Je saluai les parents de Kensei, affairés à servir les clients du restaurant familial. Il serait temps de leur offrir plus tard l'assortiment de produits locaux que je leur avais ramenés. Nous nous engouffrâmes dans l'étroit couloir menant à la chambre et nous y enfermâmes. Pour une fois, elle était rangée.
Kensei me fit asseoir sur le futon et se tourna vers son bureau. Il tira un tiroir et en sortit un objet.
— Joyeux anniversaire ! ronronna-t-il en tendant à deux mains un écrin de velours bleu. Ouvre-le maintenant, s'il te plaît.
Prise d'euphorie, quelque chose monta dans ma gorge et me fit étirer les lèvres en un immense sourire. Je contemplai Kensei : la tête baissée, il n'avait pas bronché. Impatiente, je saisis délicatement l'écrin et l'ouvris. A l'intérieur, il y avait une fine chaîne en argent, à laquelle était suspendu un pendentif en forme de lune. Un modèle simple de croissant mais au dessin raffiné et surmonté de petits quartz et de pierres de lune taillées en bordure.
Il ne pouvait exister de cadeau plus parfait. Ma mâchoire devait pendre jusque terre et pour ne rien arranger, Kensei souriait en coin de façon craquante.
— Merci, soufflai-je. Tu as fait fort et tu as mis la barre très haute pour ton propre anniversaire.
Il se courba et embrassa mon front, avant de s'ébrouer d'embarras.
— T'as beaucoup de temps devant toi. Je suis désolé que ce ne soit pas en diamant ou en platine.
— Ne dis pas n'importe quoi ! Tu ne pouvais pas mieux faire que de m'offrir ce bijou.
L'air satisfait, Kensei s'assit à côté de moi et m'attacha l'incroyable pendentif.
— J'espère qu'il ne quittera pas ton cou... Il a une signification pour nous, pas vrai ?
J'acquiesçai lentement :
— Promis. Tsukimi... Personne n'aurait pu deviner que nous serions ensemble aujourd'hui.
— Ce n'était pas devinable à l'époque, releva-t-il.
Je tournai le pendentif dans mes mains. Kensei croisa les bras derrière sa tête et appuya son dos contre le mur.
— Je ne peux toujours pas croire que t'aies accepté d'être ma copine.
— Qu'est-ce qui te fait autant douter ?
Il grimaça, soucieux.
— T'es une fille trop bien pour moi.
— Je ne crois pas.
— T'en sais rien, rétorqua-t-il gentiment. Je ne sais pas ce qui m'a pris, cette nuit de Tsukimi. Il se ressaisit aussitôt, sans me regarder : Je regrette pas, hein ! C'est juste que...
Il se tu.
— Que quoi ? le poussai-je, le cœur battant.
— C'est juste que tout à coup, c'était une décision urgente à prendre. J'ai compris que je ne voulais pas te partager. Alors j'ai pris les devants avant que tu ne te fasses embobiner par un autre type.
— Un sentiment d'urgence, répétai-je, abasourdie.
— Ouais ! Ça s'est emparé de moi, comme ça ! fit Kensei en claquant des doigts. Par miracle, ça a fonctionné.
— Pas par miracle.
Il secoua le menton :
— T'aurais pu me repousser.
— Tu avais très envie de m'embrasser.
— Ce n'est pas...
— Moi aussi d'ailleurs.
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Octopus - Tome 2 : La Pieuvre a huit bras
General FictionDans ce deuxième tome, les liens entre les nintaïens et Lucie se fortifient, ce qui suscite l'inquiétude de certains. Alors que sa vision du Japon change progressivement, les rivalités au sein de l'établissement Nintaï s'intensifient. Lucie est écar...