Chapitre 26

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Ma soirée du vendredi en compagnie Julian était parfaite, mais ce que sa mère m'a confié hier au petit-déjeuner ne cesse de me tourmenter

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Ma soirée du vendredi en compagnie Julian était parfaite, mais ce que sa mère m'a confié hier au petit-déjeuner ne cesse de me tourmenter. Julian n'a plus rien à voir avec celui qu'il était autrefois, mais j'hésite à en parler avec le principal concerné. Lui demander de me parler de son passé ne serait pas juste de ma part, moi qui veux tant lui cacher le mien.

Lorsque je serai prête, si jamais notre relation évolue, je lui dirai tout en espérant qu'il ne s'enfuira pas en découvrant la véritable Louise. Celle qui a passé trois semaines dans le coma, qui a une tige en métal dans le tibia et qui a dû réapprendre à marcher et voir une psy pour essayer de s'en sortir. La Louise qui est morte au même temps que Salomé. Du moins, c'est ce que je croyais jusqu'à ce que je rencontre Julian.

Julian ne me fait pas revivre, il me fait vivre. Il crée une nouvelle moi qu'il construit au fur et à mesure, cellule par cellule, vaisseau par vaisseau. Il n'y a plus qu'à espérer que cette nouvelle moi sois plus forte que l'ancienne.

—  T'es vraiment certaine de vouloir m'inviter vendredi ? me demande Daphné pour la centième fois de la matinée lorsque nous sortons de la cafétéria. Et s'ils ne m'aiment pas ?

—  T'es une fille géniale, ils ne peuvent que t'adorer.

Vendredi soir, je revois la bande. Zachary a tout organisé, il pense que ça recollera les morceaux entre Lena et moi. Comme il y tient, je n'ai pas eu à cœur de lui refuser la soirée. Je me suis dit qu'inviter Daphné serait une bonne idée. Sociable comme elle est, il lui sera assez facile de se lier d'amitié avec eux.

—  T'as un ami célibataire ?

—  Mon cousin est le seul garçon, et il est en couple avec Lena. Désolée...

Elle hausse les épaules, avant de se mettre à la recherche de quelque chose dans ses poches.

—  Merde ! J'ai oublié mon portable à la cafét. Je reviens !

Et elle détale, me laissant seule.

Lorsque j'entre aux toilettes, ma respiration se bloque en apercevant cette crinière rousse que je ne connais que trop bien. Hanna se tient devant le miroir, retouchant son maquillage déjà parfait. Lorsque son regard croise le mien, elle sourit.

Elle sourit ? À moi ? Quelque chose ne va pas.

Hanna range son rouge à lèvres dans son sac en pinçant les lèvres, puis elle s'approche de moi. Je reste sur mes gardes. Avec elle, je m'attends à tout.

—  Comment vas-tu, Louise ?

Pour une italienne, elle parle correctement le français malgré son accent. Ça m'énerve de la voir maîtriser deux langues à la perfection et être aussi belle.

—  Qu'est-ce que tu veux, Hanna ? Me menacer parce que je sors avec Julian ?

—  Tu sors avec Julian ? s'étonne-t-elle en fronçant les sourcils. Il ne m'a rien dit...

—  Pourquoi le ferait-il ? T'es son ex.

—  Je suis sa meilleure amie.

Elle semble y attacher une grande importance et j'ai bien envie de lui rire au nez. Elle a couché avec, je ne pense pas que les meilleurs amis font ça entre eux.

—  Tu ne devrais pas sortir avec lui, Louise. Conseil d'amie.

—  Nous ne sommes pas amies. Et tu n'as pas à me dire qui je dois fréquenter. Ni même à Julian. Je crois qu'il en a assez que son père décide tout pour lui alors tu devrais le lâcher. Capito ?

Hanna hausse les épaules tout en replaçant une mèche de ses cheveux flamboyants derrière son oreille. Tout chez elle m'horripile.

