée à moi: j'aurai pu agir autrement.

- Ne dis pas ça. Tu n'étais qu'une gamine! La faute revient à ce connard qui a abusé de ta confiance.

Et qui mérite le pire traitement qu'il soit!

- Tu n'y es pas du tout. Je ne dis pas ça,  parce que je me sentais coupable. Enfin, c'était le cas au départ: je me disais que si j'avais été moins naïve, j'aurais compris les intentions de Nigel dès qu'il m'a proposé cette ballade. J'aurais décelé ce qui se tramait. Car cela se reflétait dans la manière qu'il avait de me regarder, ou encore de me parler des ébats de ses amis.
Tout a changé lorsque je me suis rendue compte que j'avais le choix. Le choix de ne pas faire de ce qui s'était passé, une fatalité. Celle de ma vie. Non: je ne le pouvais pas! Il m'a fallu du temps, mais je suis parvenue à faire de cette pensée, mon mantra: tout comme mon corps allait se remettrait d'une telle agression, mon esprit en ferait de même.

- Je comprends mieux ce que tu veux dire.

- Mes parents s'inquiétaient de me voir renfermée, mais je ne leur ai rien dit. Seule dans ma chambre, je voulais redéfinir ce que j'attendais de ma vie. Sans l'influence de personne. Je savais que je perdrais le contrôle,  si j'en parlais à mes parents.  Ils m'imposeraient à leurs actions. Et de nouveau, ma vie se retrouverait ballottée par les décisions des autres.

- Ce sont tes parents, Riley! Ils avaient l'obligation de te protéger.

Aussitôt que je prononce  ces mots, je me rends compte que je ne suis peut-être pas le mieux placé pour les dire. Il n'y a qu'à voir ma propre enfance. Heureusement que les choses se sont nettement améliorées: ce pour quoi je remercie le Ciel tous les jours!

Riley me regarde dans les yeux, d'un air farouche. Me mettant au défit de contredire ses décisions passées. 

- Tu as raison. Mais avant de leur dire la vérité, j'ai décidé de donner une bonne leçon à Nigel. Un mois après ce qu'il m'a fait, je me suis débrouillée pour lui faire parvenir un message. Dans lequel je lui disais avoir aimé ce que nous avions fait. Que je voulais recommencer.
Cet abruti est tombé dans le piège, la tête la première! Le soir même, il m'a renvoyé un message disant qu'il m'attendrait dans le parc qui jouxtait les propriétés de nos familles respectives.
Mon frère Abel, pratiquait le base-ball. Il possédait une superbe collection de battes en bois qu'il astiquait presque tous les jours, et qu'il exposait fièrement sur une étagère de sa chambre. J'en ai emprunté une ce soir-là.