Louise ne cesse de faire le même cauchemar depuis plus d'un an, revoyant la même voiture accidentée, entendant les mêmes cris et sentant la même panique la gagner. Elle pense pouvoir s'accepter comme elle est : brisée. À la fac, elle fait la rencont...
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Lorsque Louise a accepté de passer sa soirée avec moi, j'y ai vu l'occasion parfaite pour réparer mon erreur, tenir ma promesse et en savoir plus sur elle. Et puis, je veux qu'elle aille mieux. Peut-être que ça m'aidera pour enfin aller de l'avant.
Le soir de l'accident, j'ai tout remis en perspective : mes études, mon histoire bancale avec Hanna, ma vie de débauche, mon futur. Presque tout, parce que mon avenir est déjà tout tracé à cause de mon père.
Lorsque je regarde Louise, assise à mes côtés et vêtue d'une robe rouge qui me donne envie de poser la main sur ses genoux, je suis apeuré à l'idée qu'elle me reconnaisse.
Je pensais sincèrement qu'elle se souviendrait du garçon qui lui a tenu la main pendant qu'elle luttait pour survivre, mais force est de constater que non. Je ne sais pas si je dois être soulagé ou peiné. Si elle se rappelait de moi, elle saurait que je suis en partie responsable de l'accident et je n'aurais pas eu l'occasion de l'approcher. C'est mieux qu'elle m'ait oublié parce que je suis bien décidé à me rattraper.
Hanna et Elsa ne comprennent pas que je veuille m'approcher de la fille dont j'ai involontairement détruit la vie. Elles trouvent ma démarche malsaine. Ma sœur croit que je me prends pour le sauveur de Louise. Ce n'est pas faux, mais quelque chose m'attire chez elle, bien plus que son physique et que notre passé commun. J'ai envie de la connaître, j'ai des tas de questions à lui poser. Idiotes, en plus. Sauf que maintenant qu'elle a parlé de mes parents, l'ambiance s'est refroidie.
Lorsqu'elle a évoqué mon père, j'ai cru qu'elle se souvenait de tout et qu'elle m'avait tendu un piège en acceptant cette soirée pour voir jusqu'où j'étais prêt à aller pour me faire pardonner. Je suis prêt à tout, soit dit en passant. Mais ce n'est pas le cas, et ça m'a rassuré parce qu'elle ne sait rien de mon père et moi. Excepté qu'ensuite, elle a parlé de ma mère biologique. Comme si je me souvenais d'une femme qui est morte alors que je n'étais qu'un bébé.
Parler d'elle m'a toujours énervé parce que je ne sais rien de cette femme, ni de sa vie, ni de sa mort. J'aurais aimé, mais mon père me dit « oublie et passe à autre chose, Amélie t'aime de tout son cœur ». J'adore ma mère adoptive, mais parfois je voudrais en savoir plus sur ma mère biologique. Emma. Je n'ai qu'une photo d'elle où elle doit avoir le même âge que moi. Et je sais qu'elle aimait dessiner. Mais ce n'est pas assez. Ma vie a toujours été nulle à cause de mon père.
— Tu m'emmènes où ?
La voix douce de Louise me fait sortir de mes pensées sombres, et lorsque je croise son regard, mon sang se glace. Cette façon qu'elle a de m'observer me ramène un an et demi en arrière, ça me pétrifie. Ne me reconnaît-elle vraiment pas ?
— C'est une surprise, réponds-je en me forçant à sourire. Tu verras, ça va te plaire.
— Si Hanna aime cet endroit, je ne pense pas que je l'aimerai. C'est nul d'emmener une fille là où t'emmenais ton ex.