—  Louise, je sais que mes... réactions t'ont parue démesurées. Et je comprends que tu puisses penser que j'ai une dent contre toi, la nouvelle copine de mon ex, mais ce n'est pas le cas. Julian et moi sommes avant tout amis. Je me fiche bien d'avec qui il sort, je veux que tu rompes pour toi. Il te cache des choses. J'essaie de te protéger en t'éloignant de lui.

L'entendre me dire ça me rassure autant que ça m'énerve. Ils sont « amis », mais pourquoi se croit-elle en mesure de me dire de ne pas sortir avec lui ? Surtout lorsque l'on sait que je lui cache des choses aussi.

—  Je sais pour son passé en France, déclaré-je en croisant les bras. Pour ses problèmes de comportement, ou peu importe comment vous appelez ça. C'était avant, je ne vais pas lui en vouloir pour des choses du passé.

—  Je ne parle pas de ça, mais je suis ravie que tu le saches et que ça ne te fasse pas fuir. Je te parle d'un secret plus profond, d'un secret qui pourrait te blesser.

—  S'il peut me blesser, je préfère ne rien savoir.

Elle me juge avec son regard. J'aimerais la croire lorsqu'elle dit n'avoir rien contre moi, mais vu sa façon de me regarder, j'ai des doutes.

—  Crois-moi, Louise, il vaut mieux pour toi que tu n'en saches rien. Ça te brisera le cœur. Mais tôt ou tard, tu le sauras. Et tu détesteras Julian.

—  Pourquoi ?

—  On ne connaît jamais vraiment les gens.

Qu'est-ce qu'elle essaie de me dire ? Je ne connais pas vraiment Julian mais c'est normal, on ne se connaît que depuis un mois.

—  Sois attentive, Louise. Ne passe pas à côté des éléments qui sont sous ton nez. Transforme-toi en détective et tu en apprendras bien plus sur Julian que ce qu'il veut bien te dire.

—  Je croyais que c'était ton ami. Pourquoi ai-je l'impression que tu veux le blesser ?

—  Je ne blesserai jamais Julian, réplique-t-elle d'un ton bourru. Ni Alban. Je tiens à eux. Je veux juste éviter que Julian ne te blesse toi. Je te mets en garde.

—  C'est gentil de t'inquiéter, mais je vais m'en sortir. Je tiens aussi à Julian, et le jour où il voudra me faire part de ses secrets, je l'écouterai et je serai là pour lui.

Je quitte les toilettes, suivie d'Hanna qui s'éloigne en me saluant, mais je l'ignore royalement. Je ne sais plus quoi penser d'elle.

—  Trouvé !

Daphné arrive, brandissant son portable comme Rafiki avec Simba dans Le Roi Lion.

—  Il n'avait pas bougé de la table, une chance !

En nous rendant en cours, je décide de garder pour moi l'échange avec Hanna. Ça risque d'inquiéter Daphné pour rien.

—  Salut !

Je sursaute en entendant Julian s'installer à mes côtés dans l'amphi. Il ne m'embrasse pas, mais ça me va. J'ignore ce que nous sommes censés faire devant les autres. Être loin de lui le temps d'un après-midi ne m'aura aidé à rien, j'ai encore plus pensé à lui.

—  T'es toujours partant pour vendredi soir ? Daphné vient.

—  Bien sûr que je viens, je ne raterai pas une occasion de me montrer à ton bras, répond-il d'une voix suave.

Il penche sa tête, son nez contre le mien, et je souris.

—  Je préférais quand vous n'étiez pas un couple. Ça pue l'amour à plein nez, c'est horripilant !

Voir Daphné feignant l'agacement nous amuse, mais d'un regard, Julian et moi convenons de ne rien ajouter. Il ne faudrait pas l'énerver pour de vrai. Et puis, je crois qu'il est tout aussi troublé que moi d'entendre que nous sommes un couple. Je préfère voir où cette histoire nous mène avant de parler de « couple », parce que j'ignore si je suis prête à partager les sentiments que je commence à éprouver pour Julian. 

Sous Les ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant