De Sang

29

Amanda

Je n'aime pas la sensation d'être constamment observée. Surveillée par un homme qui ne m'adresse la parole, qu'en cas d'extrême nécessité.
On dirait qu'il ne sait rien dure d'autres que ces deux phrases:
"Oui, Madame"
"Non, Madame".

J'ai insisté pour qu'il m'appelle au moins par prénom lorsqu'il s'adresse à moi, mais Bradley ne veut rien entendre.
Avoir un garde du corps...
Je ne suis pas sûre de pouvoir arriver à m'y faire.
Delaunay a poussé son élan "protecteur", jusqu'à mettre une voiture à ma disposition. Une voiture!
Évidemment le fait que je lui ai dit que je n'en voulais pas, ne l'a pas arrêté.

Ces derniers jours, il tient de moins en moins compte de mon avis.

- Quand tu m'as imposé ton garde, tu ne m'as pas parlé de voiture! Alors je n'en veux pas, ai-je tenté d'argumenter.

- Ne rends pas les choses plus difficiles! Avoir un chauffeur à disposition, rendrait tes trajets plus faciles.

- Mais j'aime prendre les transports en commun! Quel mal y a-t-il à prendre un taxi ou le métro?!

- N'insiste pas, ma décision est déjà prise.

Qu'est-ce que je déteste lorsqu'il se montre aussi autoritaire!
J'ai eu beau rouspéter, j'ai quand même céder tout en imposant certaines limites: l'homme chargé de ma protection n'entre pas chez moi. Ni ne m'accompagne jusque dans bureau.
Donc depuis trois jours, une certaine routine s'est installée: Bradley m'appelle le matin pour me signaler qu'il est en bas, me conduit à mon travail, puis vient me chercher le soir.

Je me crois presque revenue à la maternelle, quand ma mère m'emmenait tous les matins à l'école, et venait me chercher le soir. Là ma mère me bombardier de questions pour savoir ce que j'avais appris de nouveau, Bradley lui reste muette comme une tombe.

La part sarcastique de ma personne, se demande si ce garde assigné à ma "protection", ne fait pas rapport du moindre de mes déplacements à Delaunay.
En conclusion, je ne supporte pas cette position qu'est ma mienne.

*

Aujourd'hui, j'ai décidé de me rendre directement chez Isa après ma journée de travail, pour rencontrer Lara. Il faut que nous parlions.
Je n'aime pas l'idée qu'elle me cacherait des choses. Certes je ne lui ai pas plus raconté toute ma vie, mais je tiens à ce que notre relation ait des bases solides. De la confiance, et un respect mutuel encore plus grand.

J'en ai ma claque des mensonges et des non-dits. Car je sais désormais d'expérience, ils sont souvent sources de gros problèmes. Je ne cherche pas la perfection dans mes relations avec les autres. La sécurité me suffit, et je n'ai pas honte de l'avouer.

J'espère juste que Isa et Lara seront bien chez elles, ce soir.

- Attendez-moi ici, je dis à Bradley lorsqu'il réussit à trouver une place ou se garer.

Voilà une autre chose qui m'horripile avec son arrivée dans mon existence: le temps que nous perdons à trouver des places où se garer. Avant que Bradley ne débarque, je n'avais pas à me soucier de toutes ces choses. Les taxis se contentaient de me déposer où je me rendais, et le tour était joué!
Maintenant mes yeux sont des radars à place de parking...